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Maladie de Parkinson : une étude confirme le rôle du trichloroéthylène
On ne connaît toujours pas les causes précises de la maladie de Parkinson, en progression constante depuis plusieurs décennies. Néanmoins, des facteurs environnementaux sont régulièrement évoqués. Figure sur la liste l'exposition au trichloroéthylène (ou trichloréthylène), utilisé pendant des décennies dans bon nombre d’industries et de produits d'usage courant par la population.
On ne connaît toujours pas les causes précises de la maladie de Parkinson, en progression constante depuis plusieurs décennies. Néanmoins, des facteurs environnementaux sont régulièrement évoqués. Le trichloroéthylène (ou trichloréthylène) figure sur la liste ; ce solvant très puissant et volatil , dont la génotoxicité est reconnue et la cancérogénicité considérée comme probable (ou avérée selon les pays), a été longtemps utilisé dans bon nombre d’industries ou de procédés, comme la métallurgie, l’électronique, la décaféination, le caoutchouc, le nettoyage à sec, la fabrication de produits d’entretien ou de peintures.
Il entrait dans la composition de nombreux produits (réfrigérants, lubrifiants, adhésifs, teintures…) et a même connu une courte carrière d’anesthésique et d’analgésique par inhalation ! La règlementation l’a peu à peu évincé de certains secteurs, comme les pressings, au profit du perchloroéthylène, avec une obligation de remplacement avant 2016 dans l’Union européenne pour tous les industriels.
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Bien qu’invisible, ce polluant est encore omniprésent
Mais l’utilisation massive du trichloroéthylène (TCE) depuis les années 1930, sans réelles précautions ni pour l’homme ni pour l’environnement, a conduit à des situations de maladies professionnelles et de pollution de l’environnement : sols, eaux souterraines, réseaux d’eau potable et air. Dans la population générale, la voie de contamination principale est probablement l’inhalation, notamment par l’eau de réseau d’où le TCE s’évapore facilement lorsque celle-ci est contaminée. Bien que les soupçons sur le rôle du trichloroéthylène dans le développement de Parkinson datent de plus de cinquante ans, les mesures de précaution ou de substitution sont relativement récentes. Elles ont été complétées par de exigences contraignantes tant en milieu professionnel qu’en matière d’émissions dans l’environnement.
En France, certaines régions sont particulièrement touchées par la pollution par le TCE, notamment les anciennes régions sidérurgiques et les bassins industriels : une grande partie du Bassin parisien, le Nord, l’Est, la Bourgogne…
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L’étude épidémiologique qui enfonce le clou
Jusqu’à présent, la littérature épidémiologique n’avait porté que sur une vingtaine de personnes ayant développé Parkinson après une exposition au TCE. Une toute nouvelle recherche [1] californienne a étudié les données médicales de plusieurs dizaines de milliers de soldats américains ayant séjourné à Camp Lejeune, en Caroline du Nord, entre 1975 et 1985. Ce site présente la particularité d’être approvisionné en eau lourdement contaminée par du trichloroéthylène , à des niveaux plus de soixante-dix fois supérieurs au seuil autorisé par l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis (U.S. Environmental Protection Agency). Comparativement aux militaires d’une autre base aux activités similaires (Pendleton, Californie) mais non polluée par le TCE, ceux de Camp Lejeune présentent un risque accru de 70 % de développer la maladie de Parkinson dans les décennies suivant leur séjour à la base. Ils sont aussi davantage sujets à des symptômes annonciateurs de Parkinson, comme des troubles moteurs, des troubles de l’équilibre, des troubles érectiles, la perte de l’odorat ou des difficultés d’élocution.
Les auteurs soulignent que les soldats sujets de l’étude étaient âgés d’une vingtaine d’années à l’époque et qu’ils en ont donc près d’une soixantaine au moment de la conclusion de l’étude à la fin de 2021. Si les impacts sur la santé sont notables quarante ans après l’exposition à ce polluant, les chercheurs expliquent qu’il faut s’attendre à la survenue d’autres cas dans les années à venir.
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La signature pathologique bien identifiée du trichloroéthylène
Des études animales ont mis en évidence que le TCE perturbe la conversion des nutriments en énergie dans les mitochondries d’une zone spécifique du cerveau, le mésencéphale, impliquée dans le contrôle des mouvements. Chez les rongeurs exposés au TCE, les neurones générateurs de dopamine de cette zone sont détruits, comme c’est le cas chez l’être humain atteint de Parkinson.
Des pesticides montrent également cette signature pathologique dans le cerveau des rongeurs, comme la roténoneou le paraquat. Le premier a été interdit en 2009 en Europe, mais seulement en 2011 en France après qu’elle a fait des demandes d’exemption. Le second a été autorisé par l’Union européenne en 2003 à la demande de la France pour le traitement de sa luzerne et de ses bananeraies (rappelant tristement le scandale du chlordécone), puis interdit en 2007 à l’initiative de la Suède et d’autres pays nord-européens.
Concernant le trichloroéthylène, les autorités semblent prendre conscience, petit à petit, de l’étendue du risque global pour la santé humaine, mais les quantités déjà disséminées dans l’environnement pourraient causer du tort encore longtemps, la molécule étant relativement stable dans des conditions ambiantes normales.
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Références bibliographiques
[1] « Trichloroethylene: An Invisible Cause of Parkinson’s Disease? », Journal of Parkinson’s Disease, mars 2023 – doi : 10.3233/JPD-225047
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