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Les chercheurs ont administré de faibles doses de pénicilline à des souriceaux et ont évalué les modifications de leur microbiote, mais aussi celles de l'expression de certains gènes essentiels au bon développement de leur cerveau. Pour rappel, les pénicillines sont une grande famille d’antibiotiques (Amoxicilline, Augmentin, Clamoxyl) fréquemment prescrits en pédiatrie en cas d’infections (otites sinusites, infections respiratoires basses, etc.). Certaines recherches observationnelles antérieures avaient déjà pointé à une possible corrélation entre exposition précoce aux antibiotiques et troubles du neurodéveloppement mais avec des résultats contradictoires et, surtout, sans explication sur les mécanismes explicatifs qui pourraient être en cause.

Les chercheurs ont donc comparé leurs observations sur des jeunes souris exposées à de faibles doses de pénicilline avec celles faites sur des souris non exposées. Résultats : les souris qui avaient reçu la pénicilline présentaient des modifications de leur microbiote intestinal ainsi qu'une altération de l'expression de certains gènes dans le cortex frontal et l'amygdale, deux zones clés du cerveau impliquées notamment dans le développement de la mémoire, de la gestion de la peur ou du stress.

Preuve supplémentaire des interactions entre intestin et cerveau, ces travaux suggèrent ainsi qu'une perturbation précoce du microbiote serait susceptible d’induire chez l’humain une altération permanente de la structure et des fonctions du cerveau, et donc d’entraîner des troubles neuropsychiatriques ou neurodégénératifs dans l'enfance ou à l'âge adulte. Ceci pourrait contribuer à expliquer l'augmentation des troubles du neurodéveloppement chez les enfants que l'on observe depuis des années, tels que les troubles du spectre autistique, les troubles du déficit de l'attention/hyperactivité ou encore les difficultés d'apprentissage. L’amélioration du diagnostic de ces troubles conduit certes à dépister plus de cas, mais ces travaux devraient, alertent les auteurs, conduire à plus de recherches sur le sujet et, en attendant, inciter à une plus grande vigilance autour de la prescription précoce des antibiotiques.

Hasard du calendrier, ce 12 juillet une publication émanant de l’Inserm tire la sonnette d’alarme concernant la prescription trop élevée de médicaments (principalement des analgésiques et des antibiotiques) aux enfants, en particulier aux moins de 6 ans. L’institut estime que « les enfants les plus jeunes sont particulièrement vulnérables aux effets indésirables à court et à long terme des médicaments. De plus, le profil de sécurité de nombreux médicaments utilisés en pédiatrie n’est que partiellement connu »

Références

« Effects of early-life penicillin exposure on the gut microbiome and frontal cortex and amygdala gene expression », iScience, juillet 2021.