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Lombalgie : la technique Alexander
Souvent appelée méthode de rééducation posturale, la technique Alexander ne se définit pas comme une thérapie mais comme un mode d’éducation somatique qui contribue à la santé. Sa finalité est d’harmoniser et coordonner toutes les parties de l’être humain.
À la lecture du dernier livre du Pr Grégory Ninot, 100 médecines douces validées par la science, j’ai découvert l’existence de cette méthode dont l’efficacité est étayée par plusieurs études1. Aucune ambiguïté : comparées aux soins habituels des médecins généralistes, les leçons de la technique Alexander entraînent des réductions significatives à long terme des maux de dos et de l’incapacité causée par ceux-ci lorsqu’ils sont chroniques. Ces résultats ont été largement étayés. Face au nombre considérable de personnes qui se plaignent de lombalgie au moins une fois dans leur vie (66 à 75 % selon les études)2, avec pour certaines des douleurs qui persistent et deviennent chroniques, toute méthode efficace est bonne à prendre.
Contre toute attente, cette méthode n’a été élaborée ni par un kinésithérapeute ni par un ostéopathe. Frederick Matthias Alexander (1869-1955) était un comédien australien. Alors qu’il rencontrait régulièrement aphonie et gêne respiratoire très invalidantes, il a pris conscience après de longues observations de son reflet dans un miroir lorsqu’il déclamait son texte, du lien étroit et dynamique entre la tête et la colonne vertébrale qu’il appelle « contrôle premier ». Ce contrôle commun à tous les vertébrés se voit perturbé par notre mode de vie empreint de stress et de mauvaises habitudes, nos envies et besoins de vouloir faire telle ou telle chose sans réussir à lâcher prise. Au fil du temps, il perfectionne sa méthode et développe une technique pédagogique qu’il exerce à Londres à partir de 1904. Il initie des médecins, hommes politiques, écrivains et comédiens. Aujourd’hui, elle est plus largement enseignée dans de nombreuses écoles d’art dramatique, de musique et de danse (Royal Academy of Art, Guildhall School et Central School à Londres, Juilliard School à New York, CNSMD de Paris, ENSATT à Lyon, etc.) mais aussi dans des entreprises et collectivités locales.
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Comprendre la technique
F. M. Alexander part du postulat que les tensions quotidiennes qui assaillent notre équilibre corporel sont responsables de maux divers dont font partie ceux du dos. Il défend l’idée que tout être humain est à même de prendre conscience de sa posture et de la corriger de manière à respecter le « contrôle premier » et entretenir une relation entre physique, mental et émotionnel garante d’un équilibre global. La méthode a pour objectif d’apprendre comment prendre conscience de ses postures et habitudes ancrées dans l’organisme et de repérer celles qui ont un impact négatif sur le bon fonctionnement du corps. Elle cherche à améliorer la posture et la manière de se mouvoir. Le rôle de la tête et du cou est primordial dans la coordination de toute l’activité musculaire, et leur bon positionnement dans le prolongement de la colonne détermine l’équilibre global du corps.
Une méthode progressive
La méthode demande un investissement du patient sur la durée. Elle est généralement enseignée dans des cours individuels de 45 minutes à une heure sur une période de vingt séances minimum. Des ateliers de groupe peuvent être proposés pour un premier aperçu mais un travail individuel personnalisé est indispensable à la pratique. Il faut du temps pour faire le point sur les habitudes et les automatismes qui entravent la coordination et le fonctionnement équilibré de l’organisme, et prendre conscience du décalage qui existe entre ce que nous faisons et ce que nous croyons faire n’est pas chose aisée. Ces repérages faits, le cheminement consiste à déconstruire les gestes et postures inadaptés devenus automatiques et d’en trouver de nouveaux, plus appropriés. Ces nouveaux comportements sont guidés par la pensée, exécutés en conscience, ils induisent un relâchement des tensions musculaires. Ce travail de fond sur le comportement postural prend en considération les attitudes, les idées préconçues, les automatismes mentaux et les schémas de réactions indissociables de la posture et de la manière de se mouvoir.
Quels sont les bénéfices de cette pratique ?
Cette technique s’adresse à tous et ne présente pas de contre-indications car le corps n’est jamais manipulé. Les personnes présentant des problèmes musculo-squelettiques avec traitement médical (blessure, hernie discale, etc.) doivent toutefois être vigilantes et en avertir le formateur. La pratique améliore durablement :
- la conscience corporelle de soi,
- renforce l’appareil musculo-squelettique,
- diminue efficacement la fréquence et l’intensité des douleurs en lien avec les réactions et postures inadaptées,
- améliore la capacité respiratoire.
Elle permet également de :
- libérer le tonus musculaire,
- diminuer les problèmes d’équilibre,
- relâcher les tensions excessives,
- corriger les gestes et postures néfastes au profit de positions et mouvements en accord avec un bien-être global.
Si cette méthode fait ses preuves pour soigner la lombalgie commune, elle donne des réponses très satisfaisantes également en cas :
- d’arthrose,
- maux de tête et insomnie,
- dans l’atténuation des déséquilibres liés à la maladie de Parkinson,
- la diminution de la perte d’autonomie et de la dépression associées à la maladie.
- Elle convient aussi très bien aux femmes enceintes qui souffrent parfois de maux de dos.
Mais le bien-être va bien au-delà du physique. Par effet boule de neige, cette approche contribue à apaiser le stress et à améliorer l’attention. Adoptée par de nombreux artistes (comédiens, acteurs, chanteurs, danseurs, musiciens) ainsi que par des sportifs et autres professionnels dont le corps est un outil de travail précieux, elle vise à remédier aux blessures, douleurs et dysfonctionnements qui découlent d’une pratique intensive et à dépasser le trac. La prise de conscience kinesthésique développée par une pratique régulière ainsi que la sensation de légèreté, de souplesse accrue, d’augmentation de l’amplitude de mouvements et d’apaisement sont des atouts appréciés qui contribuent à l’amélioration des performances.
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À quoi ressemble une séance type ?
Revenons plus spécifiquement à la lombalgie. L’enseignant de la méthode observe les mouvements des participants, leur manière de marcher, de se déplacer, de s’asseoir, voire de travailler assis à son bureau, de s’allonger, de se pencher, de soulever, de porter, de garder l’équilibre, de parler, de respirer, de pratiquer un sport, de jouer d’un instrument de musique, ainsi que leur position pour dormir… Le professeur va, par le toucher et certaines observations, faire prendre conscience au participant de ses habitudes, faiblesses et tensions. Sans manipulation brusque et en tenant compte de la globalité de la personne et de sa manière personnelle de réagir, le professeur encourage l’« élève » à abandonner ou à atténuer les interférences repérées. Il le guide vers plus d’ouverture et de nouvelles façons d’être plus appropriées.
Tous les gestes de la vie quotidienne sont repensés, expérimentés avec de nouveaux paramètres bénéfiques pour soulager les douleurs. Le but est de faire en sorte que la lombalgie ne réapparaisse pas à l’avenir. Chaque nouvelle séance apporte son lot d’améliorations mais il faut envisager les bénéfices sur le long terme. Au fur et à mesure que la perception sensorielle s’affine, les attitudes posturales et les schémas de réaction évoluent et sont de plus en plus en accord avec les nouvelles normes sensorielles de confort, aisance et bien-être ressenties par l’apprenant.
Oust, la lombalgie !
La lombalgie commune apparaît souvent après : de longues périodes de gestes inefficaces, de posture verticale inappropriée, de position assise anti-anatomique, de positions inconfortables et faux mouvements qui, réunis, créent des tensions musculo-squelettiques et finalement des douleurs. La méthode Alexander décortique chacun de ces éléments et propose des gestes et postures personnalisés plus souples, plus amples, plus adaptés. La relation tête-cou-dos est considérée comme centrale dans le comportement postural. Il semble bien que les tensions posturales se déclenchent très souvent dans le cou, notamment autour de l’articulation atlanto- occipitale (là où le crâne se pose sur la colonne). Cette articulation est également stratégique pour soulager les tensions excessives et accumulées.
Se faire accompagner
Peut-on apprendre la technique seul ? Eh bien non ! Cette méthode singulière s’acquiert obligatoirement auprès d’un spécialiste. Englués dans nos habitudes, nous sommes dans un premier temps dans l’incapacité de percevoir si nous effectuons de mauvais gestes ou si nous avons des postures inappropriées. Seul un professionnel a le regard neuf et aiguisé pour identifier les gestes responsables de vos maux. Une fois la technique acquise, vous aurez tout en main pour l’appliquer dans votre vie quotidienne.
Où trouver un spécialiste de la méthode Alexander ?
L’Association des professeurs de la technique Alexander3, et ATI France4, affiliées à la Society of Teachers of the Alexander Technique (Stat), basée à Londres, répertorient la liste des enseignants. Elles garantissent la qualité de l’enseignement de leurs professeurs. Certains kinésithérapeutes, psychomotriciens ou enseignants en activité physique adaptée proposent cette méthode. Les tarifs sont d’environ 40 € la séance.
Références :
- J. P. Woodman, N. R. Moore, « Evidence for the effectiveness of Alexander Technique lessons in medical and health-related conditions : a systematic review », International Journal Clinical Practice, 2012.
- www.lombalgie.fr/comprendre/quelques-chiffres
- www.techniquealexander.info/liste-des-professeurs
- Alexander Technique International France : technique-alexander-france.com
En savoir plus :
Les quatre livres de F. M. Alexander peuvent être commandés à l’association Amal, 90, avenue de la Gare, 34560 Montbazin :
- L’héritage suprême de l’homme (1918),
- Vers un contrôle constructif conscient de l’individu (1924),
- L’usage de soi (1932)
- La constante universelle de l’art de vivre (1942)
Autres lectures :
- Soulager le mal de dos grâce à la technique Alexander, de Richard Brennan, éd. Leduc S., 2017, 20 €.
- La technique Alexander, de Catherine de Chevilly, éd. Eyrolles, 2017, 10 €.
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
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