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Les (vrais) parasites de la Sécu

  • Les (vrais) parasites de la Sécu
Article paru dans le journal nº 113

Big Pharma. Ce terme journalistique désigne les plus gros groupes pharmaceutiques, dans un ensemble certes ultra-concurrentiel, mais aux objectifs et méthodes communes. Notamment celles qui consistent à « racketter » la Sécurité sociale. C’est le sujet d’un livre remarquable1 de Rozenn Le Saint qui vient de paraître au Seuil.

Pendant que des hommes (et des femmes) politiques s’évertuent à désigner des catégories de la population responsables du trou de la Sécu, les labos, eux, passent entre les gouttes et se font un de ces beurres. Prenons le cas du Zolgensma, de Novartis, censé traiter une maladie pédiatrique rare : l’amyotrophie spinale. Cette thérapie génique a obtenu son autorisation de mise sur le marché (AMM) aux États-Unis, et son tarif en fait le médicament le plus cher du monde, à 2 millions d’euros la dose unique. Ce médicament, prescrit à une centaine d’enfants chaque année, fait péter les scores, puisqu’il coûte à lui seul à la Sécu (la Sécu, c’est nous) 200 millions d’euros. Pas mal pour une thérapie qui, avant qu’elle ne soit rachetée par le géant suisse via une start-up américaine, est issue du Téléthon et de la recherche publique via les labos de Necker, du Généthon et du CNRS, donc financée par les dons des particuliers et les subventions de l’État (les subventions de l’État, c’est nous). Autre exemple, le Kaftrio de Vertex. Certes, le service médical rendu (SMR) de ce traitement contre la mucoviscidose est majeur. Mais il a un sacré coût. Le tarif de la plaquette est fixé par Vertex à 10 158,27 euros. Couplé au Kalydeco, le prix du traitement s’élève à 222 700 euros par an et par malade. On estime qu’environ 200 enfants atteints de mucoviscidose naissent chaque année en France.

Et que dire du Sovaldi de Gilead, traitant l’hépatite C chronique, et dont le tarif en 2014 s’envolait à 41 000,00 euros ? Remboursé à 100 %, son tarif actuel est fixé à 8 300,88 € alors que son coût de production n’excède pas quelques… dizaines d’euros2. En 2017, ce seul traitement avait déjà coûté à la Sécu, 702 millions d’euros depuis son AMM en 2014. 702 millions d’euros en trois ans.

Puisque Big Pharma ne peut plus justifier les tarifs de ces médicaments par l’investissement en R&D, il a inventé un nouveau mantra : ces tarifs sont liés à leur efficacité. Avec ce genre d'arguments, Big Pharma achève l'autoportrait d'un secteur industriel résolument sociopathe.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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