Le chikungunya est à nos portes ?

Rappelez-vous. Quand le moustique tigre a traversé nos frontières en métropole, on se consolait (comme on pouvait) en se disant que, dans les climats tempérés, il ne lui était pas possible de transmettre le chikungunya. Pas de bol. Cet espoir retombe comme un soufflé grâce à l’Institut Pasteur. Se penchant sur les effets du réchauffement climatique sur la transmission des pathogènes par les moustiques, les chercheurs de Pasteur et de l’université Paris Cité ont étudié la transmission du virus du chikungunya par le moustique tigre selon la température environnementale, à 20 °C ou à 28 °C.

Et patatras, le moustique tigre s’adapte, et pas qu’un peu : "Nous avons démontré que la température modifie profondément l’expression des gènes et le microbiome bactérien du moustique", explique Anna-Bella Failloux, coautrice de l’étude. Le microbiome de la bestiole change donc. À 28 °C, deux bactéries dont sont porteurs une partie des moustiques tigres voient leur population bouleversée. Celle qui inhibe la réplication du chikungunya (Wolbachia) diminue sensiblement, au profit de l’autre (Serratia), qui, elle, favorise l’infection du tube digestif du moustique par le virus. La transmission virale du moustique à l’homme est donc largement favorisée.

D’autant plus que le génome du virus dans le moustique infecté est lui aussi modifié. Et pas à ses dépens. "Il s’agit d’un véritable exemple d’ajustement mutuel entre le virus et le vecteur, ici le moustique tigre, en réponse à son environnement ", précise la chercheuse. Génial. Résultat, le moustique tigre est capable de transmettre le chikungunya avec la même efficacité à 20 °C et à 28 °C, permettant donc au virus de poursuivre son incursion en Europe, après une première alerte en Italie, en 2007.

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