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Quand la forêt nous soigne

  • Quand la forêt nous soigne
Article paru dans le journal nº 61

Une marche de deux heures au milieu des arbres abaisse la pression artérielle, améliore les fonctions cardio-vasculaires et le système immunitaire, diminue le taux de glycémie et les marqueurs du stress et aide à mieux dormir. Des bénéfices mesurés scientifiquement par le Dr Qing Li de l’université de Tokyo (Japon).

L’homme est en passe de devenir une espèce urbaine. Selon les chiffres de l’ONU, la population mondiale peuplant les villes est passée de 746 millions d’individus en 1950 à 3,9 milliards en 2014. En 2050, ce sont 75 % des 9 milliards de personnes peuplant la planète qui vivront en ville. Non seulement en ville, mais encore dans les bâtiments, travail et modes de vie contribuant à faire de nous une espèce d’intérieur. À l’heure actuelle, les Européens passent ainsi 90 % de leur temps dans des espaces clos, de la maison au bureau en passant par les transports et certains loisirs (musées, cinéma, etc.).

Or cette façon de vivre éloignée de la nature engendre du stress, des troubles du sommeil et de l’humeur et, plus généralement, des dérèglements au sein des grands cycles naturels de nos organismes participant à la régulation de notre santé. Le problème est encore plus prégnant dans les mégalopoles.

Le mal des cités

À Tokyo (Japon), ville la plus peuplée au monde, on compte 13,5 millions d’habitants et une densité de population de 6 158 personnes au kilomètre carré (contre 2 844 pour Paris, par exemple). De tels chiffres, associés aux longs trajets des banlieusards pour se rendre à leur travail, au stress professionnel et au fait de rester quasiment toute la journée devant un écran, confinent à l’extrême fatigue, à la dépression et au burn-out (syndrome d’épuisement au travail) de nombreux Tokyoïtes, quand ce n’est pas à une addiction aux écrans.

Autant de raisons qui ont poussé le Dr Qing Li, médecin immunologiste au Département d’hygiène et de santé publique de l’université de médecine de Tokyo, à se pencher sur une ancienne pratique apparemment anodine : la marche en forêt. Ou plutôt le « bain de forêt », démarche consistant à s’immerger dans l’atmosphère d’une forêt et à s’en imprégner par l’intermédiaire de nos cinq sens : respirer les odeurs de la terre et des essences d’arbres, regarder la couleur des feuilles, des fleurs, du sol, des troncs et des branches, sentir sur sa peau l’air chaud ou frais qui passe à travers le feuillage, écouter le bruissement des feuilles, le bruit d’un cours d’eau, le gazouillis des oiseaux, ou encore goûter les délicats arômes qui emplissent l’air des forêts… Ce n’est qu’une fois mis tous les sens en éveil que peut démarrer la reconnexion à la nature.

Des tests sur l’immunité vraiment probants

Le Dr Qing Li a effectué, entre 2004 et 2012, des tests scientifiques sur des populations bénévoles : analyses salivaires, examens d’urine, prises de sang avant et après un bain de forêt. Les résultats sont sans appel. Ils montrent notamment une baisse de cortisol – l’hormone principale du stress –, un renforcement du système immunitaire des « baigneurs », avec notamment une activation des cellules NK (natural killer), ces sentinelles chargées de détruire les cellules cancéreuses.

Le Dr Li a également constaté chez les sujets étudiés une réduction de leur pression artérielle, une baisse de leur taux de glycémie, une amélioration de leurs ­capacités de concentration et de mémoire, mais aussi de leur santé cardio-vasculaire et métabolique. Les promeneurs en forêt ont également tous rapporté ressentir une plus grande qualité de sommeil et une meilleure récupération de la fatigue. Une habitude à prendre ! l

Certains arbres sont plus puissants 
que d’autres

Pour le médecin chercheur, les vertus des forêts ne sont pas magiques. Les arbres agissent sur l’organisme par le biais des phytocides, des molécules qu’ils diffusent dans l’air pour se défendre contre les bactéries et les champignons, et que l’homme absorbe par la peau et les voies respiratoires lorsqu’il se promène en forêt ou dans les parcs des villes. Mais si tous les végétaux ont une action positive, certains sont plus puissants que d’autres : les cyprès diffusent ainsi la plus grande quantité de phytocides. Et plus la densité d’arbres est grande, plus l’effet est important. Pour en profiter, il est important d’entrer en forêt dans un état d’esprit différent de celui que l’on a en ville, les yeux rivés sur son smartphone. Il est possible d’y aller seul, en couple, en famille, avec des amis ou accompagnée d’un botaniste. Nul besoin d’enlacer les arbres comme on l’entend parfois, le seul impératif est d’être pleinement présent. Deux heures de marche dans un bois auraient ainsi des effets positifs durant une semaine.

 

Aller plus loin :

Shinrin Yoku – L’art et la science du bain de forêt, par le Dr Qing Li, éd. First, 320 p., 17,95 e.

Découvrez également l'interview du Dr Qing dans le numéro 191 du magazine Plantes & Santé

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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