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La médecine narrative

  • "Écouter le patient me donne l'impression que la maladie n'est pas une entité séparée, mais qu'elle fait partie d'une histoire, l'histoire de quelqu'un que vous ne pouvez pas prendre en charge complètement si vous n'avez pas accès à l'histoire que
Article paru dans le journal nº 52

C’est l’histoire d’un interne qui, après s’en être allé examiner un patient, rend compte de son travail au médecin-chef. « Je lui ai pris le pouls, je lui ai pris du sang, je lui ai pris ses urines », expose-t-il consciencieusement. Le médecin-chef lui répond : « C’est très bien, mais lui avez-vous pris la main ? »

L’anecdote servant de chapeau à cet article est rapportée par ­Martin Winckler, médecin très engagé dans la réhumanisation de la médecine, et auteur de La maladie de Sachs, roman où il est question de l’empathie entre soignant et patient, et de ses implications psychologiques. Cette anecdote n’est pas simplement amusante (ou affligeante), elle illustre remarquablement l’état actuel, mais guère nouveau, de cette médecine qui prend en compte le corps et ses maladies, mais pas la personne et ses sentiments. Ses fondements remontent au XIXe siècle et à la philosophie positiviste. Le positivisme dominant le monde scientifique, et en particulier le monde médical, le dualisme s’est imposé dans le soin : la médecine s’occupait des corps, l’Église des âmes (psychologie et psychanalyse n’étaient pas encore apparues). En clair, vous êtes malade des reins, on soigne vos reins. Vos reins, pas vous. Comme si l’on pouvait séparer « vous » et « votre corps ».

Malgré tout, pour nombre de médecins, la relation d’empathie entre soignant et patient est essentielle. Mais le temps des médecins de famille qui suivaient votre famille sur plusieurs générations, soignant vos enfants après avoir soigné vos parents, touche à sa fin. Les populations sont mobiles et les professionnels aussi, les cabinets partagés et les praticiens interchangeables, beaucoup de prises en charge se font dans l’anonymat de l’hôpital, et la pénurie de médecins fait qu’ils ont toujours moins de temps à vous accorder.

Des enquêtes montrent que la détérioration du lien patient-soignant est une cause majeure de retard ou d’absence aux rendez-vous, de mauvais suivi (voire de rupture) du traitement, et enfin d’errance médicale. En parallèle, les médecins se plaignent de leurs conditions de travail dégradées, et il n’y a jamais eu autant de cas de burn out chez les internes des services les plus durs, comme en cancérologie.

Ce constat n’est pas sans conséquence. Au-delà du développement exponentiel des médecines parallèles et thérapies alternatives, des voix dissonantes mais autorisées remettent en cause les principes positivistes au sein même du corps médical. De plus en plus de blouses blanches se mobilisent en faveur d’une relation de soin qui englobe toute la personne et pas seulement les organes et les symptômes. Rita Charon est de ceux-là.

La maladie fait partie d’une histoire

Après des études en biologie, cette femme médecin américaine née en 1949 est diplômée de médecine à Harvard, en 1978. Et en 1999, elle obtient un doctorat de littérature anglaise à la prestigieuse Columbia University de New York, où elle enseigne par ailleurs la médecine. Médecine et littérature ? Pour quoi faire ? Quel rapport ?

Le rapprochement est évident pour le Dr Charon, qui a mis au point une nouvelle approche de la relation soignant-patient appelée médecine narrative. Au croisement de la physiologie et de la psychologie, privilégiant l’écoute et l’échange et mettant l’accent sur ...

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