Accueil Remèdes Carences : ne laissez pas filer les molécules !
Carences : ne laissez pas filer les molécules !
La crise sanitaire n’a pas seulement rappelé l’importance de l’hygiène des mains, mais aussi celle de l’apport en nutriments essentiels. Vitamine D et C, zinc, potassium… quelles fonctions soutiennent-ils dans notre organisme, que risque-t-on si nous n’absorbons pas assez de ces micronutriments, et comment se prémunir des carences ?
Il faut savoir faire contre mauvaise fortune bon cœur. La pandémie de Covid-19 aura au moins permis de remettre en lumière l’intérêt des micronutriments pour notre santé et notre immunité. En effet, il est apparu évident aux malades que le manque de vitamines C, D et de zinc, en particulier, pouvait représenter un risque sérieux pour la santé, comme l’ont éprouvé bien des médecins qui ont traité la maladie. Par exemple, le manque de zinc dans le sang a un lien avec l’hospitalisation pour cas de Covid, corroboré par une étude gantoise, publiée dans la revue Nutrients1.
Pour fonctionner, le corps humain a besoin de deux types d’aliments : les micronutriments et les macronutriments.
- Les macronutriments, ce sont les glucides (les sucres), les lipides (les graisses) et les protéines que l’on trouve dans la chair des animaux et les végétaux. Ils représentent l’essentiel de l’énergie que nous brûlons et constituent la matière première d’un grand nombre de composés sans lesquels la vie n'est pas possible. Toutefois, s’il manque de certains éléments, le corps humain peut les fabriquer autrement, c’est ce que l’on appelle la synthèse des protéines.
- Pour les micronutriments et les composés qu’ils permettent de fabriquer (enzymes, hormones, éléments cellulaires…), le corps ne peut pas compenser les manques. Voilà qui explique les carences : par exemple, on ne peut pas vivre sans vitamine C, et le corps, s’il en manque, développe le scorbut.
Il en va ainsi pour l’ensemble des vitamines et des minéraux. Plus le corps manque de ces éléments microscopiques, plus il risque de tomber malade, car les tissus se détériorent, la communication interne entre les organes ne se fait plus, et les organes eux-mêmes dysfonctionnent.
Le rôle des vitamines
Elles assurent des fonctions complexes dans le corps, telles que :
- les fonctions enzymatiques (tout ce qui a trait à la chimie cellulaire) ;
- le transport des molécules (protons et électrons) : en somme, le rôle d’antioxydant – d’éboueur des cellules –, ce qui réduit les risques de maladies, et spécialement de vieillissement et de cancer.
- la stabilisation des membranes des cellules – c’est le cas du tocophérol ou vitamine E, que l’on retrouve dans les huiles végétales et spécialement l’huile d’olive. En effet, sans membrane grasse, les cellules se dissoudraient dans l’organisme ;
- les « communications » hormonales. C'est le cas spécialement des vitamines D et A, qui permettent d’alimenter notamment les mitochondries, ces centrales électriques de nos cellules.
Vieillissement et carence
L’un des facteurs pathogènes les plus observés dans les hôpitaux à travers le monde a trait à la malnutrition des personnes âgées. Il s’agit d’un phénomène assez courant, même dans le monde animal. Les chercheurs supposent qu’il est dû à un moins bon fonctionnement de l’intestin, lequel absorberait moins bien les nutriments avec le temps.
Toutefois, d’autres facteurs ont été avancés2, tels que :
- des doses alimentaires inadéquates, dues à un manque d’appétit ou à la difficulté à faire la cuisine ;
- des facteurs psychologiques, telle la dépression ;
- des facteurs sociaux, tels l’isolement ou un bas revenu ;
- des facteurs physiologiques, telles la baisse de l’odorat et du goût, mais aussi des interactions médicamenteuses qui pourraient causer ces pertes, ou faire perdre l’intuition de ce dont le corps a besoin.
C’est bien sûr la question du vieillissement qui est posée. Qu’il soit dû à des activations de certains facteurs génétiques, au stress oxydatif ou à des carences en minéraux, il est certain que l’endommagement du corps ne favorise pas l’absorption des vitamines et des minéraux. En quelque sorte, l’organisme subit petit à petit une détérioration croissante. Reste à savoir si une bonne santé intestinale peut freiner, voire abolir ce cercle vicieux.
Le rôle spécifique de l’intestin
C’est un fait : nous devons la qualité de notre absorption des nutriments, et surtout des micronutriments, à la bonne santé de notre intestin. Avec le vieillissement, des pathologies comme le diabète, le cancer, les maladies hépatiques ou pancréatiques, ou une maladie intestinale due aux médicaments endommagent l’intestin. Mais, outre le risque plus élevé de maladie chronique, il s’agit de savoir si l’intestin se détériore avec l’âge, et comment.
Assurément, les difficultés à avaler sont plus fréquentes chez les personnes âgées, de même que des troubles du système nerveux propre à l’intestin qui peuvent en être la cause – mais aussi celle des reflux acides et de la constipation. On a observé chez les souris que celles qui mangent moins ont un intestin qui vieillit moins vite. Est-ce une piste pour nous, humains ? En tout cas, les sécrétions de fluides pancréatiques ou sanguins varient peu avec le temps. Le foie, lui, vieillit, ce qui n’est pas sans conséquence sur la fonction digestive, à cause des échanges sanguins entre les deux organes.
Globalement, les études tendent à prouver qu’un " vieil " intestin n’est pas nécessairement un intestin en mauvaise santé, même s’il a plus de risques d’être " usé ". Il est donc important d’observer la perméabilité intestinale. En effet, lorsque les parois de l’intestin sont relâchées, à cause d’un stress intense, d’une maladie auto-immune ou d’une détérioration due aux mauvaises nourritures, l’absorption des nutriments ne se fait plus. Les molécules nutritives, au lieu d’être traitées par les parois de l’intestin, rentrent telles quelles dans le sang sans que l’organisme n’en tire profit.
Pire encore, de nombreuses bactéries et toxines ne sont pas filtrées. En se mêlant au sang, elles causent des dommages durables au foie, lequel reste le filtre alimentaire de dernier recours. Les risques de cancers du foie sont accentués par cette perméabilité intestinale, de même que les risques de diabète et d’obésité. De plus, les dommages au foie accentuent encore la perméabilité intestinale, causant un redoutable cercle vicieux.
La L-glutamine est réputée particulièrement efficace pour maintenir l’intégrité et la solidité de la paroi intestinale, de même que les probiotiques que l’on trouve par exemple dans le chou fermenté coréen, appelé kimchi.
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Les fonctions des vitamines et les risques liés aux carences
Les vitamines sont des micronutriments irremplaçables. S’ils viennent à manquer, le corps ne peut pas compenser, et cela entraîne des dysfonctions croissantes. Elles peuvent conduire à des maladies chroniques, par la baisse de l’immunité, notamment. Le cas de la vitamine C, pourtant vitale, est particulièrement éclairant. Cette vitamine reste très peu de temps dans le corps et, au-delà d’un gramme par jour, le corps évacue 80 % de ce qui a été ingéré sans l’absorber3. Le problème, c’est que, pour la communauté scientifique, dont les recherches sont essentiellement financées par les laboratoires pharmaceutiques, les vitamines ne soignent ni ne préviennent aucune maladie.
Ce n’était pas le point de vue de Linus Pauling, chimiste et physicien américain, deux fois prix Nobel, qui a commencé à ingérer trois grammes de vitamine C par jour, et en a pris jusqu’à dix-huit grammes quotidiennement. Il est tout de même parvenu à l’âge canonique de 92 ans. Sur ses recommandations, l’injection de vitamine C dans le sang pour traiter le cancer est devenue un traitement dont l’efficacité a été corroborée par de nombreuses études4.
Aujourd’hui, il est rare d’être en carence de vitamine C, car elle est utilisée comme conservateur dans l’alimentation. De plus, les agrumes qui en contiennent sont bien plus disponibles à la vente qu’ils ne l’étaient avant la Seconde Guerre mondiale, quand " l’orange de Noël " était un luxe. Toutefois, elle reste un nutriment fragile, qui se dégrade naturellement à l’air libre en 45 minutes environ. Par conséquent, ce n’est pas parce qu’on fait tant de publicité pour des jus d’orange concentrés (qui ne contiennent pour ainsi dire plus aucune vitamine C) que la population a les apports suffisants pour profiter de ses bienfaits…
Il en va de même pour la vitamine D, qui est absolument essentielle pour le corps humain, mais dont l’absorption est très limitée – pas seulement à cause du peu de soleil des pays tempérés, mais à cause de la crème solaire que l’on met en été. Une résurgence du rachitisme, due à cette carence, a d’ailleurs été observée dans des pays où l’on se protège trop du soleil, comme l’Australie ou l’Arabie saoudite.
Les vitamines C et D sont indispensables dans des quantités importantes, et très peu toxiques. C’est moins le cas des autres vitamines, dont les apports ne doivent pas être excessifs, et dont le corps garde la présence longtemps. Par exemple, la vitamine B12, dont les végans et les végétariens peuvent finir par être gravement carencés, car elle ne se trouve que dans la nourriture carnée.
Manquer de vitamines B n’a que rarement des effets immédiatement visibles sur le corps. Même si les carences importantes peuvent apporter des symptômes et des maladies graves (béribéri pour la vitamine B1, lésions des muqueuses pour la B2, pellagre pour la B3, dermatite et alopécie pour la B8, etc.), ce qui est plus dangereux dans la durée, c’est de se passer de ces vitamines nécessaires à la chimie interne du corps. En effet, une carence de long terme peut avoir des conséquences néfastes sur la santé générale, de la même manière qu'un manque de graisses précieuses, oméga-3 par exemple, accroît les conditions d’obésité, de diabète et de dégénérescence cérébrale.
Ainsi, les chercheurs en nutrition ont fait le lien entre les carences en vitamines B dans la population âgée et l’accroissement des risques de cancer et de maladies dégénératives5. À noter aussi que la carence en vitamines A est un facteur de cécité nocturne6 mais surtout d’infertilité.
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Les carences dans l’histoire
Les exemples des marins frappés par le scorbut – ou antivitaminose C – lors des expéditions de Magellan ou de Vasco de Gama ont marqué les esprits. Les ravages de cette maladie, dont les premiers symptômes sont la perte des dents7, étaient tels que plus de 95 % de l’effectif de ces explorations maritimes ont été décimés.
Mais rappelons-nous cet article du British Medical Journal de 2020, qui indiquait que si la prescription de vitamine D donnait d’excellents résultats contre le Covid-19, cela était dû au fait qu’une majorité de la population du Royaume-Uni en manquait. Une autre étude8 démontrait que cette carence (qui touche jusqu’à 80 % des plus de 65 ans) augmentait les risques de mortalité de 22 à 49 % !
La carence de vitamine D – que le corps fabrique par exposition au soleil – touche davantage les personnes âgées que les jeunes, et c’est la raison pour laquelle plus on avance en âge, plus l’apport en micronutriments revêt une importance vitale.
Les carences en minéraux : un effet direct sur la longévité ?
C’est un fait établi : les carences en minéraux accélèrent le vieillissement en activant des gènes qui altèrent la santé de l’organisme. Ainsi, la faiblesse musculaire, induite par la carence en potassium, active le gène mTORC1, qui accélère le phénomène de vieillissement.
Cela est aussi valable pour9 :
- l’anémie, due à l’absence de fer ;
- les problèmes osseux (déficit en calcium) ;
- les goitres (déficit en iode) ;
- les troubles neurologiques (carence en magnésium) ;
- les maladies du cœur dues à un désequilibre sodium/potassium ;
- la fatigue musculaire due au manque de soufre ;
- le déchaussement dentaire dû à une carence en fluor.
Au contraire, il est avéré que les minéraux ont un rôle important dans la prévention des maladies et sont donc indispensables pour une bonne santé :
- le phosphore pour la minéralisation des os ;
- le potassium pour la contraction des muscles ainsi que l’efficacité des glandes surrénales et des reins ;
- le calcium pour la calcification des os et la santé des nerfs ;
- le magnésium pour la protection des neurones ;
- le soufre pour la prévention de l’arthrite, des douleurs musculaires et pour le remplacement des cartilages. C’est également un bon détoxifiant pour le foie ;
- le fluor pour la prévention des caries ;
- l’iode pour la prévention de l’hyper- thyroïdie ;
- le fer pour l’hémoglobine ;
- le sel pour la fonction cardiaque (dans des proportions raisonnables, évidemment), par l’activation de l’aldostérone ;
- le silicium pour reminéraliser ;
- le zinc pour la fertilité, l’immunité – de même que le cuivre.
Alimentation saine ou complémentation ?
Évidemment, c’est une alimentation saine qu’il faut viser, afin de ne pas avoir à prendre de compléments alimentaires. Mais nous savons que la nourriture moderne est de moins en moins chargée de vitamines et de minéraux, à cause d’une sélection variétale favorisant le volume récolté plutôt que la densité nutritionnelle.
Ainsi, entre 1950 et 1999, les universitaires américains ont constaté une forte baisse des micronutriments dans les récoltes10 : – 18 % en vitamine A, – 15 % en calcium, – 14 % en fer, – 38 % en vitamine B2, – 20 % en vitamine C. Il y a lieu de croire que cette tendance n’a pas été freinée ces vingt dernières années, et même qu’elle s’est accélérée – comme l’accroissement des maladies chroniques dans la population.
Le mieux reste de cultiver ses propres plants dans son jardin… Mais est-ce suffisant pour se nourrir ? Avoir un verger ou un potager, c’est une chose ; être autosuffisant en est une autre. Ça demande du temps et de l’espace ! Et quand on sait que le travail se trouve surtout en ville, il n’est pas facile de trouver le bon équilibre de vie. D’où l’importance de la complémentation. Des nutriments qui pénètrent bien dans l’intestin peuvent modifier l’état de santé d’une personne, surtout si elle est en carence grave de micronutriments aussi importants que le magnésium, le zinc, la vitamine D ou C.
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Une telle pénétration est aujourd’hui parfaitement réalisable avec la technique de l’encapsulement liposomal. Il s’agit d’enrober les nutriments avec des phospholipides, ces mêmes graisses qui forment les parois des cellules. Ainsi, non seulement ils sont parfaitement protégés, mais ils peuvent rentrer à coup sûr dans la paroi intestinale, où ils sont reconnus et absorbés avant d’être traités par l’organisme. Cette technique liposomale représente aujourd’hui le nec plus ultra de la micronutrition. Elle n’a cessé de prendre de l’importance dès lors que les carences sont devenues notre quotidien, depuis quelques années.
Bien sûr, il est à souhaiter que l’agriculture s’assainisse complètement, que nous revenions à des pratiques vertueuses, ou du moins que les coopérations intelligentes se développent davantage, de façon à démocratiser une nourriture saine.
Il n’en reste pas moins que face aux carences que nous avons développées au fil des années, et accentuées par la surconsonsommation de diurétiques (thé, café, tisanes), la complémentation reste une solution appréciable et efficace.
Références :
- G. Du Laing, M. Petrovic, C. Lachat, et al., dans Nutrients, 2021.
- H. Payette, V. Boutier, C. Coulombe et al., dans J Am Diet Assoc, 2002.
- A. Kallner, D. Hartman, D. Hornig et al., dans American Journal of Clinical Nutrition, 1979.
- A. Murata, F. Morishige et H. Yamaguchi, dans Int. J. Vitam. Nutr. Res. Suppl., vol. 23, 1982.
- P. Brachet, A. Chanson, C. Demigné, et al., dans Cambridge University Press, 2007.
- H. A. Hajar Al Binali, dans The official journal of the Gulf Heart Association, 2014.
- Sixty seconds on . . . vitamin D, BMJ, 2020.
- R. Chowdhury et al., dans British Medical Journal, 2014 .
- Nyshadham S.N. Chaitanya, S. Sahu, dans Mammals, 2020.
- D. R. Davis, M. D. Epp et H. D. Riordan, dans Journal of American College of Nutrition, 2004.
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