Des dépouilles facturées

Chipée dans le Canard enchaîné, cette actu passée inaperçue mais qui mérite son pesant de graines de lupin : Guy Vallancien pourrait être épinglé par le conseil de l’ordre des médecins dans " la sordide affaire du charnier de l’université Paris-Descartes ". Alors, qui est Guy Vallancien ? Il était l’ancien urologue de François Mitterrand, et l’ancien chargé de mission de trois ministres de la Santé (Mattéi, Bertrand, Bachelot). Quelle " bêtise " aura-t-il commise pour s’attirer la suspicion du conseil de l’ordre des médecins ? Commençons par dire que ladite suspicion n’aura été éveillée qu’au bout de la saisine de l’Ordre par 166 familles. Et donc ? Et donc ? Eh bien, " les plaignants reprochent notamment au chirurgien d’avoir monté une structure de droit privé facturant les dépouilles mortelles à des industriels, alors qu’il était en même temps directeur du centre du don des corps ". Ouch, elle picote l’affaire. Une affaire de mélange des genres qui a duré dix ans et qui scandalise les plaignants, estimant dans leur plainte que " cette marchandisation des corps relève du non-respect des règles déontologiques, de la tromperie des donateurs et de l’atteinte à la dignité humaine ". L’hebdomadaire satirique rappelle que, le 23 janvier dernier, une réunion de conciliation entre les familles et Vallancien n’avait abouti à rien d’autre que cette supplique lancée par un plaignant : " À aucun moment, vous n’avez fait preuve de compassion envers nous. " De la part de celui qui écrivait que le Mediator n’avait fait qu’un " nombre infime de victimes ", on ne pouvait pas espérer qu’il sorte son mouchoir. En tout cas, comme l’a très justement titré le Canard, on a vraiment affaire à une " médecine pleine de morgue ".