Sabrina Debusquat
Un cancer surdiagnostiqué est un cancer asymptomatique détecté lors d’un dépistage mais qui n’aurait jamais évolué et impacté la vie du patient. Or la plupart des personnes chez qui on diagnostique un cancer de la thyroïde subissent une thyroïdectomie totale et des traitements à vie.
C’est ce qui serait arrivé à 830 000 femmes et 220 000 hommes dans le monde sur la période 2008-2012 selon l’étude qui a « analysé les données les plus récentes et de haute qualité provenant des registres du cancer » de 26 pays.
En France, il est estimé que 83 % du total des cancers de la thyroïde diagnostiqués l’ont été à tort (soit 25 000 Françaises concernées sur la période). L’hexagone fait partie des plus mauvais élèves avec la Corée du Sud (93 %), la Chine (87 %) et l’Italie (84 %). Bien que les chiffres restent élevés, le Danemark, la Norvège, l’Irlande, le Royaume-Uni ou encore le Japon s’en sortent mieux avec des taux de 45 à 65 %. La même tendance est observée chez les hommes mais le taux de surdiagnostic est généralement inférieur de 10 %.
Selon les auteurs de l'étude, le surdiagnostic du cancer de la thyroïde est « la conséquence directe d'une surveillance accrue de la glande thyroïde et de l'introduction de nouvelles techniques de diagnostic (échographie du cou, tomodensitométrie et IRM) qui peuvent permettre de détecter un grand nombre de tumeurs non mortelles » et le problème est « exacerbé dans les pays où les services de santé sont largement non réglementés, majoritairement privés, et donc basés sur le marché. »
D’après ces chercheurs, ce phénomène devra être « suivi de près » maintenant que les récentes directives recommandent désormais explicitement de ne pas dépister le cancer de la thyroïde chez les personnes asymptomatiques.
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SOURCES :
Li M, Dal Maso L, Vaccarella S (2020). "Global trends in thyroid cancer incidence and the impact of overdiagnosis". Lancet Diabetes Endocrinol. Published online 20 May 2020. https://doi.org/10.1016/S2213-8587(20)30115-7