Accueil Actualités Antidouleur : le paracétamol atténue-t-il aussi l'empathie ?
Antidouleur : le paracétamol atténue-t-il aussi l'empathie ?
Plusieurs expériences menées ces dernières années indiquent la possibilité que la prise de paracétamol affecte notre propension à deux sentiments centraux à nos relations avec les autres : l'empathie et la compassion. D'autres encore pointent à un effet possible de la molécule sur nos prises de risque.
Il serait probablement difficile de trouver un foyer français qui ne détienne pas une boîte d’un antidouleur quelconque , genre paracétamol ou ibuprofène. Ce dernier a défrayé la chronien 2019 pour des risques de complications infectieuses et d’atteintes à la fertilité masculine… Le paracétamol, quant à lui, donne des indices qu’il ne réduirait pas seulement la douleur, mais pourrait aussi affecter notre capacité à l’empathie.
Personne n’aime avoir mal, c’est évident, mais à la lumière de ses effets indésirables, il est permis de se demander si nous ne sommes pas trop prompts à consommer des antidouleurs au moindre bobo ? Car une nouvelle étude vient enfoncer le clou, rappelant au passage que ces molécules n’ont rien d’anodin.
Ainsi, le paracétamol (acétaminophène) avait déjà fait l’objet d’une découverte inattendue en 2016 ; sa consommation semblait réduire la compassion face à la détresse d’autrui. Les mêmes auteurs ont poussé un peu plus loin leurs investigations et ont constaté, sur la base de tests couplés à de l’imagerie cérébrale, que l’acétaminophène à raison d’une prise de 1g diminuait aussi l’empathie positive envers des expériences inspirantes ou motivantes faites par quelqu’un d’autre, et ce dès une heure après l’absorption ! (1)
Considérant que la capacité à s’identifier à autrui dans ce qu’il/elle ressent fait partie du ciment de ce qu’on a coutume d’appeler le lien social, les auteurs se demandent dans quelle mesure la consommation excessive et/ou régulière de paracétamol peut impacter la vie sociale. En effet, rien qu’aux États-Unis, un quart de la population adulte absorbe un médicament contenant de l’acétaminophène par semaine…
Si les mécanismes en jeu ne sont pas clairs, une étude de 2018 menée sur des rats (2) mettait en évidence que la prise de paracétamol, en même temps qu'elle générait moins de comportements de type empathique (collaboratif), réduisait aussi les niveaux de deux neurohormones dans le cortex neofrontal et l'amygdale, la vasopressine et l'oxytocine.
Trois études menées chez des jeunes (3), sains et soumis soit à un placebo, soit à un gramme de paracétamol, ont révélé en 2020 que sous paracétamol, les affects (émotions, sentiments) de ces jeunes étaient déjà suffisamment émoussés pour que la notion de risque soit significativement réduite et conduise à des comportements inadéquats.
Références bibliographiques
Référence
(1) « A social analgesic ? Acetaminophen (Paracetamol) reduces positive empathy », par Dominik Mischkowski, Jennifer Crocker et Baldwin M Way, dans Frontiers in Psychology, mars 2019
(2) "Acetaminophen (paracetamol) affects empathy-like behavior in rats: Dose-response relationship", Pharmacol Biochem Behav 2018
DOI: 10.1016/j.pbb.2018.10.004
(3) "Effects of acetaminophen on risk taking", Social Cognitive and Affective Neuroscience, Juillet 2020. https://doi.org/10.1093/scan/nsaa108
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