Mediator, un crime chimiquement pur (Éric Giacometti, Irène Frachon, François Duprat)

Mais quelle riche idée que d’exploiter les ressources quasi illimitées du neuvième art (la bande dessinée) pour raconter l’histoire complexe du Mediator ! Et dès que l’on parle du Mediator des laboratoires Servier, qui surgit ? Sa pire ennemie : Irène Frachon, celle par qui le scandale a éclaté. La pneumologue est ici coscénariste, flanquée d’Éric Giacometti, un véritable poids lourd de l’écriture en général et du scénario en particulier. Dans une ancienne vie, Giacometti a été journaliste d’investigation pour Le Parisien-Aujourd’hui en France en s’étant spécialisé sur les scandales sanitaires, notamment celui de l’Isoméride. On cite ce coupe-faim, car son ombre plane sur les 200 pages de ce récit glaçant mais avant tout haletant.

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Tendue à la manière d’un véritable thriller, la narration est entrecoupée de détours pédagogiques ou historiques qui anticipent les questions du lecteur et jamais ne heurtent le rythme fiévreux du récit. Vous comprendrez pourquoi Jacques Servier a tout mis en œuvre pour que l’on ne puisse pas faire le lien entre Isoméride et Mediator, vous découvrirez son extraordinaire talent de marionnettiste, usant d’influence, exerçant des pressions aussi bien sur les politiques que sur les grands spécialistes médicaux, vous n’en reviendrez pas de ses barbouzeries et menaces exercées contre ses adversaires. Bien sûr, les pro-Mediator pourraient regretter un certain manichéisme quand sont cités dans cet ouvrage les acteurs et complices de Servier. Mais qui pourrait être pour le Mediator et Servier ? Après avoir lu cette BD, la réponse est claire : personne !