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Le mépris tue aussi
Prenez les mots se finissant par « cule ». Ils ont le don pour moi de jeter un blanc. Tentacules, particules (les fines)… Jean Ferrat chantait : « Pourtant, que la montagne est belle… » Il aurait eu moins de succès s’il avait chanté les louanges d’un monticule. Bref, ces joyeusetés pour vous rappeler qu’en 2003, on a connu la canicule. Pas un simple épisode de chaleur, mais la vraie, qui se définit par de fortes températures de jour – et surtout de nuit –, pendant un temps minimum de 72 heures.
De la chaleur, on en a mangé matin, midi et soir. Et pas que 72 heures, mais 240 ! Dix jours à l’étouffée et… 15 000 décès au menu. L’horreur absolue qui a valu un moment inédit : on a parlé du rapport chaotique que notre société entretenait avec la vieillesse. On a entendu « rejet », « oubli », « abandon ». Nous avions assisté à une hallucinante séance d’excuses collectives sur fond de « plus jamais ça ». Seulement, rien n’a changé. Si passé les trente degrés, mémé Colette se rappelle à notre bon souvenir au point que l’on daigne lui passer un petit coup de fil, on s’enfonce dans une société qui ne voit les vieux que selon trois axes : les vieux sont « inutiles », car ce sont des rebus incompatibles avec le fonctionnement de la société, trop vieux pour le comprendre, trop lents pour le suivre, trop réticents pour s’y adapter ; les vieux sont « séduisants » parce qu’ils seraient une source de profit (les fameux seniors, catégorie qui fait frémir les manitous du marketing) ; les vieux sont « indispensables » à des fins statistiques, pour que l’État puisse fièrement crâner avec de belles courbes d’espérance de vie.
J’exagère ? Je me trompe en affirmant que passé cinquante ans, un salarié ne trouve pas de travail parce qu’on l’estime trop vieux ? Que la société exerce une telle pression, qu’au regret de ne plus être jeune, on impose aux seniors la honte de vieillir ? Nous ne nous étions penchés sur nos « vieux » que parce que la canicule avait révélé notre inhumanité. Alors, à l’heure où l’automne approche, sachez ce qu’aucun média n’avait dit lors de cet épisode : l’hiver tue autant de vieux que l’été. L’occasion de lui passer un petit coup de fil, à mémé Colette.
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