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Des progrès dans la prise en charge de l’électrosensibilité

  • L'électrosensibilité commence tout juste à être reconnueL'électrosensibilité commence tout juste à être reconnue
Article paru dans le journal nº 59

Dans un rapport très attendu sur l’électrosensibilité, l’Anses fait un pas remarqué vers une reconnaissance de la maladie et de ses souffrances, mais reste en retrait quant à l’identification du lien de cause à effet avec les expositions aux ondes.

Enfin ! Il aura fallu quatre ans à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) pour publier son rapport sur l’électrosensibilité. Ce sujet controversé oppose depuis 20 ans les personnes se déclarant électrohypersensibles (EHS) et les pouvoirs publics sanitaires, pour lesquels « ça se passe dans la tête ». Une situation ubuesque, sachant que « l’intolérance environnementale idiopathique attribuée aux champs électromagnétiques » – le nom savant de l’électrosensibilité – toucherait, selon l’Anses elle-même, 5 % des Français, soit environ 3,3 millions de personnes. Une situation préoccupante aussi, au vu des troubles associés à l’EHS : sommeil perturbé, fatigue, maux de tête, difficultés d’attention et de mémoire… Les conséquences sont parfois si graves sur la vie professionnelle, sociale et personnelle qu’elles peuvent mener à la dépression, voire au suicide.

Très attendu donc, ce rapport de l’Anses a mobilisé une quarantaine d’experts sur une synthèse de la littérature scientifique et les auditions de très nombreux chercheurs, médecins, spécialistes et associations concernées. « Il s’agit de la première véritable expertise collective sur l’électrosensibilité. Nous y avons été directement associés, et une grande partie de nos contributions, y compris lors de la consultation publique, ont été intégrées au rapport final », insiste Sophie Pelletier, présidente de l’association Priartem et elle-même atteinte d’électrosensibilité. Créée en 2000, l’association Pour rassembler, informer et agir sur les risques liés aux technologies électromagnétiques (Priartem) a été rejointe en 2014 par le Collectif des électrosensibles de France. Forte de plusieurs milliers d’adhérents, la structure œuvre à la fois auprès des particuliers atteints d’EHS pour les informer, les orienter et les défendre, mais aussi auprès des pouvoirs publics, pour une amélioration de la connaissance de l’intolérance aux ondes sur les plans scientifique, médical et social.

Les limites des études passées

Autre point de satisfaction : la reconnaissance des douleurs des personnes se déclarant EHS, qui, selon l’Anses, « correspondent à une réalité vécue ». « Non seulement l’Anses prend en compte ces souffrances, mais encore elle demande une prise en charge médicale et une meilleure formation des acteurs sanitaires et sociaux. C’est le début d’une nouvelle relation aux patients, qui se sentiront enfin écoutés », se félicite Sophie Pelletier.

Ce rapport ne constitue pas cependant une avancée sur tous les points, notamment sur l’existence d’un lien de causalité entre les symptômes de l’EHS et l’exposition aux ondes électromagnétiques. Ici, l’Anses botte en touche… en laissant la porte ouverte : leur rapport, qui souligne les « limites méthodologiques des recherches passées », n’exclut pas strictement le lien de cause à effet, mais demande que de nouvelles études avec de nouveaux protocoles soient menées. « Des points cruciaux sont tranchés dans cette expertise, se réjouit pourtant la présidente de Priartem. L’Anses met en lumière la capacité de personnes EHS à détecter des champs de basses fréquences, ce qui est fondamental. De plus, comme en 2013, elle réaffirme l’impact des ondes électromagnétiques sur le fonctionnement du cerveau. Ce n’est pas encore la révolution, mais ça va dans le bon sens. » Face à des signaux avérés et inquiétants, les acteurs associatifs demandent de leur côté plus que jamais l’application rapide du principe de précaution.

 

Aller plus loin :

Priartem

 

 

 

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