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Le nerf vague : un allié à maîtriser
Véritable révolution pour les uns, outil d’aide ponctuelle pour les autres, la théorie polyvagale intègre les cabinets d’ostéopathie et fait naître des vocations de coachs de vie. S’appuyant sur les travaux du neuropsychiatre américain Stephen W. Porges, les méthodes d’activation et de régulation du nerf vague peuvent influer positivement sur notre équilibre intérieur.
"Le nerf vague est déterminant dès la naissance car il définit notre capacité à nous sentir en sécurité ou non ", nous expliquait dans un précédent numéro Ludovic Leroux, ancien rugbyman de haut niveau, aujourd’hui coach de vie et auteur1. Adepte de la théorie polyvagale, il dit être passé de l’état de survie à celui de vie grâce à cette approche : " J’ai vécu pendant quarante ans imprégné d’un fort sentiment de timidité et d’anxiété, sans réellement savoir pourquoi. Pendant très longtemps, j’ai cherché des solutions. " D’abord à travers la préparation mentale dans le sport qu’il a pratiqué à haut niveau, puis à travers les neurosciences et la neurobiologie. " J’ai pris conscience que je vivais en permanence en insécurité, un peu comme s’il y avait une alarme en moi, m’intimant continuellement d’aller me cacher ", confie-t-il. C’est finalement en empruntant la voie de la théorie polyvagale qu’il est parvenu à sortir de son état.
La théorie polyvagale
Développée par le neuropsychiatre Stephen W. Porges, cette théorie repose sur le lien entre l’état de notre système nerveux autonome et nos différents comportements sociaux. Pour l’ostéopathe François Bonnal : " Elle nous offre des pistes infinies de guérison sur divers plans, en nous apprenant notamment à développer des états de sécurité pour mieux nous relier à nous-mêmes et aux autres. Nous avons tendance à être trop intrusifs et parfois dans le jugement dans nos interactions. En œuvrant au bon fonctionnement de ce parasympathique, nous serons davantage dans la rencontre, sans projeter quelque chose sur l’interlocuteur. C’est la clé de tout. "
L’ensemble de cette théorie s’appuie sur les multiples rôles du nerf vague. Comme le rappelle le Dr Navaz Habib dans son ouvrage2, le nerf vague prend naissance dans le tronc cérébral, élément du système nerveux qui détecte, traite et régule la grande majorité des fonctions automatiques de notre organisme. Il s’agit du seul nerf à desservir autant d’organes. Il nous permet d’avaler. Il régit les voies respiratoires et les cordes vocales. Il contrôle la respiration et la fréquence cardiaque. Il maintient une pression artérielle optimale. Il contrôle les nombreuses fonctions hépatiques. Il gère les sensations de faim et de satiété. Il gère les taux de sucre et d’insuline dans le sang. Il régit l’activité motrice du tube digestif et du système immunitaire… La liste est longue.
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Des fonctions autonomes
Pour réaliser ces fonctions, nous n’avons pas besoin d’y penser de manière consciente. Appelées " autonomes ", elles sont régulées par notre système nerveux autonome, qui régit les fonctions involontaires du corps. " Il existe deux branches dans notre système nerveux autonome : la branche sympathique qui joue un rôle d’accélérateur de notre organisme et la branche parasympathique qui, au contraire, conserve et restaure. Le nerf vague, chef d’orchestre du parasympathique, assure la communication entre notre cerveau et notre corps, précise Ludovic Leroux. Porges a mis en évidence le fait que dans la branche parasympathique du système nerveux autonome, le nerf vague est composé du nerf vagal dorsal et du vagal ventral avec différentes manières de répondre à l’insécurité. Le vagal dorsal me fige et m’inhibe pour ne pas prendre trop de risques et rester au chaud dans ma grotte ; le vagal ventral m’indique que je suis en sécurité et que je peux créer la vie de mes rêves en lien avec les autres, le monde et moi-même. C’est bien sûr cette partie que l’on amène les gens à entraîner, pour pouvoir développer leur sentiment de sécurité et être à la hauteur de leurs peurs et de leur insécurité. "
Au vagal dorsal et ventral, la théorie polyvagale ajoute " deux états " : le sympathique fuyant qui me protège de mes souffrances en me racontant des histoires pour m’évader, me distraire de ce qui est douloureux ; le sympathique agressif qui me protège par la force, l’énergie pour ne pas me laisser faire, ni me faire avoir.
Contrôle de l’inflammation
Le Dr Navaz Habib attire l’attention sur le fait que le nerf vague constitue le principal système de contrôle de l’inflammation de notre organisme. De hauts niveaux d’inflammation encouragent ou entretiennent nombre de pathologies comme la maladie d’Alzheimer, l’arthrose et la polyarthrite rhumatoïde, l’asthme, le cancer, la maladie de Crohn, le diabète, certaines maladies cardiaques et cardiovasculaires, l’hypertension artérielle, un taux de cholestérol élevé, le syndrome de tachycardie orthostatique posturale (Stop), la colite ulcéreuse, etc. La plupart des organes affectés dans les pathologies citées sont innervés par le nerf vague. D’où l’intérêt de veiller à son bon fonctionnement.
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La recette miracle ?
Si la théorie polyvagale a changé en profondeur la vie de Ludovic Leroux, de François Bonnal ou celle du Dr Navaz Habib, elle n’est toutefois pas la solution à tout. Le nerf vague est effectivement concerné ou affaibli dans la plupart des pathologies, mais n’en est pas toujours la cause. Parfois, son dysfonctionnement est une conséquence. " La théorie polyvagale permet de comprendre des choses mais n’est pas une recette miracle, tempère de son côté l’ostéopathe Éric Marlien. Le sujet est complexe et les origines de son dérèglement sont multifactorielles. La structuration de la personne depuis son enfance est impliquée, en partie, dans ce dérèglement. On peut donc effectivement constater que le nerf vague ne fonctionne pas correctement. Cependant, pratiquer quelques exercices de façon irrégulière ne permettra pas de changer profondément les choses. "
Ainsi, bien qu’il existe divers moyens pour aider un individu à réguler son nerf vague, les effets ne se font pas systématiquement sentir à long terme. Lorsque le nerf vague n’a jamais pu se développer correctement, modifier les choses en profondeur n’est pas une tâche facile. " Nombreux sont les patients que je reçois à avoir besoin d’une approche psychothérapeutique pour retrouver la sécurité qui soit a été perdue, soit n’a jamais été vraiment acquise dans leur histoire précoce, poursuit Éric Marlien. À force d’être trop vulgarisée, tout le monde associe la théorie polyvagale à une solution miracle. J’observe actuellement une sorte de dérive vers une pensée magique. Il est possible de comprendre des modes de fonctionnement, des déséquilibres, des pathologies aussi bien physiques qu’émotionnelles. Changer les choses est parfois un long processus qui nécessite une approche intégrative incluant plusieurs praticiens. " Éric Marlien forme d’ailleurs des psychologues et des psychothérapeutes à la prise en charge des traumatismes psycho-émotionnels3. Traumatismes qui ont pu jouer un rôle dans l’affaiblissement du système nerveux autonome ou dans l’apparition de troubles de l’attachement précoce qui ont empêché que l’équilibre du système nerveux autonome et psychique se fasse dans les meilleures conditions.
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Cohérence cardiaque et visualisation
Loin de rejeter les thérapies ciblant le nerf vague, le praticien dit simplement qu’il faut raison garder. Il propose fréquemment à ses patients de réaliser, en autonomie le plus régulièrement possible, l’exercice de cohérence cardiaque décrit en encadré. Pour renforcer les bienfaits de cette pratique, la cohérence cardiaque est à associer à de la visualisation : " Pendant l’inspiration, visualisez l’air que vous inhalez comme une énergie lumineuse, blanche ou dorée, qui vient s’accumuler dans la région du cœur, conseille Éric Marlien. Lors de l’expiration, imaginez cette énergie diffuser dans tout votre organisme. À chaque expiration, cette énergie- lumière se répand de plus en plus loin, finissant jusqu’au bout des orteils, des doigts, et toute la tête. "
Pratique de la cohérence cardiaque
L’ostéopathe Éric Marlien invite ses patients à pratiquer l’exercice suivant :
- Asseyez-vous confortablement, la colonne vertébrale droite, fermez les yeux et vérifiez que votre corps est relâché.
- Commencez à respirer régulièrement par le nez, aussi bien à l’inspiration qu’à l’expiration. Lors de l’inspiration, essayez de laisser le ventre se gonfler doucement puis, ensuite seulement, la poitrine se soulever mais non exagérément. Laisser alors l’air ressortir passivement de vos poumons, toujours par le nez, sans effort, dans l’ordre inverse, comme un soufflet qui se dégonfle : d’abord la poitrine, puis le ventre. Mais ne cherchez pas trop à contrôler mentalement, mieux vaut laisser faire pour que les éventuelles tensions thoraciques ou abdominales se libèrent d’elles-mêmes.
- Le rythme au repos est en moyenne de 15 cycles respiratoires par minute. Chronométrez le vôtre, sans chercher à le ralentir. L’objectif sera de tendre à diviser le nombre de cycles par 3 environ, donc parvenir à 5 à 6 cycles par minute, voire moins si cela vous est facile.
- Commencez par faire cet exercice durant cinq minutes, puis augmentez progressivement de jour en jour jusqu’à dix minutes.
- Essayez de pratiquer au moins une fois par jour, voire trois fois si vous êtes atteint d’une affection quelconque. L’important est la régularité.
Renforcer l’interaction cœur cerveau
Il existe des techniques de détente et de gestion émotionnelle. Elles sont guidées au départ, puis les patients les gèrent eux-mêmes. Il y a une très forte corrélation entre le nerf vague et la façon dont bat le cœur. Les techniques centrées sur la visualisation d’une énergie radiante au niveau du cœur améliorent le fonctionnement du système nerveux autonome. " Il est important de renforcer l’interaction cœur cerveau de manière à minimiser l’influence des interactions ventre cerveau dont on parle beaucoup, signale Éric Marlien. Lorsque ces dernières dominent, cela va de pair avec une mauvaise régulation du nerf vague et de ses émotions. " L’être humain est souvent dominé par ses émotions et peut avoir des réactions très fortes, parfois disproportionnées. " Tant que cet équilibre émotionnel n’est pas atteint, il n’est pas possible d’espérer que le système nerveux autonome soit équilibré lui aussi. "
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Développer les qualités du cœur
« Il s’agit de qualités tournées vers l’autre et vers le monde. En ce sens, cela se traduit par une attitude intérieure qui se focalise sur ce que l’on peut donner, offrir, créer, décrit l’ostéopathe Éric Marlien. Chacun à quelque chose à faire pour le bien de ses proches, de ses relations et de la société en général. Plus nous sommes mobilisés sur ce que nous avons à donner plutôt qu’à prendre, moins notre petit moi occupe de la place dans notre conscience. » Et véritablement, nos sensations corporelles et nos symptômes sont moins enregistrés dans notre cerveau. En particulier les fréquents inconforts de notre ventre. Plus largement, trouver ou bâtir un sens à son existence mobilise nos ressources physiologiques et psychiques vers l’action et diminue d’autant celles qui alimentent nos sensations négatives.
Activez votre nerf vague
Les exercices à faire soi-même pour augmenter le tonus vagal sont nombreux, de même que les comportements à adopter pour améliorer le fonctionnement du nerf vague et contribuer à équilibrer les systèmes cardio-vasculaire, respiratoire, immunitaire, digestif. Citons visualisation, respiration, cohérence cardiaque, exposition au froid, chant, stimulation du réflexe pharyngé, gargarisme, yoga, Pilates, pleine conscience, méditation, rire, lien social, musique, exposition à la lumière du soleil, visualisation de souvenirs joyeux…
" Ce sont des exercices que le corps sait faire. Mais comme il a été dérégulé, il faut faire le travail pour lui. L’objectif est de s’entraîner régulièrement pour utiliser le mieux possible les exercices lors d’un moment compliqué. Bien sûr, il n’est pas nécessaire de pratiquer tous ces exercices pour obtenir un résultat, rassure Ludovic Leroux. Ce qui prime est de créer un plan d’entraînement pour avoir un meilleur tonus vagal. "
Références bibliographiques
En savoir plus
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