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Maladie de Lyme chronique : le message d’alerte du Dr Marc Bransten

  • Transmission de Lyme par voie sexuelle ou sanguine : quels risques ? Transmission de Lyme par voie sexuelle ou sanguine : quels risques ?
Article paru dans le journal nº 65

Un vent de révolution souffle sur la borréliose de Lyme, cette maladie transmise par les tiques et dont la forme chronique, potentiellement grave et handicapante, fait l’objet de nombreuses controverses. En complément de notre dossier récent sur le sujet, nous partageons les découvertes du Dr Marc Bransten, dont le dernier ouvrage se veut un message d’alerte.

Les langues se délient, les esprits se libèrent. Bien des malades de Lyme en ont assez de n’être pas pris au sérieux, et des médecins, d’être convoqués devant le conseil de l’Ordre pour n’avoir fait que leur travail. En outre, si la recherche avance sur cette borréliose, ce n’est pas le cas en France. Le Dr Marc Bransten, pionnier revendiquant de nombreux succès thérapeutiques, a donc décidé de monter au créneau dans son dernier ouvrage, Maladie de Lyme chronique : sortir de l’impasse.

Ce qui frappe d’abord à la lecture de celui-ci, c’est le récit implacable de tous ces malades en errance médicale, ne devant souvent leur salut qu’à une rencontre fortuite hors du système de soins conventionnel. Un scénario qui se répète et ne semble pas attirer l’attention des autorités sanitaires. Une telle situation ne peut pourtant plus durer.

On découvre dans ce livre que la disparité de l’offre de soins est énorme d’un pays à l’autre, et que la France fait partie des derniers de la classe. Notamment parce qu’elle s’accroche à son test diagnostic Elisa, celui-là même que les États-Unis ont abandonné en 2017 pour manque de fiabilité.

Marc Bransten dénonce sans détour l’abandon de bataillons entiers de patients qui, faute d’entrer dans des cases, sont souvent renvoyés avec mépris vers… la psychiatrie. « Le système immunitaire n’est pas le seul à se retourner contre les malades. C’est aussi le cas d’une partie du corps médical français. »

Le Lyme chronique à l’épreuve des dogmes médicaux

Le docteur pointe notamment le refus de certains, malgré de nombreuses études et témoignages, de reconnaître la forme chronique de la maladie, par dogmatisme. Il est vrai que Lyme remet en question les fondamentaux de la médecine, et qu’il n’est pas facile d’accepter de tout revoir…

Mais la fierté des médecins bascule parfois dans l’absurde, comme le montre le cas de cette patiente française, correctement diagnostiquée et traitée aux États-Unis et qui, rentrée en France, s’est heurtée au refus de la médecine et de la Sécurité sociale de poursuivre les soins – et a vu son état se dégrader de nouveau.

« Pourquoi cet entêtement à faire suivre aux patients un parcours de soins coûteux, les laissant au passage subir un insoutenable délabrement physique et mental, au lieu de se livrer à l’exercice premier du médecin : l’écoute du malade ? », s’interroge le Dr Bransten. Des propos qui font écho aux récentes plaintes collectives d’associations de patients à l’encontre de praticiens hospitaliers.

Borrélies : des adversaires féroces

Son livre est aussi une enquête biologique minutieuse, traquant les mécanismes qui sous-tendent cette maladie rebelle. On y apprend des détails passionnants, comme le fait que les borrélies, lorsqu’elles évoluent dans les tissus conjonctifs, se déplacent beaucoup plus vite que les globules blancs censés les capturer. Ou encore que ces bactéries ne sont pas énergétiquement autonomes, et qu’elles ont tendance à infecter nos cellules pour détourner l’énergie des mitochondries, ce qui en fait des parasites.

Autre nouvelle : la borréliose entraîne une baisse importante des cellules NK et de l’interféron, nécessaires au contrôle des virus, qui deviennent alors libres de proliférer. Des informations qui, si elles peuvent rebuter le profane au premier abord, expliqueraient l’importante fatigue généralement ressentie par les personnes infectées, de même que l’incapacité du système immunitaire à venir à bout des bactéries.

Quel rôle dans l’autisme, les maladies auto-immunes ou chroniques ?

Marc Bransten s’intéresse tout particulièrement au rôle des infections froides dans l’autisme. Il indique qu’une combinaison d’antibiotiques et d’antifongiques testée sur une cohorte internationale d’enfants autistes a permis une franche amélioration du comportement de la moitié d’entre eux.

Beaucoup d’autistes sont concernés par des infections froides, et la recherche de borrélies se révèle fréquemment positive chez ces malades. Or l’étude Autibiotique, mise en place en 2012 au CHU de Bordeaux, a dû être stoppée faute de financement (tandis qu’une autre étude, Autibiautism, a pris le relais en Australie). L’auteur dénonce cette absence (volontaire ?) de financements en France, là où aux États-Unis, l’université de New Heaven et l’hôpital universitaire Johns-Hopkins ont reçu plusieurs millions de dollars pour mettre au point de nouveaux traitements.

Aux détracteurs brandissant le risque d’antibiorésistance, Marc Bransten répond qu’« il ne viendrait pas à l’idée d’un médecin d’envisager une thérapie de tuberculose déclarée par une monothérapie brève d’amoxicilline durant un mois ». Les combinaisons d’antibiotiques entraînent, en effet, beaucoup moins d’antibiorésistance qu’un antibiotique seul.

Lyme : revoir le traitement de référence

Dans la combinaison thérapeutique citée ci-dessus, on trouve de la daptomycine, antibiotique utilisé contre… la lèpre. Or, si la Haute Autorité de santé reconnaît l’existence d’une forme chronique de Lyme depuis 2018, elle reste campée sur le consensus de 2006 quant au traitement. À savoir, une monoantibiothérapie de 28 jours, « à rebours de toute la littérature scientifique récente. » Ce texte, rédigé dans des conditions opaques, fait hélas encore référence auprès de la Sécurité sociale pour décider de la prise en charge des traitements.

Un Lyme chronique sort du champ de l’infectiologie pour entrer dans le domaine très vaste de l’immunologie. Une médecine trop compartimentée sera en échec. Le « polymorphisme des symptômes, leur persistance, leur récurrence et leur aspect multisystémique » doivent alerter et déclencher des investigations approfondies. Pour l’auteur, ces investigations devraient s’étendre à l’ensemble des maladies auto-immunes et des maladies inflammatoires chroniques, au regard de l’implication de la borréliose dans un certain nombre d’entre elles.

Il ne s’agit pas de voir Lyme partout, mais plutôt de reconsidérer des maladies jusqu’ici mal soignées à la lumière de nouvelles connaissances. La base de la science, en somme. Le Dr Bransten se montre pourtant peu enthousiaste devant une éventuelle campagne de dépistage : le manque de fiabilité des tests actuels la rendrait contre-productive.

Quels risques de transmission sexuelle ou sanguine ?

L’auteur se veut lanceur d’alerte et ose aborder une question taboue : le mode de transmission de Lyme. Nous savons qu’il existe une transmission in utero de la mère à l’enfant. Mais qu’en est-il d’une éventuelle transmission sexuelle ou par transfusion sanguine ? Il a déjà été observé des spirochètes dans les fluides sexuels. La première étude montrant leur capacité à survivre dans des prélèvements de sang humain date de 1990 !

Les États-Unis ont déjà mis en place un principe de précaution. Et nous, Français, que ferons-nous ? Face à une maladie qui s’apparente de plus en plus à une forme sournoise de sida, allons-nous connaître un nouveau scandale du sang contaminé ? Pour le moment, la lettre du Dr Marc Bransten à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, est demeurée sans réponse.

 

Références

Maladie de Lyme chronique : sortir de l'impasse, du Dr Marc Branstein, éd. Le Passeur, 2018.

• Sur la possibilité d’une transmission de Lyme par voie sanguine, voir l’étude “Transfusion-Associated Lyme Disease – Although Unlikely, It Is Still a Concern Worth Considering”, publiée dans Frontiers in Microbiology en 2018.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé