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Violences obstétricales. C’est quoi, ce scandale ?

  • En France, le taux de césarienne est passé de 5% il y a 35 ans à 20% aujourd'huiEn France, le taux de césarienne est passé de 5% il y a 35 ans à 20% aujourd'hui
Article paru dans le journal nº 50

Épisiotomies de routine, parfois à vif, césariennes inutiles, mépris, humiliation, chantage pour que soient pratiqués des actes médicaux non souhaités. Ce tableau effarant n’est pas celui d’un pays sous-développé du xixe siècle, mais de nos maternités, en 2017. Il était temps qu’un collectif se mobilise sur cette consternante et inacceptable situation.

N’étant pas directement – et pour cause – concerné par les « violences gynécologiques et obstétricales », j’avoue avoir fait l’impasse sur cette question. Jusqu’à ce qu’une amie proche accouche dans un fameux centre hospitalier (l’hôpital de la Salpêtrière, à Paris). Un accouchement parmi des centaines d’autres. Et c’est justement peut-être à cause de cette « centaine d’autres » que l’équipe médicale a proposé à mon amie – que nous appellerons ­Delphine – un accouchement par césarienne. Aucune raison thérapeutique n’a été invoquée, si ce n’est les longueurs douloureuses d’un accouchement au parfum d’éternité. Elle m’a confié que l’obstétricien lui a fait miroiter un accouchement rapide.

Delphine, dans les vapes, dans l’incapacité d’arbitrer une quelconque décision, inexpérimentée – c’était son premier accouchement –, accepte. Que l’accouchement dure trop longtemps pour l’enfant, pour la mère, voire pour l’hôpital, reste que cette histoire m’a sensibilisé à la question des « violences obstétricales et gynécologiques ».

Situation effarante

Bien moins évidemment que des femmes, victimes ou témoins de victimes, dont ­Madeline Da Silva, maire adjointe (société civile) des Lilas (dans le 93, en Île-de-France). Après s’être érigée contre les violences faites aux femmes en étant instigatrice d’une pétition demandant l’inéligibilité des élus coupables de harcèlement et de violences sexuelles, la voilà qui s’attaque aux violences gynécologiques et obstétricales. Et ce qui me semblait n’être qu’un cas isolé avec mon amie Delphine, se trouve être bien plus – beaucoup trop – fréquent.

C’est en utilisant les mêmes moyens que pour son combat contre les violences faites aux femmes par les élus qu’elle remet « le couvert » : mobilisation citoyenne, regroupant aussi bien des intellectuels, des médecins, des « blogueurs », des directeurs d’hôpitaux, des réalisateurs, des présidents d’association. Tous et toutes mobilisés contre ce qui semble être un fléau, un véritable scandale.

Car ces dernières années, de nombreuses femmes ont brisé le tabou et le silence en témoignant des conditions « anormales » de leur accouchement. Les raisons de cette mobilisation ? Des milliers de témoignages que des associations, des sites, des réseaux sociaux ont recueillis, et qui font état d’actes douloureux infligés sans que les victimes puissent s’y opposer, d’« expression abdominale » (technique médicale, pourtant prohibée, qui consiste à exercer une pression violente sur le ventre), d’épisiotomie de routine et parfois sans anesthésie, de césarienne dont l’utilité n’était pas démontrée, comme pour mon amie Delphine, de césarienne sans anesthésie, de révision utérine sans anesthésie, etc.

En France, le taux de césarienne est passé de 5 % il y a 35 ans à environ 20 % en moyenne aujourd’hui. Les risques de complications et de mortalité infantile et maternelle n’ont pas diminué malgré l’augmentation du nombre de césariennes. À titre de comparaison, le taux de césarienne est de 6 % aux Pays-Bas et le chiffre de mortalité y est inférieur à celui de la France.

S’ajoutent à cette liste nombre de témoignages faisant état d’impolitesse, d’attitudes méprisantes voire d’humiliations et de chantages pour faire accepter des actes médicaux. Sur 1 600 jeunes mères interrogées par WeMoms (réseau social dédié aux mères), 23 % ont déclaré avoir subi des violences physiques ou verbales.

Pour un plan national

On pourrait se faire l’avocat du diable et arguer que l’état émotionnel extrême d’une femme accouchant peut la rendre beaucoup trop sensible et… l’amener à exagérer les situations médicales auxquelles elle est confrontée. Mais c’est oublier un peu vite que la question semble assez sérieuse et inquiétante pour pousser le Haut Conseil à l’Égalité à commander un rapport sur les violences obstétricales (qui devait être assez dangereux pour être méprisé, comme de bien entendu, par les représentants des gynécologues obstétriciens).

Devant des conditions d’accouchement indignes d’une société qui se voudrait respectueuse des femmes, Madeline Da Silva et le collectif Stop aux violences gynécologiques et obstétricales plaident pour un plan national de lutte contre les violences, pour la reconnaissance des atteintes à l’intégrité physique des femmes, et pour des inspections plus rigoureuses et efficaces pour contrôler l’application dans les hôpitaux des recommandations médicales actuelles relatives à l’accouchement, ainsi que la mise en œuvre de la loi Kouchner de 2002 (plus particulièrement sur le droit à l’information des patientes et sur leur consentement libre et éclairé à chaque acte médical).

Pour soutenir le collectif, une pétition est en ligne ici.

Vous l’avez compris, ­Alternative Santé l’a déjà signée.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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