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Pierre Rabhi, interview en coulisses et souvenirs d'enfance

Pierre Rabhi au Casino de Paris
Article paru dans le journal nº 42

On ne présente plus Pierre Rabhi. Pionnier de l’agro-écologie, écrivain visionnaire, le père de la sobriété heureuse et de la convergence des consciences, titre de son dernier essai paru aux éditions Le Passeur, était l’invité d’honneur d’un spectacle inédit au Casino de Paris. Vous le connaissez côté jardin, potager et biodynamique ? Claude Corse vous invite à le découvrir côté cours de méditation, huile essentielle de romarin et suint de mouton…

Presque intimidé par la rampe d’ampoules qui encadre la glace de sa loge, Pierre Rabhi n’a pas l’air très à son aise derrière les tentures pourpres du Casino de Paris, temple de la société du spectacle. Un décor inhabituel pour celui qui pense le monde à travers les grands espaces, le respect de la nature et des rapports humains authentiques, sans strass ni paillettes… Heureusement, ce soir-là, le public venu assister au spectacle donné à partir de ses textes était surtout composé d’amis et de militants…

L’attachée de presse s’incruste

Faussement effacée dans un coin de la pièce, une attachée de presse s’incruste. Croit-elle devoir imiter ces agents de stars d’Hollywood qui distillent le temps d’interview des artistes quand ce ne sont pas leurs propos ? Pierre Rabhi n’a pas vraiment le profil showbiz : cette présence détone avec la simplicité du personnage et plombe l’ambiance de notre entretien, qui débute avec vingt minutes de retard sur le planning officiel. Mais que fait l’attachée de presse ? Notre invité s’en amuse…

Société de consommation

J’étais venu pour l’interroger sur son dernier opus « La convergence des consciences » paru aux éditions Le Passeur. Mais la tentation est forte pour cet agro-écologiste engagé de dénoncer les affres de la société de consommation qui court au désastre faute d’un regard lucide sur le monde fini qui l’entoure : « On est dans l’impasse ; il faut repartir sur d’autres critères (…) »

Bon appétit ? Bonne chance !

« Le schéma actuel de la modernité n’est pas généralisable, martèle le père de la sobriété heureuse, qui pointe le culte de la croissance et de la consommation de masse… Veut-on le dépôt de bilan planétaire ? Ce modèle n’est pas inépuisable, il consomme énormément d’énergie et empoisonne la terre. Jadis, on se souhaitait “bon appétit” en passant à table. Aujourd’hui, on se souhaite “bonne chance”… »

Réveil des consciences

Signe des temps, les consciences convergent vers un nouveau paradigme : « Une mutation géopolitique globale est en marche », insiste-t-il. Effet d’aubaine : les opinions publiques s’interrogent sur le futur… Ça tombe bien : « La  croissance est une aberration. La planète ne peut pas renouveler les baleines et les forêts au rythme où l’on les prélève… »

Développement humanisé

Une chose est sûre : Pierre Rabhi ne se contente pas de mettre en accusation les lobbies agro-industriels qui empoisonnent la planète et assassinent les peuples à petit feu au nom du veau d’or libéral. Il a joint les actes à la parole ; parfois au prix de quelques raccourcis anti-colonialistes discutables mais passons. A l’en croire, la santé de la planète passe par un développement humanisé, où la concentration humaine dans les villes n’est pas une fatalité, non plus que la désertification des campagnes.

J’ai incarné la sobriété

Devenu ouvrier agricole et artisan fromager, le chevrier a vite compris au contact de l’agriculture intensive, l’aveuglement d’un modèle de société qui n’a qu’un mot d’ordre : la croissance. « J’ai incarné la sobriété face à l’insatiabilité programmée, servie et vendue par la publicité… »-

L’homme, un être complexe

Empoisonné par les pesticides et la malbouffe, l’homme moderne doit se préoccuper de sa santé. Pas question de se contenter des campagnes de vaccination de Big pharma. L’homme est un être multidimensionnel. « Comment croire qu’on peut aborder la santé par le système actuel ? On peut avoir le foie détraqué à cause de la tête. L’humain est un être complexe… »

Le poids des émotions

« Systématiser la médecine allopathique et instaurer des prescriptions « pétrifiées » ne correspond pas à l’être humain, insiste Pierre Rabhi. L’être est sensibilité, émotions, humeurs, psyché… » N’hésitant pas à prêter aux émotions une grande responsabilité dans la santé globale, le créateur du mouvement Colibri, qui prône le changement intérieur, affirme qu’abandonner la cravate, ouvrir la ceinture et tomber les bretelles constituent les ingrédients d’une bonne santé, incompatible, selon lui, avec ces marques d’asservissement…

Transformation intérieure

Au-delà du symbole, la transformation intérieure met l’homme sur la voie d’une démarche de transition individuelle et collective à l’image du frêle colibri qui s’acharne à jeter quelques gouttes d’eau sur l’incendie qui ravage sa forêt. « Je sais mais je fais ma part » répond-il au tatou qui s’étonne de cette vaine agitation. Autant dire qu’en prenant soin de votre santé, vous servez la cause de la planète et de tous les hommes qui l’habitent…

La condition animale

Ardent défenseur d’une alimentation bio tirée d’une terre vivante, Pierre Rabhi n’est pas végétarien. « Ça surprend, mais c’est une question d’équilibre… » En revanche, il est intransigeant avec la protection de la condition animale : « Les animaux doivent être respectés ». D’un naturel intuitif, il se laisse souvent guider par son instinct et son bon sens paysan, à l’écoute de la terre, du vent et des étoiles…

Je médite partout

« Je ne suis pas un adepte des cours de méditation ; je n’ai pas besoin de me mettre en condition dans un temps particulier, en allumant une bougie ou avec du parfum pour méditer. En fait, la méditation est dans la réalité et je médite partout. Comme maintenant avec vous… »

Observer et questionner

« La santé, c’est l’affaire de chacun, poursuit-il. Il est important de préserver ce corps extraordinaire qui nous est donné ; en prendre soin, c’est se respecter soi-même… » On le devine partisan d’une médecine intégrative, qui appréhende l’homme dans sa globalité. « Oui, les scientifiques doivent observer et s’interroger ; le praticien ne doit pas rejeter une thérapie non académique a priori… »

HE de romarin bio

Joignant le geste à la parole, il tire de sa poche une huile essentielle bio de romarin. « Je sais que sa vibration me correspond… ça n’a rien de scientifique ! » Je me suis bien gardé de lui demander s’il l’emploie pour fortifier les cheveux ou contre l’arthrite… « Il y a une réalité tangible et une autre qui échappe à l’entendement ordinaire ; à nous de la trouver autrement… »

Piqûre mortelle de scorpion

En veine de confidences, notre improbable rock star d’un soir me livre un souvenir d’enfance qui le marquera toute sa vie : « J’ai été piqué dans le cou par un scorpion quand j’étais petit... Un endroit peu recommandé pour faire un garot, plaisante-t-il. Mon visage était raide et j’étais en train de mourir… il faut dire que chez nous, une piqûre de scorpion, ça ne rigole pas… »

Secrets de guérisseur

« Mon pauvre père était désespéré. Il a fait venir un guérisseur itinérant qui m’a fait boire une potion dans un bol où il avait écrit des versets du coran au suint de mouton… Il a remué, j’ai bu. Voilà comment j’ai échappé à la mort ce jour-là… » Depuis, mon père a imploré ce tradi-médecin de lui transmettre ses secrets. Ce qu’il fit. C’est ainsi qu’il a pu pratiquer cette médecine spirituelle sur des malades hurlants. Il les guérissait. Je peux en témoigner… »

Pour aller + loin

La convergence des consciences

De Pierre Rabhi. Editions Le Passeur. 240p. 17,90 €

www.pierrerabhi.org/

www.terre-humanisme.org/

https://www.colibris-lemouvement.org

 

 

 

 

 

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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