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La prévention, parent pauvre de la cancérologie
Le Haut Comité de santé publique (HCSP) vient de publier un rapport qui montre à quel point la prévention du cancer a été négligée dans les deux grands plans cancer de la France entre 2004 et 2014. Les dix experts qui se sont penchés sur la politique santé mise en œuvre par les ministres successifs concluent que « les actions de prévention ont été dotées de relativement peu de moyens ». Décryptage du Dr Ménat.
C’est un débat que j’ai déjà abordé. La prévention n’intéresse personne, car elle ne fait pas gagner d’argent aux différents acteurs de la santé (sauf à notre système de sécurité sociale). En revanche, mettre tous les efforts sur le dépistage permet de faire tourner les laboratoires d’analyses et les centres de radiologie, mais surtout de trouver plus de malades et donc vendre plus de médicaments. Les patients sont ainsi dépistés et donc traités plus tôt, mais parfois avec excès, comme le montrent les études sur le dépistage du cancer du sein ou de la prostate.
Le dépistage à outrance coûte cher et ne fait pas réellement baisser la mortalité. Et il ne réduit pas le nombre de malades. C’est l’une des conclusions du HCSP, qui propose d’intensifier la lutte contre le tabac et l’alcool. Mais est-ce suffisant quand on sait que les deux principaux cancers sont ceux du sein et de la prostate, et qu’ils sont peu influencés par l’alcool et le tabac ?
Prévenir plutôt que guérir
On connait pourtant une partie des principales causes de ces cancers. Nous en avons déjà parlé dans cette revue :
- La consommation excessive de lait de vache dont la responsabilité est largement prouvée pour la prostate et fortement suspectée pour le sein.
- Les parabens et autres molécules chimiques à action hormonale comme le bisphénol A ou certains pesticides qui augmentent fortement le risque de ces cancers hormonodépendants.
- L’excès de glucides et surtout tous les aliments riches en sucres qui font le lit de l’obésité, du diabète et du cancer.
Mais que fait-on pour informer la population de tous ces risques largement prouvés ? Qui osera mettre le projecteur sur tous ces aliments ou produits dont on fait la publicité en permanence à la télévision ? De grands débats sont organisés autour de la publicité pour le vin et l’alcool, mais personne n’a le courage de lutter contre la publicité pour les aliments sucrés (sodas, confiseries, barres chocolatées). On se donne bonne conscience avec un petit bandeau à peine lisible qui -rappelle qu’il faut « éviter de manger gras et sucré », mais en -laissant ces publicités passer à des heures de grande écoute ou en plein milieu d’émissions pour les enfants, le mal est fait. À quand l’interdiction des publicités pour ces aliments, surtout à destination des enfants ? À quand une taxe sur les produits sucrés comme on le fait pour le tabac ? Et surtout, à quand une véritable éducation nutritionnelle à l’attention de la population ? On apprend à nos enfants à lire et à compter. Pourquoi ne pas leur apprendre à manger et à vivre -sainement ? Les plus grands experts français pointent du doigt cette carence dans notre politique de santé, mais à quand des décisions concrètes plutôt que de -rester obnubilé par l’alcool et le tabac, qui ne sont que la partie émergée de l’iceberg ?
La responsabilité de l’alimentation confirmée
Une étude formidable publiée récemment dans le JAMA (une des plus grandes revues médicales) nous montre pourtant à quel point le facteur alimentaire peut jouer un rôle prépondérant dans le risque de cancer. 2 500 femmes ayant présenté un cancer du sein invasif ont été suivies pendant dix ans avec des questionnaires alimentaires assez détaillés. Il a été montré que celles qui avaient le dîner le plus léger, et surtout le temps de « jeune -nocturne » le plus long, avaient le plus faible risque de récidive.
L’effet du jeûne sur l’espérance de vie et en particulier sur le cancer avait déjà été montré, mais surtout sur des modèles animaux. Ainsi, un jeûne de seize heures couvrant la période de sommeil permet, chez la souris, de réduire significativement les risques de maladie cardiovasculaire et de cancer.
Dans cette étude, unique en termes de durée de suivi chez l’être humain, on a prouvé qu’un jeûne nocturne de treize heures permet de réduire de 36 % le risque de récidive à dix ans chez des femmes ayant eu un cancer du sein -invasif.
Il faut comprendre que ces chiffres sont spectaculaires, car l’utilisation des traitements hormonaux après un cancer du sein donne des résultats à cinq ans bien plus faibles (entre 5 et 25 % suivant les groupes étudiés).
Encore une fois, on montre que les corrections diététiques font bien mieux que n’importe quel médicament, et ce sans effet secondaire et sans aucun coût pour le système de santé. Alors pourquoi les médecins n’expliquent-ils pas cela avant de prescrire des médicaments à leurs patients ? Et surtout pourquoi nos ministres de la Santé n’en font-ils pas la promotion ?
Comme je le dis souvent, il est préférable d’affronter le cancer plutôt que de le subir. On peut même aller plus loin et dire que le malade doit prendre conscience qu’il n’est pas toujours bien accompagné pour lutter contre cette maladie complexe, qu’il doit absolument se prendre en charge et mettre en place tout seul des mesures d’hygiène de vie qui peuvent réellement changer son avenir et son espérance de vie.
L’une des pratiques qu’on peut ainsi recommander est de faire, comme le disaient les Anciens, un dîner de « mendiant », c’est-à-dire un dîner léger, plutôt à tendance végétarienne, et en limitant la consommation de sucres. On évitera également de dîner trop tardivement afin d’avoir une période de jeûne nocturne qui dépasse douze heures.
Selon l’étude du JAMA, il est intéressant de noter dans que, contrairement à certaines statistiques démographiques, les femmes qui ont le plus haut risque de récidive sont celles qui ont un niveau socioculturel plus élevé, car elles ont un jeûne nocturne beaucoup plus court du fait de dîners plus tardifs et plus riches.
Le grignotage devant la télé, qui apporte à la fois beaucoup de sucres et réduit d’autant le jeûne -nocturne, est aussi un facteur péjoratif qui vient augmenter le risque de récidive.
Alors, en cette période estivale où les soirées sont longues et agréables, il est préférable d’aller faire une promenade que de rester des heures à table à boire et grignoter.
Dix ans de lutte contre le cancer
Le rapport publié par le Haut Conseil de la santé publique intitulé « Évaluation de dix ans de politique de lutte contre le cancer 2004-2014 » aborde la question autour de six axes clés : recherche, observation, prévention, dépistage, soins, qualité de vie. Le rapport formule 60 recommandations pour le plan cancer en cours visant à améliorer la prise en charge des cancers et la qualité de vie des patients pendant et après le cancer, ainsi qu’à réduire les inégalités sociales et territoriales de santé face à cette maladie. Mais aucune place n’est accordée à la prévention par la diététique.
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
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