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Objets du désir des lobbys

  • Objets du désir des lobbys
Article paru dans le journal nº 112

Des visiteurs médicaux (les commerciaux des laboratoires pharmaceutiques, en somme) qui viennent frapper à la porte des cabinets de médecins, ça, on savait. Mais que les firmes pharmaceutiques fassent leur promo dans les facs de médecine, ça, on le savait déjà moins. Dès leurs études, les futurs médecins sont déjà soumis à l’influence des labos, tant et si bien que cette promotion a des effets délétères sur la qualité de leurs prescriptions et sur le montant des dépenses de santé1. Sachant pertinemment qu’" une augmentation de la fréquence d’exposition à des représentants pharmaceutiques est corrélée à une augmentation du nombre de médicaments prescrits "2, les labos mettent le paquet. C’est pas compliqué, selon une étude menée à Tours, 93 % des étudiants en 3e cycle ont déjà été exposés à un visiteur médical, et 90 % d’entre eux sont partis avec des plaquettes publicitaires pour des médocs. Évidemment, ce sont les étudiants en médecine interne générale qui sont les plus convoités par les firmes. Et le problème est tel que les universités cherchent à sensibiliser les carabins sur les thématiques de conflits d’intérêts, à l’instar de l’université de Bordeaux, qui a mis en place, en 2016, une formation pour prémunir les étudiants de cette influence. Répartie sur deux jours, la Facripp (pour Formation à l’analyse critique de la promotion pharmaceutique) dévoile les techniques promotionnelles des labos et casse certaines idées reçues. Par exemple, celle selon laquelle le tarif d’un médicament serait justifié par les coûts de recherche et de développement, ce qui est visiblement faux.

Mais le plus étonnant, ce sont les réactions des étudiants. Cela semble fou, mais il faut visiblement aux internes une formation pour percevoir le plan commercial motivant les délégués de l’industrie pharmaceutique, ou pour trouver un soutien permettant de prendre une distance vis-à-vis des labos. Comme le dit un interne : " Qu’on me dise que j’ai le droit de me détacher des laboratoires et surtout que j’ai raison. "

On peut s’interroger sur le poids de ces deux jours de formation face aux neuf années d’études émaillées de la présence des visiteurs médicaux. Gageons qu’elle sème des petites graines d’esprit critique chez ces futurs médecins quelque peu hypnotisés par les méthodes commerciales des laboratoires.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé