La vitamine D pourrait prévenir l’évolution du cancer de l’ovaire

Le cancer de l’ovaire est l’un des plus meurtriers chez la femme. Il n’existe pas de test de dépistage systématique, et les signes avant-coureurs ne sont pas évidents à appréhender. Seul le toucher vaginal, grâce auquel le/la gynécologue peut reconnaître un ovaire anormalement gros, met généralement en alerte.

Cancer de l’ovaire : souvent diagnostiqué tardivement

Les premiers stades d’un cancer de l’ovaire sont souvent accompagnés d’une fatigue inhabituelle et persistante, d’une sensation de ballonnement, de besoins plus fréquents d’uriner ou encore d’un amaigrissement consécutif à une perte d’appétit ; mais comme c’est un cancer de la seconde moitié de la vie (âge moyen : 69 ans), où ces symptômes ne sont pas exceptionnels, ils ne mettent pas systématiquement la puce à l’oreille.

Le cancer de l’ovaire est encore relativement « rare » : en 2020 en France, le nombre de diagnostics était estimé à près de 5 300, avec 3 900 décès à la clé, ce qui traduit un pronostic souvent défavorable. Le caractère sournois du développement de ces tumeurs a pour résultat une détection à un stade souvent évolué, avec déjà une atteinte du péritoine, qui hypothèque généralement les chances d’une issue favorable. S’il est diagnostiqué précocement, les chances de rémissions sont, en revanche, assez élevées (9 cas sur 10).

Bloquer l’évolution vers le péritoine

Le cancer de l’ovaire évolue souvent, avant même sa détection, vers une carcinose péritonéale. Le péritoine est la membrane qui recouvre la cavité abdominale et maintient les viscères qu’elle contient. Lorsque des métastases d’un cancer de l’ovaire contaminent le péritoine, cette nouvelle atteinte cancéreuse entraîne généralement l’envahissement progressif de l’ensemble de la cavité abdominale et de ses organes, quelques fois jusqu’au diaphragme. On observe alors souvent une distension progressive de l’abdomen liée à une ascite (accumulation de liquide). Le caractère diffus des tumeurs, à ce stade, rend les traitements très aléatoires, et le pronostic souvent défavorable.

Des chercheurs de la Nagoya University School of Medicine (Japon) ont mis en évidence, dans des modèles précliniques (in vivo et modèles animaux), que la vitamine D aurait le potentiel de contrecarrer le processus de carcinogenèse des cellules mésothéliales du péritoine (couche des cellules qui tapisse la surface interne). La vitamine D, dans les résultats de leurs travaux, semble éviter que ces cellules soient détournées vers une « spécialisation » propice à l’adhésion des métastases par une protéine appelée TGF-β1, secrétée par les cellules ovariennes cancérisées. Mieux encore, ces travaux suggèrent que la vitamine D serait capable, à des taux suffisants , de restaurer et normaliser un microenvironnement péritonéal déjà compromis. Ils émettent l’hypothèse que la vitamine D pourrait ainsi s’avérer une nouvelle stratégie prometteuse pour prévenir la dissémination du très redouté cancer de l’ovaire, et appellent à des essais cliniques pour le vérifier.

Source :

« Peritoneal restoration by repurposing vitamin D inhibits ovarian cancer dissemination via blockade of TGF-β1/thrombospondin-1 axis », Matrix Biology, Mai 2022 – doi : 10.1016/j.matbio.2022.03.003