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Microbiote : des anomalies responsables de démence

  • Microbiote : des anomalies responsables de démence
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Une équipe japonaise a identifié des anomalies du microbiote caractéristiques de la démence à corps de Lewy qui toucherait près de 250 000 personnes en France. Ce qui permet, outre un diagnostic plus précoce, d’envisager de nouvelles pistes thérapeutiques.

Le Dr Fritz Heinrich Lewy avait identifié, dès 1912, dans les cellules du tronc cérébral de patients atteints de la maladie de Parkinson, des « inclusions » particulières auxquelles on a donné son nom : les corps de Lewy. Puis, on les a retrouvées quelques décennies plus tard, dans une forme de démence spécifique, qui prendra le nom de démence à corps de Lewy. Celle-ci conjugue des troubles du mouvement (comme dans la maladie de Parkinson), un déclin cognitif d’évolution très rapide (de type Alzheimer) et des hallucinations visuelles importantes. C'est cette maladie, encore peu connue du grand public malgré sa prévalence, qui touchait le comédien américain Robin Williams avant son suicide en 2014.

Dans cette démence, les corps de Lewy, qui s’avèrent être des dépôts anormaux d’une protéine appelée « alpha-synucléine », étaient présents non seulement dans le tronc cérébral (ce qui explique les troubles du mouvement), mais aussi au niveau du cortex (ce qui explique les troubles des fonctions mentales). Faute de pouvoir ouvrir le cerveau du vivant des patients, seule l’évolution clinique permettait de savoir si des patients atteints de la maladie de Parkinson évolueront ou non vers une démence à corps de Lewy (DCL).

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Démence à corps de Lewy, un lien avec le microbiote

Selon des études précédentes que nous avons relayées, certaines bactéries intestinales jouent un rôle crucial dans la survenue des maladies neurodégénératives : ainsi, on retrouve dans le microbiote des patients atteints de la maladie d’Alzheimer certaines bactéries stimulant l’inflammation ; à l’inverse, l’administration de probiotiques (comme Bifidobacterium) semble améliorer les fonctions cognitives (en particulier la mémoire) de ces patients. On sait aussi que chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson, certaines dysbioses comme le SIBO (Small Intestinal Bacterial Overgrowth) sont particulièrement fréquentes, suggérant là encore un lien entre la composition du microbiote et la survenue de maladies neurodégénératives.

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Un diagnostic facilité…

Des chercheurs de l’université de Nagoya (Japon) ont analysé les selles de 278 patients atteints d’alpha-synucléinopathies, parmi lesquels 28 présentaient une démence à corps de Lewy (DCL), 224 une maladie de Parkinson et 26 des troubles comportementaux lors de leur phase de sommeil paradoxal.

Leurs résultats montrent que la présence des bactéries Collinsella et Ruminococcus sont dans l’intestin est augmentée en cas de démence à corps de Lewy, alors qu’elle est inchangée dans la maladie de Parkinson. Dans la DCL, les bactéries Bifidobacterium étaient en revanche en quantité moindre que dans le cas de Parkinson. Une simple analyse des selles pour ces trois bactéries permettrait donc de distinguer immédiatement – et donc précocement – les patients atteints de DCL.

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… et un espoir de traitement

Les chercheurs ont également mis en évidence des similitudes entre les bactéries intestinales impliquées dans la maladie de Parkinson et la DCL. Ainsi, dans les deux maladies, la bactérie Akkermansia, qui dégrade la muqueuse intestinale, était présente en grande quantité, tandis que les bactéries productrices d’acides gras à chaîne courte (AGCC) anti-inflammatoires (par exemple les Lactobacillum) étaient, elles, en sous-effectif… Concernant les AGCC, on sait que ces « postbiotiques » jouent un rôle essentiel : nous rappelions tout récemment que le butyrate, le propionate et l’acétate, qui figurent parmi les AGCC les plus connus , sont capables de réduire la neuro-inflammation : suffisamment petits pour franchir la barrière intestinale et atteindre le cerveau, ils y joueraient ce rôle protecteur fondamental en contribuant à la production de cellules immunitaires capables de réguler l’inflammation. Ces postbiotiques conduiront peut-être à mettre au point des traitements permettant de freiner certaines maladies neurodégénératives…

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Références

Références bibliographiques

« Gut microbiota in dementia with Lewy bodies », npj Parkinson’s Disease, 2022, https://doi.org/10.1038/s41531-022-00428-2

 

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