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On sait d’où ça vient
Vous l’avez peut-être vu, cet entretien accordé par Bernard Tapie au journaliste Laurent Delahousse sur France 2. Affaibli, la chevelure rongée par la chimiothérapie, la voix vacillante, l’homme d’affaires évoque sans fausse pudeur sa maladie, ses traitements, le combat qu’il mène, au même titre que tous les anonymes, les sans-voix qu’il croise à l’hôpital Saint-Louis, où il est suivi.
Peu importe ce que représente pour vous ce personnage bien connu, des instants de vérité tels que le diagnostic d’un cancer et la lourdeur du protocole thérapeutique apurent les comptes et aplanissent la gouaille. À plusieurs reprises, Bernard Tapie se demande pourquoi il a développé un cancer de l’estomac, laissant entendre le sentiment de profonde injustice qu’il éprouve, répétant qu’il ne fumait pas, ne buvait pas, mangeait plutôt sainement. Pour donner une explication – face à de tels traumatismes, on a tellement besoin d’explication –, l’oncologue qui le suit, le Pr Sarfati, l’a ramené aux expressions populaires. Et ce, très sérieusement, pour apporter véritablement des réponses, et non pour évacuer les interrogations. Pour remonter aux sources de la maladie, Sarfati a rappelé au bon souvenir de son malade des expressions telles que « Se faire du mauvais sang », « Se faire de la bile ». Voilà, tout est dit. On trouve une explication, elle entre en résonance pour apaiser les angoisses ; on trouve une raison qui tient lieu de coupable à défaut de justification. On sait d’où ça vient.
Pour ma part, et sans vouloir comparer l’incomparable, je passe moi-même par des situations particulièrement pénibles. D’une minute à l’autre, j’ai perdu l’usage des muscles releveurs de mon pied droit. Impossible de relever mes orteils ou mon pied. À chaque pas, il tombe lourdement. Paralysé. Passé l’étonnement, j’ai laissé émerger les expressions populaires, par réflexe, celles qui en disent long, pour atténuer les angoisses : « En avoir plein les bottes », « Devoir lever le pied »… On sait d’où ça vient.
N’est-ce pas vouloir cautériser une jambe de bois que de s’accrocher à ces expressions populaires : « En avoir plein le dos », « Avoir l’estomac noué », etc. ? Est-ce que ça change quelque chose ? Très honnêtement, pour ma part, oui. Car ces expressions qui ont traversé les siècles sont porteuses d’un bon sens salutaire. Elles renvoient à l’axe autour duquel gravitent et palpitent nos émotions, et qui nous aide à mieux les gérer, à ne pas les laisser nous submerger. Sans cet axe, nos émotions nous dispersent, nous parcellisent. Elles nous laissent démunis face à l’angoisse où nous précipitent des questions telles que : « Mais qu’est-ce qui m’arrive ? » ou « Pourquoi moi ? » Retrouver cet axe et s’y appuyer, c’est franchir la première étape, essentielle, pour mobiliser sa concentration et sa volonté, pour focaliser son énergie et son abnégation, pour consentir avec ténacité aux sacrifices des exercices de rééducation, des protocoles thérapeutiques, des changements plus ou moins brutaux d’habitudes de vie. Revenir aux expressions populaires, ce n’est pas risquer de sombrer dans le populisme. C’est s’appuyer sur son bon sens pour retrouver le chemin de la guérison.
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