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"L’individu n’habite plus son ventre, il respire dans sa poitrine", Daniel Kieffer

  • Daniel Kieffer, nathuropathe et fondateur du Cenatho. Daniel Kieffer, nathuropathe et fondateur du Cenatho.
Article paru dans le journal nº 74

Naturopathe et fondateur du Collège européen naturopathie traditionnelle holistique (Cenatho), Daniel Kieffer consacre son nouveau livre à la respiration. L’encyclopédie de 768 pages ne lésine pas sur les conseils et les exercices pratiques. Le praticien de renom démontre que si la santé dépend de la qualité du souffle, on respire surtout comme on pense. Alors autant s’appliquer.

Alternative Santé. Le rythme ­physiologique de la respiration évolue depuis plusieurs centaines d’années : au XIXe siècle, la norme était entre 12 et 16 fois par minute, aujourd’hui c’est plutôt entre 14 et 18. La manière dont on respire serait-elle moins une question biologique qu’une affaire culturelle ?

Daniel Kieffer. C’est le résultat d’une adaptation nécessaire vis-à-vis du stress. C’est quelque chose que l’on pourrait corréler avec l’augmentation de la température corporelle, qui a évolué elle aussi en cinquante ans. Initialement à 37 °C, elle est aujourd’hui à 37,5 °C, voire 37,6 °C chez certaines personnes. Cela suppose une forme d’inflammation chronique, également corrélée avec le stress et avec notre mode de vie qui sont rythmés par la vitesse, la performance et la compétition. Presque toute la population occidentale est touchée et si cela démontre la capacité prodigieuse du corps à s’adapter, on y perd de la qualité d’être.

Vous dites qu’en constatant ces hausses, on les banalise. Les médecins banalisent-ils les facteurs croissants liés au stress ?

Oui et cela renvoie à la façon dont on établit les normes en physiologie et en médecine. Celles-ci sont toujours faites sur la moyenne des gens censés être en bonne santé. Mais comme cette moyenne évolue de manière péjorative, on ne s’inquiète pas de cette modification. Un autre exemple : en quarante ans, les taux de cholestérol ont augmenté, mais on établit les statistiques à partir d’une population concernée par la malbouffe. Alors on ne peut pas banaliser l’augmentation des lipides dans le sang de la même manière que l’accélération du souffle. Il n’empêche que pour un kiné qui apprend le métier, 14 à 18 respirations par minute, c’est devenu la norme.

Avec l’âge, la respiration passe de ventrale à thoracique, ce qui n’a pas seulement des conséquences sur le stress. Cela entraîne, dites-vous, l’enfermement dans un « Moi, je » qui lutte, une polarisation mentale fondée sur l’ego. Pouvez-vous nous expliquer ?

Tous les enfants ont une ­respiration ventrale. On l’observe aussi chez les grands mammifères au repos. On l’associe au calme, à la sérénité et au système parasympathique, la branche du système nerveux impliquée dans le sommeil et la récupération. À l’inverse, quand on respire haut, on passe sur le mode de la fuite ou de la défense. Quand on court, la ­respiration se déplace dans la zone pulmonaire pour amplifier ­l’apport d’oxygène. Le stress fait pareil. Une personne en situation de contrainte va spontanément ­respirer plus haut, voire faire des apnées. Pour des raisons culturelles, le ventre c’est le monde de l’impur, de l’enfance, de l’interdit. L’individu n’habite plus son ventre, il respire dans sa poitrine, vit dans ses émotions et dans sa représentativité sociale. C’est la victoire toute puissante de l’ego.

En yoga, on apprend que l’expiration est le souffle le plus important et que l’inspire doit suivre naturellement, comme un léger rebond. Or j’ai l’impression qu’on fait l’inverse, en prenant d’abord de grandes inspirations…

Et c’est une erreur. L’inspiration, que l’on privilégie de façon quasi réflexe ou culturelle, fait référence à une notion de peur.

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