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Mal logés : les enfants d’abord

Article paru dans le journal nº 32

600 000. C’est le nombre d’enfants mal logés, victimes collatérales de conditions de vie innommables, véritable reflet d’une misère aux relents des taudis du XIXe siècle. À la honte d’habiter dans de telles conditions viennent s’ajouter les maladies, le saturnisme étant parmi la plus grave. Le rapport de la Fondation Abbé Pierre est accablant, et aucun signe d’amélioration n’est en vue.

Est-ce que notre habitat nous voudrait le plus grand mal ? La question peut se poser puisque vous avez tous déjà entendu ces campagnes incriminant la ­maison, qui serait plus dangereuse et ­meurtrière que la route. Il n’est qu’à prendre les chiffres de 2013 pour s’en convaincre. Les accidents de la vie domestique tuent 19 000 personnes chaque année et en blessent 4,5 millions, avec la chute comme première cause. ­L’habitat tue deux fois plus que la route, et dans des conditions ­barbares. On s’y ­fracasse le crâne, on s’y électrocute, on s’y empoisonne, on s’y empale, on s’y asphyxie, on s’y noie…

Maladie socialement transmissible

Mais voilà que la Fondation Abbé Pierre lance une alerte concernant l’habitat comme source de maladies, contagieuses qui plus est. Plus précisément, l’habitat devient une maladie socialement transmissible par laquelle les plus démunis sont frappés de plein fouet, en particulier les enfants.

Par les infiltrations d’eau, par une mauvaise ventilation, par un chauffage insuffisant, voire inexistant, se concentre une forte humidité et se développent des ­moisissures qui aggravent ou provoquent des pathologies allergiques et respiratoires, souligne la ­fondation. Des pathologies dues à ­l’insalubrité, qui nous ramènent deux siècles en arrière, des pathologies qui stigmatisent les plus pauvres et révèlent à la face de notre Pays le profil de sa misère. Pourtant, bien qu’ayant perdu une place, la France se hisse à la sixième place des ­puissances économiques mondiales.

Déjà en 2010, l’Agence régionale de santé (ARS) pointait du doigt la situation alarmante liée à l’insalubrité des logements en dévoilant des chiffres pathétiques : 3,5 millions de personnes, dont un tiers d’enfants, subissent les séquelles (maladies respiratoires, allergies…) liées à ce qu’elle appelait les causes d’indignité : humidité, moisissure, mais aussi toutes sortes de ­nuisibles tels qu’acariens et blattes. Citons encore l’intoxication au monoxyde de ­carbone (5 000 victimes dont 1 000 hospitalisations et 100 décès) et les 0,11 % ­d’enfants de 1 à 6 ans, soit entre 5 000 et 6 000, atteints de saturnisme lié à l’intoxication au plomb. Le plomb ? Celui contenu dans de vieilles peintures murales qui se dégradent sous l’effet de l’humidité.

Le saturnisme est une belle saloperie entraînant des troubles graves et irréversibles du développement : risque de retard intellectuel, de croissance, anémie, atteinte rénale, encéphalopathie. Maladie socialement transmissible ? ­Assurément. À la pauvreté et à la misère, l’ascenseur social joue ici les cages de puits des mines, et les enfants, au lieu d’être hissé, sont étouffés dans les profondeurs. 600 000 d’entre eux sont aujourd’hui ­victimes du mal-logement, avec, outre les répercussions sociales et psychologiques, des répercussions sur leur santé.

Boucs émissaires

Dans de telles conditions de vie, qui ­rappellent les taudis de la fin du XIXe siècle, on peut s’interroger sur les conditions ­d’hygiène. Car rappelons que si la ­prévalence des maladies infectieuses et contagieuses a progressivement chuté, non pas grâce à des vaccins mais grâce à ­l’amélioration du niveau de vie, une telle situation de misère ­inacceptable dans un pays aussi riche que le nôtre ne peut qu’inquiéter sur la hausse de prévalence de maladies ­contagieuses… et donner un autre éclairage sur les raisons de leur ­recrudescence. Est-ce vraiment à cause des anti-vaccins que les cas de ­rougeole, entre autres exemples, sont en augmentation ? Ils ont bon dos, ces ­anti-vaccins, et ils permettent aux autorités de détourner le regard de la vraie misère… voire des vraies raisons.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé