Accueil Traitements Analgésiques : peut-être pas aussi efficaces pour les femmes que pour les hommes
Analgésiques : peut-être pas aussi efficaces pour les femmes que pour les hommes
Les analgésiques, en vente libre ou sous ordonnance, sont une solution couramment privilégiée pour soulager la douleur. Cependant, des études récentes montrent qu’ils ne sont peut-être pas aussi efficaces chez les femmes que chez les hommes. Ce constat intrigue les chercheurs et soulève des questions sur les mécanismes biologiques qui pourraient expliquer ces différences.
Il est établi que les femmes et les hommes ne ressentent pas la douleur de la même manière. Des facteurs hormonaux, génétiques et neurologiques influencent cette perception. Par exemple, les œstrogènes, prédominants chez les femmes, interagissent avec les récepteurs de la douleur et peuvent altérer l’efficacité des médicaments.
Les études montrent aussi que les femmes et les hommes ne métabolisent pas les analgésiques de la même manière. Par exemple, le paracétamol est transformé différemment par le foie en fonction du sexe. De même, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l’ibuprofène peuvent avoir une efficacité réduite chez les femmes, en partie à cause de variations enzymatiques et hormonales.
Les femmes sont également davantage touchées par la douleur chronique que les hommes. Or, une récente étude publiée dans Neuron par une équipe de l’Université de Calgary pourrait expliquer cette différence : la douleur neuropathique serait régulée différemment chez les hommes et chez les femmes.
Une réaction biologique différente face à la douleur
La douleur neuropathique résulte d’une lésion nerveuse et se manifeste par une hypersensibilité, appelée allodynie. Elle peut rendre insupportables des stimulations normalement anodines, comme un simple contact avec un tissu. L’équipe du Dr Tuan Trang a découvert que cette douleur est transmise via des canaux appelés « pannexine 1 » (ou Panx1) chez les deux sexes, mais active chez chacun différents types de cellules immunitaires. En effet, chez les femelles de rongeurs, cette activation libère une hormone bien connue : la leptine. Connue pour son rôle dans la régulation de l’appétit, cette hormone semble aussi accroître la sensibilité à la douleur.
Ces résultats confirment des observations plus anciennes. Dès les années 1980, des analyses de sang avaient démontré que les femmes souffrant de douleurs chroniques présentaient des niveaux de leptine plus élevés que celles qui n’en avaient pas.
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Une recherche historiquement biaisée vers les hommes
Historiquement, la recherche sur la douleur a surtout été menée sur des sujets masculins, ce qui a influencé le développement des traitements. "Nous savons que de nombreux essais précliniques ont été réalisés sur des sujets masculins, et que les traitements dérivés de ces études pourraient être moins efficaces chez les femmes", explique le Dr Trang. Cela expliquerait pourquoi certains analgésiques, bien qu’efficaces chez les hommes, ne soulagent pas toujours les femmes avec la même efficacité.
"Cette étude pourrait nous aider à mieux personnaliser les traitements", estime le Dr Lori Montgomery, clinicienne spécialiste de la douleur. "Comprendre ces différences biologiques pourrait conduire à des thérapies adaptées au sexe du patient et ainsi améliorer l’efficacité des traitements antidouleur."
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Une remise en question des traitements classiques : la leptine future cible des antidouleurs ?
Ces découvertes remettent en question l’approche actuelle du traitement de la douleur. Si la leptine joue un rôle dans l’hypersensibilité à la douleur chez les femmes, alors cibler cette hormone pourrait ouvrir de nouvelles pistes thérapeutiques. Plutôt que d’utiliser uniquement des analgésiques classiques, qui se révèlent parfois inefficaces, de nouvelles stratégies pourraient voir le jour, tenant compte des spécificités biologiques de chaque sexe.
Toutes ces données permettent, quoi qu’il en soit, de commencer à repenser la façon dont nous administrons indifféremment les mêmes antidouleurs aux deux sexes et de mieux s’adapter à leurs différences biologiques pour enfin offrir un soulagement efficace à toutes et tous.
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Références bibliographiques
« ‘It still hurts, she said’: why pain medication may not be as effective for women as it is for men », Eurekalert.org, 17 mars 2025.
« Divergent sex-specific pannexin-1 mechanisms in microglia and T cells underlie neuropathic pain », Neuron, 19 mars 2025.
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