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Maladies atopiques de l’enfant : le vaccin contre la coqueluche en cause ?

Les maladies atopiques (eczéma, asthme, allergie alimentaire) sont les problèmes de santé chroniques les plus prévalents chez les enfants des pays industrialisés. Elles touchent par exemple un quart des jeunes enfants en Australie, et cette tendance s’aggrave depuis une vingtaine d’année, avec un nombre croissant d’hospitalisations pour chocs anaphylactiques. Des chercheurs australiens soupçonnent cette hausse d’être liée à la mise sur le marché en 1997 d’une nouvelle version du vaccin anticoqueluche.

Jeanne Le Borgne


Les chercheurs du Centre Wesfarmers des Vaccins & Maladies infectieuses de Perth en Australie ont observé depuis une vingtaine d’années dans le pays une vague importante de maladies atopiques (eczéma, asthme, allergie alimentaire). Et selon eux, le nouveau vaccin anticoquelucheux pourrait en être la cause.

En 1997, l’élément anticoquelucheux des vaccins a changé en Australie, passant de l’antigène de la coqueluche à cellules entières à la coqueluche acellulaire (comme dans le Repevax du Laboratoire Sanofi Pasteur MSD et le Boostrix Tetra du Laboratoire GSK, utilisés en France). Un tel changement aurait dû permettre, selon les laboratoires, de réduire les effets secondaires indésirables dus à la vaccination tels que fièvre, abcès, rougeur et douleurs au bras.

Mais ce nouvel antigène a des effets pernicieux sur la réponse immunitaire de type IgE des enfants, qui pourraient expliquer selon les chercheurs australiens la flambée des réactions allergiques enfantines.

Des chocs anaphylactiques mortels en hausse de 10 % par an.

Depuis une vingtaine d’années, la gravité de ces maladies atopiques s’est en effet aggravée, donnant lieu à de nombreuses hospitalisations. Une clinique australienne a par exemple relevé que le nombre de bébés consultant pour des allergies alimentaires avait été multiplié par douze entre 1995 et 2006. Les chocs anaphylactiques mortels pour cause d’allergie alimentaire ont quant à eux augmenté d’environ 10 % par an entre 1997 et 2013. En Australie, environ 18 % des enfants d’un an souffrent d’allergies alimentaires et 26,7 % souffrent d’eczéma.

Des phénomènes similaires ont été constatés aux États-Unis et au Royaume-Uni postérieurement à l’introduction du nouveau vaccin acellulaire. La caractéristique de cette nouvelle tendance est le déclenchement des symptômes tôt dans la vie et leur persistance à l’âge adulte.

Pour confirmer leur hypothèse, fondée sur une association temporelle d'après eux assez nette, les chercheurs vont travailler avec un réseau de cliniques dans le pays pour comparer la santé des enfants nés entre 1997 et 1999 ayant été vaccinés avec l’antigène à cellule entière versus l’antigène acellulaire.

Une autre étude récente de cohorte a pu démontrer que le fait de retarder la vaccination anticoqueluche acellulaire d’un seul mois (à un stade où les défenses immunitaires du nourrisson sont plus matures) s’était traduit par une moindre prévalence d’eczéma chez ces enfants par la suite.



Bibliographie :

- "Protocol for Pertussis Immunisation and Food Allergy (PIFA): a case-control study of the association between pertussis vaccination in infancy and the risk of IgE-mediated food allergy among Australian children", BMJ janvier 2018.

- "Food allergy: riding the second wave of the allergy epidemic", Pediatr Allergy Immunol. 2011

- "Transiently increased IgE responses in infants and pre-schoolers receiving only acellular Diphtheria-Pertussis-Tetanus (DTaP) vaccines compared to those initially receiving at least one dose of cellular vaccine (DTwP) - Immunological curiosity or canary in the mine?", Vaccine, 2016


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