Pour consulter le site sans publicités inscrivez-vous

Les revenus de Big Pharma : les médocs, ça paye toujours

  • Les laboratoires n'ont que faire d'investir dans la recherche. Les laboratoires n'ont que faire d'investir dans la recherche.
Article paru dans le journal nº 58

Piqué dans Prescrire, cet article dévoile les profits de firmes pharmaceutiques de l’année 2015. Plus de 1 000 milliards de dollars de revenus. Champagne pour Big Pharma ! Et mention spéciale pour notre fleuron Sanofi-Pasteur qui figure parmi les 20 labos les plus rentables. Grâce à nos maladies, leur santé… financière est au top.

Pour une bonne santé, c’est ce qui s’appelle afficher une bonne santé. Les gros laboratoires pharmaceutiques affichent des chiffres d’affaires proprement fabuleux. En 2015, ils ont engrangé un chiffre d’affaires dépassant les mille milliards de dollars. Oui, oui ! Vous avez bien lu. Mille milliards. Et les ventes de médicaments représentent 719 milliards de dollars. À la lecture du dernier numéro de Prescrire, le n°415 de mai 2018, on apprend donc deux points importants concernant ces ventes. Le premier, c’est que 69 % de ces ventes ont été réalisées par 20 firmes pharmaceutiques, soit un montant de 495 milliards, et que six firmes ont réalisé à elles seules près de la moitié de cette somme faramineuse. Citons parmi elles, les plus connues comme de bien entendu Pfizer (45,5 milliards), Novartis (43,5), Roche (38,8) ou encore Sanofi (38,3), devant Merck & Co (36,2) et Gilead Sciences (32,2). Quant aux médicaments, là encore, on est bluffé, puisque dix médicaments représentent le huitième de ce montant, avec en premier lieu, un immunodépresseur, l’Humira des laboratoires Abbott, anti-inflammatoire prescrit notamment dans les cas de polyarthrite rhumatoïde de l’adulte, de spondylarthrite ankylosante, de rhumatisme psoriasique, de psoriasis, de maladie de Crohn et autre rectocolite hémorragique avec 14 milliards de dollars.

Investir dans la recherche ? Et puis quoi, encore !

Mais le pire n’est pas encore là. Les laboratoires n’ont que faire d’investir dans la recherche mais, pour sauvegarder leurs intérêts, les géants de big pharma ne regarde pas à la dépense. D’après des études menées à partir du registre de transparence européen, en 2014, 40 gros labos pharmaceutiques ont déclaré avoir investi 23 millions d’euros en lobbying et disposer de 89 personnes ayant un droit d’accès permanent au Parlement européen. Que dire de l’année 2016 aux États-Unis ? Qu’il n’y a plus de concurrence entre les géants de Big Pharma dès lors qu’il s’agit de leurs intérêts. Ils ont ainsi dépensé collectivement 150 millions de dollars en lobbying pour contrer le Congrès qui souhaitait faire baisser le prix des médicaments de prescription.

Alors que les labos ne cessent de jouer les caliméro et de justifier le prix parfois faramineux de leurs pilules au regard du coût que représentent les investissements R&D (recherche et développement), on découvre que lesdits investissements ne représentent que 19 % du montant des ventes des 20 premières firmes (soit 95 milliards de dollars). Pour Public Citizen, une association américaine de défense des consommateurs, non seulement cet argument ne tient pas mais les gros labos consacreraient une large partie de leurs dépenses pour des projets mineurs, en l’occurrence les « me too » qui ne sont rien de moins que de faux nouveaux médicaments et de vraies copies, généralement lancés sur le marché à grand renfort de marketing pour échapper au « généricage ».

Plutôt que de développer de nouvelles molécules, notamment de nouveaux antibiotiques pour lutter contre les bactéries multirésistantes (pas assez rentable, comprenez-vous), les grosses firmes préfèrent racheter leurs propres actions, histoire de faire monter les cours de la bourse. Pour la seule année 2016, Gilead Sciences a consacré 11 milliards de dollars pour le rachat de ses actions contre 5 milliards pour la recherche, et a distribué 2,5 milliards de dividendes. De quoi laisser songeur.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé