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Troubles auditifs De nouvelles pistes existent

  • "certaines notes de musique partagent des propriétés avec certaines protéines"
Article paru dans le journal nº 50

Aussi précieuse pour entendre que pour tenir debout, l’oreille est un organe complexe, fragile et fascinant. En binôme avec le cortex auditif, elle nous ouvre au langage, à la musique, nous relie aux autres et à notre environnement. Des besoins essentiels que certaines pathologies peuvent nous empêcher de combler.

D’après une étude anglaise très sérieuse intitulée « Pourquoi les vieux messieurs ont-ils de grandes oreilles ? », l’oreille prendrait 0,22 millimètre par an. Sources de complexes outre-Manche, où il est courant de se faire raccourcir le lobe, les grandes oreilles sont considérées en Chine comme une marque de sagesse. Comme l’empreinte digitale, chaque oreille est unique. Depuis peu, des applications permettent d’utiliser l’empreinte biométrique de notre pavillon pour déverrouiller nos smartphones. Une prouesse admirable, mais l’appareil acoustique que la nature nous a donné est encore plus sophistiqué.

Un sixième sens

Organe pour l’alerte et la communication, l’oreille nous dote d’un sixième sens : l’équilibre. À l’époque où l’être humain était à la fois proie et prédateur, entendre était vital à sa survie. Une aptitude archaïque toujours active lorsque surviennent des situations de stress et que l’adrénaline exacerbe notre perception des bruits environnants.

Le cortex auditif est situé dans les lobes temporaux. L’appendice externe fait office d’antenne et est relayé à l’intérieur par plusieurs petits organes essentiels. Le son fait d’abord vibrer le tympan et produit un influx nerveux qui vient résonner dans la cochlée, un corps creux en forme d’escargot. Celle-ci va décoder les caractéristiques de la séquence : le son est-il grave, aigu, fort ou faible ? Le message progresse ensuite via le nerf auditif, où il est analysé. L’aire de Wernicke interprète les sons. C’est aussi là que sont stockés la mémoire sémantique et les concepts.

Entendre et parler

Des études menées sur des nouveau-nés démontrent que la capacité à distinguer le langage des autres sons de la vie courante est innée chez l’être humain. Il existe donc un filtre auditif prédisposant aux échanges les êtres sociaux que nous sommes. « Nous parlons parce que nous entendons. Les sourds-muets sont muets parce qu’ils sont sourds », souligne Sophie Eustache dans son livre (voir références en fin d’article). L’oreille ne va pas sans le cerveau. Ainsi, ses pathologies, en apparence mécaniques, se répercutent sur la sphère cognitive, et réciproquement. Avec, en toile de fond, à tout âge, le stress et l’isolement associés à ces troubles.

L’otite séreuse est une inflammation chronique fréquente chez les jeunes enfants. Bloquée, la trompe d’Eustache est privée d’air et se gorge de liquide. Les osselets s’y embourbent. Peu douloureuse, elle guérit toute seule, mais peut durer jusqu’à deux mois. L’enfant entend mal, et donc communique mal. La pose de yoyos (aérateurs transtympaniques), qui tombent d’eux-mêmes en quelques mois, est envisagée si l’otite s’accompagne d’une baisse de l’audition afin d’éviter tout retard dans l’acquisition du langage, clé du développement intellectuel.

Le vertige est une sensation rotatoire provoquée par une différence entre ce que perçoivent les yeux et ce que perçoit l’oreille interne. À ne pas confondre avec l’acrophobie (peur du vide) ou les sensations vertigineuses qui accompagnent une hypoglycémie. Ici, c’est la synchronisation entre l’information sensorielle et son traitement par le système nerveux qui dysfonctionne. Le vieillissement en est le premier facteur, puisque les consultations concernent surtout les plus de 60 ans.

La maladie de Ménière, une inondation de l’oreille interne, rare mais facilement détectable par IRM, provoque vertiges, sueurs et vomissements. Les crises se soignent avec des médicaments anti-œdèmes et diurétiques. La marche, la vitamine D et les thérapies telles que la sophrologie sont aussi conseillées, car le stress aggrave les symptômes.

Acouphènes

Douze millions de Français seraient touchés épisodiquement par des acouphènes. Quatre millions de manière permanente, selon IPSOS. Deux formes existent : les acouphènes objectifs, que le médecin peut détecter, comme un bruit pulsatile, et les acouphènes subjectifs, que le patient est seul à entendre. Des sifflements, bourdonnements ou cliquetis pénibles voire handicapants qui ne trouvent pas leur origine dans l’oreille... mais dans le cerveau. Si la perte d’audition, naturelle ou faisant suite à un traumatisme, est souvent impliquée, le bruit parasite est créé de toutes pièces par l’encéphale. Pour compenser la surdité, celui-ci va en quelque sorte « monter le son ». À l’image du membre qui continue de faire souffrir la personne amputée, c’est la trace de ce qui est perdu qui se manifeste depuis la mémoire.

Ce phénomène complexe dépasse le seul cortex auditif, d’autant qu’un choc émotionnel peut aussi générer des acouphènes. En l’absence de cause clairement identifiée et de traitement définitif, les personnes acouphéniques le savent : elles doivent apprendre à vivre avec. Facteurs de dépression, d’isolement et parfois de suicide, les acouphènes sont exacerbés par l’anxiété. Une impasse sociale que la relaxation ne suffit pas toujours à résoudre.

Retrouver l’équilibre avec la rééducation vestibulaire

Également à l’œuvre dans le mal des transports, le déséquilibre nauséeux est un message du centre proprioceptif, incapable de traiter les informations relatives aux mouvements. La rééducation vestibulaire constitue ici un traitement efficace. Elle s’appuie sur la plasticité cérébrale, active tout au long de la vie, pour reconfigurer les réponses nerveuses et musculaires impliquées dans l’équilibration. Les kinésithérapeutes spécialisés recourent de plus en plus souvent à la réalité virtuelle.

Des notes qui soignent

Le traitement des acouphènes a suivi bien des croyances. Rappelons que les médecins ORL, pantois devant les acouphènes, adressaient leurs patients à leurs confrères psychiatres, considérant les acouphènes comme des hallucinations auditives, comme l’écrit J.-B. Méchernane dans son livre (voir ci-dessous). Aujourd’hui, bien des progrès ont été réalisés. Si un acouphène est une réminiscence, on doit pouvoir l’effacer à l’endroit où il est engrammé, à la manière d’une mise à jour informatique.

La Thérapie Sonore Fonctionnelle s’appuie sur la théorie des protéodies ou « médicaments musicaux » développée par Joël Sternheimer. Le physicien, spécialiste de physique quantique, a découvert que certaines notes de musique partagent certaines propriétés avec certaines protéines. La TSF, diffusée en France par le médecin ORL Jacques Aime, consiste à faire écouter au patient une séquence musicale codée, qui produit une modulation de la synthèse des protéines au niveau des neurotransmetteurs. L’acouphène est alors délogé au niveau cellulaire. Une véritable innovation, sans effets secondaires. l

Références bibliographiques

L’Oreille, c’est la vie !, de Sophie Eustache, éd. First, 2017, 160 p.

Acouphènes et protéodies, retour vers une écoute sereine, du Dr Jacques Aime, éd. Quintessence, 2017, 128 p.

Les Oreilles cassées, de J.-B. Méchernane, éd. Luc Pire, 2008, 154 p.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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