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Aïe pour nos aïeux !

  • Le philosophe et lanceur d’alerte Roger Lenglet révélait le mécanisme de prédation des Ehpad privés.Le philosophe et lanceur d’alerte Roger Lenglet révélait le mécanisme de prédation des Ehpad privés.
Article paru dans le journal nº 99

Comment faire l’impasse sur la sortie du livre de Victor Castanet, Les fossoyeurs, à laquelle nous avons consacré une longue chronique et une interview. On pouvait d’autant moins le faire que la question des vautours rongeant les os de nos aînés et de leurs familles nous taraude de longue date. Nous avions consacré un long article en décembre 2020 aux prédateurs de la vieillesse que sont les pompes funèbres, les tuteurs et bien évidemment les Ehpad.

En s’appuyant sur son livre (Les requins de la fin de vie…, éd. Michel Lafon, 2020), le philosophe et lanceur d’alerte Roger Lenglet y révélait le mécanisme de prédation des Ehpad privés, où les investisseurs se sont engouffrés pour « profiter de l’aubaine économique offerte par le vieillissement de la population ». Pour répondre à leur appétit insatiable, les investisseurs coupent celui de nos anciens et rognent sans vergogne « sur le prix de revient de leur repas. Beaucoup d’Ehpad l’ont descendu à moins de… deux euros le repas ! » Mais qui peut manger ça ? Et Lenglet de déplorer que la dénutrition qui découle de ces « menus » soit devenue endémique : « 15 à 38 % des pensionnaires sont dénutris, selon une étude de la Haute Autorité de santé. »

La qualité des soins est du même tonneau. Comment pourrait-il en être autrement en embauchant moins, et du personnel sous-qualifié et sous-rémunéré ? « Ceux qui ont besoin d’être aidés pour manger doivent engouffrer toutes les cuillerées en quelques minutes. Pareil pour leur toilette, on est dans la performance de tous les instants. Ne parlons même pas des conversations… C’est de la maltraitance », confiait une aide-soignante. Une maltraitance dite « en creux », par opposition aux maltraitances « en bosse », celles qui se voient.

Et la nouvelle tendance des Orpea, Korian et autres DomusVi, eux-mêmes sous pression des fonds de pension mondiaux (Intermediate Capital Group, CPP InvestmentBoard, les fonds souverains des Émirats arabes unis…), « consiste à revendre des chambres de résidents aux particuliers qui veulent spéculer sur l’immobilier. Avec, pour appât, le fait que les pensionnaires sont de bons payeurs puisque leur loyer est directement prélevé sur leur pension de retraite ».

Toutes ces joyeusetés sont avant tout la preuve par l’exemple de ce que devient un lieu de soin public dès lors qu’il est confié à des groupes privés cotés au CAC 40. Et suivez mon regard : les hôpitaux publics . On en parle ? Ils suivent inexorablement le même chemin que les Ehpad.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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