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Luttez contre la baisse de libido !

  • En avril dernier, 44 % des Français affirment ne pas avoir eu de rapports sexuels contre 26 % avant le confinement.En avril dernier, 44 % des Français affirment ne pas avoir eu de rapports sexuels contre 26 % avant le confinement.
Article paru dans le journal nº 85

La baisse de l’attirance pour son ou sa partenaire reste tabou. C’est pourtant un problème fréquemment rencontré. Pourquoi assimiler la baisse de désir à la baisse de l’amour ? Notre société relaie et encense la sexualité, il faut faire l’amour souvent, les hommes doivent assurer un maximum… Des modèles écrasants !

C’ est bien surprenant de voir combien la ­libido n’est réduite qu’à son interprétation sexuelle. La libido va bien au-delà du désir d’obtenir du plaisir sexuel. Elle ­s’exprime dans d’autres domaines de notre vie et progresse à mesure que l’on transite par les différentes étapes de notre développement psychosexuel. L’approche multiple du Pr Patrice Lopès, ancien chef du service de gynécologie au CHU de Nantes et directeur de l’enseignement de la sexologie des CHU de l’Ouest suscite l’intérêt. L’approche médicale permet d’examiner certaines structures du cerveau, comme l’hypothalamus et le thalamus impliqués dans le désir grâce à des études menées à l’aide de l’imagerie par résonance magnétique (IRM). « On peut rencontrer des troubles du désir d’origine centrale, mais aussi des perturbations d’origine hormonale », précise le Pr Lopès. Chez l’homme, on peut constater un taux anormalement bas de testostérones ou trop élevé de prolactine (qui peut abaisser la sécrétion de testostérone). Une baisse de testostérone cause des problèmes d’érection, une baisse du désir sexuel et peut même mener à une atrophie testiculaire. Chez la femme, un déficit en oestrogènes peut entraîner une baisse de la libido. « On pense que les hormones androgènes, les hormones mâles, jouent également un rôle, avec une légère hausse de la concentration en testostérones qui expliquerait le désir plus important en ­période préovulatoire, et inversement, une baisse qui serait à l’origine d’une diminution de la libido après ablation des ovaires. » Il est assez fréquent que la période de la ménopause, synonyme de chamboulements hormonaux en cascade et de prise de poids qui écorne l’image de soi, soit accompagnée d’une libido en berne. Il semblerait que la méthode contraceptive choisie soit aussi une question fondamentale. Comme le rappelle le Dr Sarah E. Hill, 20 à 40 % des femmes déclareraient une baisse de leur libido sous pilule progestative ou oestroprogestative (qui lisse la production hormonale), la prise d’un contraceptif oral pouvant même avoir un impact, d’après cette spécialiste, sur la désirabilité ou le choix du partenaire. À ce panorama de facteurs déterminants, s’ajoutent les rapports douloureux qui vont naturellement faire baisser le désir.

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À chacun son histoire personnelle

Bien d’autres recoins doivent être explorés pour toucher du doigt l’histoire personnelle du patient. Des expériences traumatisantes (abus sexuels), l’éducation qui véhicule tabous et fausses informations, l’enseignement religieux et sa vision souvent bridée de la sexualité, les habitudes sexuelles conflictuelles, l’imaginaire érotique pauvre ou culpabilisant, les fantasmes, l’aversion pour certaines pratiques, les troubles de l’identité, une santé mentale instable peuvent aussi être en cause. La vie étant jalonnée d’épisodes difficiles et douloureux (deuil, maladie), ces derniers impactent le désir.

Sexe et confinement : bon ménage ?

En avril dernier, 44 % des Français affirment ne pas avoir eu de rapports sexuels contre 26 % avant le confinement. Ce phénomène est évidemment plus accentué chez les célibataires : 87 % contre 56 % selon les statistiques de l’Ifop du 5 mai. Environnement clôt, monotonie du quotidien et nouvelles angoissantes ont sabré la liberté et la spontanéité ! La libido comme pulsion de vie qui se nourrit d’une vie équilibrée entre vie sociale (amis, travail) et vie privée, emplie du plaisir de rentrer à la maison et de retrouver son ou sa compagne ? Envolée !

Le porno mis en cause

Sa consommation excessive serait nuisible à la libido et à l’érection. Une étude publiée en 2017 par l’American Urological Association met en évidence des dysfonctionnements inquiétants. S’adonner à une consommation excessive et quotidienne d’images de performances irréalistes ou violentes aurait des effets dévastateurs tels que l’incapacité à ressentir suffisamment d’excitation dans la vie réelle. L’excès de porno rendrait-il le sexe de la vraie vie ennuyeux ? Le porno dépendance n’a rien à envier au panel d’addictions comportementales.

Pression sociale et performance

Si les hommes sont nettement plus réservés sur leur baisse de libido, ils sont tout autant affectés. La pression sociale exercée sur la performance en général n’épargne pas le volet sexuel en particulier. Peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas faire jouir sa ou son partenaire, les hommes sont particulièrement touchés par les éventuelles remarques sur leurs aptitudes sexuelles et ont un mal fou à accepter la « panne » et la baisse de désir. On leur a tellement rabâché qu’un « vrai » homme doit « assurer au lit ». Chômage, tensions au travail, journées harassantes, manque de repos, charge mentale, difficultés relationnelles au travail, en famille, avec les amis, maladie, maternité… autant de paramètres qui peuvent avoir une influence délétère sur la libido. Une étude publiée par la BBC en 2017 met en avant une baisse de 15 % des rapports sexuels entre la fin des années 1990 et la fin des années 2010.

Les religions ont modelé nos sociétés et laissent encore aujourd’hui leurs empreintes sur les représentations sexuelles. Une éducation sexuelle culpabilisante qui n’a finalement guère perdu de sa ferveur au cours des siècles. Le dogme judéo-chrétien parle de la libido au sens de désir sexuel comme d’une pulsion irrésistible, prenant possession du corps et de la volonté ; l’homme pouvant décider de résister à ses pulsions et au désir sexuel en pratiquant l’abstinence.

Mais n’existe-t-il pas plusieurs niveaux de lecture ? La sexologue Nadia El Bouga, femme musulmane voilée et féministe en est une intéressante illustration. Elle dénonce une lecture misogyne du Coran faite par certains exégètes pour défendre un islam qui parle de désir et de plaisir. Elle exprime combien les quatorze siècles d’interprétations coraniques faites par des hommes ont bridé et contrôlé la sexualité des hommes et des femmes (plus sévèrement pour ces dernières). Les textes parlent pourtant d’une sexualité saine et épanouissante. Le désir et le plaisir sont reconnus par l’islam dès le XIVe siècle et au XVIe siècle la littérature parle de la sexualité.

Nous avons évoqué qu’un désir sexuel hypoactif n’est pas une histoire de genre, mais serait-il en lien avec l’avancée en âge ? La chute des hormones (ménopause et andropause) influe effectivement sur les érections péniennes et clitoridiennes, sur le degré de lubrification et le temps de pause nécessaire entre deux rapports. Mais rassurez-vous, l’âge mûr peut tout à fait rimer avec un désir sexuel prononcé. Une étude publiée par l’Observatoire des seniors en 2019 tord le cou aux croyances infondées : « 45,6 % des hommes et des femmes de plus de 50 ans sont pleinement satisfaits de leurs relations sexuelles. Et 64,8 % affirment que le corps vieillissant de leur conjoint n’a pas influé sur leurs désirs et 13 % trouvent même que leur libido augmente avec l’âge. »

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Balayer les idées reçues et les non-dits

Ériger la performance sexuelle en totem ! Dans quelle société vivons-nous ? Si la sexualité est importante, elle n’est pourtant pas la priorité de tous. Il est frappant de constater que nombre de femmes consentent à des relations par sens du… devoir et que bien des hommes sont véritablement angoissés à l’idée de ne pas avoir envie de leur compagne. Les idées reçues sur la libido ne devraient-elles pas être abordées auprès des jeunes, leur expliquant clairement qu’il n’y a pas de sexualité performante ou normée ni de fréquence optimum des relations sexuelles ?

Une fois écartées les problématiques médicales et sociétales, il est impératif de communiquer avec le (la) partenaire afin de balayer les non-dits, de dépasser les conflits larvés et de réfléchir aux solutions possibles. Se rapprocher en couple d’un sexologue et (ou) d’une psychologue est une solution à ne pas écarter afin de ne pas ruminer. Les questions ayant trait à l’intimité peuvent être perçues comme très gênantes. Pour pallier ce problème, des questionnaires confidentiels d’évaluation de la sexualité à remplir par écrit rendent cette tâche moins délicate. Les remplir en toute franchise est une aide précieuse pour le sexologue afin qu’il puisse établir un diagnostic précis. Si la personne touchée par la baisse de libido a un (une) partenaire fixe, il est important qu’il (elle) participe à la consultation, afin d’apprécier le contexte global et relationnel du couple. Le médecin est censé fournir des informations et des conseils sexuels. La personne qui consulte pourra ainsi apprendre à se familiariser avec le fonctionnement de son corps, avec les mécanismes de l’excitation, mais aussi à faire le point sur ses croyances, ses peurs ou ses attitudes négatives face à sa sexualité.

Trouver les petites clefs érotiques qui fonctionnent avec le (la) partenaire. Pour cela, sonder les envies, les désirs que souhaite l’autre. Qu’est-ce qui me fait du bien ? Prendre le temps de se poser et de discuter de ce qu’on aime, sans tabou. Inventer de nouveaux préliminaires, partager des massages doux à l’huile essentielle d’ylang-ylang (diluée dans de l’huile végétale) et pourquoi pas déguster une infusion d’épices (cannelle, gingembre, badiane, cardamome et cynorrhodon).

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Des plantes aux vertus érotiques

Si mère Nature n’est pas un sex-shop, il faut reconnaître que les plantes ont des vertus en la matière. En voici quelques-unes… Mais à chaque personne son remède ­approprié, l’élixir universel est une vaste fumisterie. Citons la lecture de L’Herbier érotique de Bernard Bertrand, aux éditions Plume de carotte, petit bijou d’ethnobotanique, répertoriant quelque 120 plantes et autre épices amoureuses, fertilisantes, aphrodisiaques avérées ou légendaires.

L’igname sauvage utilisée au Mexique, en Amérique centrale et en Chine s’est ­révélée très intéressante dans les années 1940 lorsque des chercheurs découvrent que ses composés peuvent assez facilement être transformés en DHEA, en progestérone et en oestrogène. Cette découverte a insufflé la fabrication industrielle de la pilule contraceptive. Pour alimenter la sexualité, ail, artichaut, fenouil, gingembre, cannelle, roquette, grenade, figue présentent de réelles vertus.

Ginseng, schizandra pour se réchauffer

Les médecines traditionnelles déploient un large panel de propositions : le ginseng rouge et l’angélique chinoise, plantes très toniques et décontractantes, contribuent à rééquilibrer le système nerveux. La schizandra, utilisée en médecine traditionnelle chinoise, est une baie qui stimule et exacerbe les sensations des cinq sens, optimisant sensualité, désir et plaisir. Sans oublier le gingembre, grand tonique général qui réchauffe le corps, renforce les défenses naturelles et réveille la vitalité. La racine de shatavari hydrate les muqueuses, facilitant les rapports sexuels, l’assèchement vaginal étant une des raisons qui freine la sexualité des femmes. L’ashwagandha est une plante adaptogène aux effets multiples. Sa racine est réputée pour ses vertus aphrodisiaques. Pour obtenir l’érection et une réponse efficace aux sollicitations, l’ayurvéda recommande une plante : le tribulus terrestris aux nombreuses propriétés médicinales, notamment la stimulation de la libido par augmentation de la production de testostérone.

En conclusion, méfiez-vous des ­cocktails prodigieux. Rien ne remplace les conseils avisés et sur-mesure.

En savoir plus

• Enquête sur la sexualité en France, collection Coéditions, 2008.

• La sexualité dévoilée, Nadia El Bouga, éd. Grasset, 2017.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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