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Christophe Brusset : "Je n’ai jamais mangé les produits que je faisais fabriquer"

Article paru dans le journal nº 35

Course au profit, qualité bradée au détriment de la santé, contrôles sanitaires insuffisants, connivence des pouvoirs publics, dissimulation… Cadre ingénieur pendant vingt ans dans l’agroalimentaire, Christophe Brusset a été le témoin et l’acteur de pratiques douteuses, frauduleuses et nuisibles. Il fait aujourd’hui son repentir et se pose en lanceur d’alerte en sortant un livre-choc. Nous l’avons rencontré.

Alternative Santé Votre livre laisse pantois. On savait que l’industrie agroalimentaire était prête à tout pour faire du profit, mais à ce point-là… Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?

Christophe Brusset Beaucoup de choses… Au début de ma carrière, il y a eu cette affaire écoeurante d’un stock d’épices en provenance d’Inde, souillé par des crottes et des poils. Comme on ne pouvait pas trier le produit, tout a été broyé, stérilisé, mélangé à un stock propre et distribué sur le marché. Plus tard, j’ai dû trouver des solutions pour une cargaison chinoise de champignons achetés au rabais, dont la chair était bleue ! Plutôt que de procéder à des analyses pour connaître cette substance – certainement un produit chimique de traitement mal utilisé – et sa dangerosité, ma direction m’a demandé de réfléchir à la façon de dissimuler tout ça. La solution a été de les enrober de panure et de les vendre aux Pays-Bas, où les consommateurs sont friands de ce type de produits... Il y a eu aussi deux affaires -marquantes concernant du thé contaminé. L’une a révélé que du thé bio au citron de marque distributeur avait un taux de pesticides dépassant largement les normes autorisées. Les contaminants venaient de l’arôme naturel de citrons surtraités aux produits phytosanitaires. L’autre affaire a pointé du doigt la responsabilité de la DGCCRF [répression des Fraudes, ndlr] et a nécessité l’intervention du plus haut niveau de l’État. Trois cents tonnes de thé vert de Chine bourré de contaminants ont été distribuées sur le marché. Affaire sensible : pas question de se fâcher avec un partenaire commercial de premier ordre.

A. S. Comment ce type de dérives est-il possible ? N’y a-t-il pas toute une série de contrôles ?

Ch. B. Dans l’agroalimentaire, la seule règle qui compte est celle du business. Si l’entreprise entre en possession d’un stock de produits « daubés » – expression consacrée pour les marchandises abîmées ou défectueuses –, le premier réflexe consiste à trouver le moyen de l’écouler ou de le recycler. Le détruire est absolument impensable pour des questions de coût. Peut-être parce que le consommateur est loin dans la chaîne, on ne pense pas à sa santé et encore moins à la qualité du produit, mais uniquement au rendement. L’agroalimentaire est un milieu déshumanisé. L’attitude des centrales d’achat et de la grande distribution y est pour beaucoup. En faisant pression sur les prix et en jouant sur la concurrence à l’extrême, elles incitent à serrer toujours plus les coûts. L’industriel, au bout d’un moment, est pris à la gorge. Il n’a pas d’autre choix que de rogner sur la qualité. Quant aux supposés contrôles, ils sont extrêmement rares. Dans toute ma carrière, j’ai dû en voir deux ou trois fois. La DGCCRF est débordée. Elle doit surveiller tous les produits entrant sur le territoire, et pas uniquement l’alimentaire. Elle manque de moyens pour effectuer des analyses poussées, alors qu’on possède toute la technologie. Souvent, les contrôles ...

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