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"Le capitalisme cannibale met le corps en pièces", Fabrice Colomb

  • "La marchandisation du corps n’est pas quelque chose d’anecdotique."
Article paru dans le journal nº 121

Les biotechnologies concourent à transformer jusqu’à la moindre parcelle de notre corps en pièce détachée disponible pour la bioéconomie. C’est la thèse que défend le sociologue Fabrice Colomb dans son essai Le capitalisme cannibale, la mise en pièces du corps (éd. L’échappée). Il y explique les mécanismes ayant permis au capitalisme de traverser la barrière de notre peau jusqu’à coloniser l’intérieur de notre corps.

Pourquoi avoir enquêté sur les relations entre le capitalisme et le corps humain, et plus précisément sur sa " prédation " ?

L’idée de ce livre a émergé d’une forme de surprise face à l’opposition faite entre le don de sang rémunéré et non rémunéré. D’un point de vue élémentaire, un don n’est, pour moi, jamais rémunéré. Je trouvais donc que cette expression était une sorte d’oxymore qui méritait d’être creusé. C’est de là que j’ai progressivement tiré le fil de la marchandisation du corps dans la continuité des travaux de la sociologue Céline Lafontaine notamment. Plus globalement, j’ai toujours été très mal à l’aise vis-à-vis de toute forme d’instrumentalisation des êtres humains, du vivant en général. Puis, j’ai découvert des choses sur la marchandisation du lait maternel qui ont continué d’attiser ma curiosité et j’ai poursuivi mon enquête.

Le sang, et particulièrement le plasma sanguin, est devenu un business incontournable…

Effectivement. Le marché du plasma est en pleine croissance. Il équivaut à plus de 24 milliards de dollars par an. Le plasma sanguin contient des éléments permettant de produire des médicaments pour soigner des maladies comme l’hémophilie ou la leucémie. Et ce sang, qu’il soit collecté gratuitement ou pas, est toujours vendu à l’entreprise qui produit des médicaments. En fin de compte, l’origine payante ou non du sang ne change rien au fait qu’une fois qu’il est collecté, il est forcément vendu.

En France, que subit le sang prélevé sur un donneur ?

Le sang donné est collecté par l’Établissement français du sang (EFS). Ensuite, ce collecteur vend le plasma à un laboratoire de fractionnement, en l’occurrence le Laboratoire français de biotechnologie. Ce laboratoire, véritable industrie du plasma, fabrique le médicament et le vend à des patients ou à des hôpitaux. J’ajoute qu’en France, 30 % du sang distribué dans les hôpitaux provient de collectes rémunérées en Europe et aux États-Unis. Tout simplement parce qu’il y a couramment des pénuries de sang collecté par l’EFS. Les hôpitaux sont alors contraints de se tourner vers des partenaires européens qui en disposent, et ce sang est fréquemment collecté contre de l’argent. Ainsi, même en France, nous n’échappons pas au marché du sang rémunéré.

Vous définissez trois zones d’intérêt pour le marché capitaliste : la gestation et l’enfance, la vie adulte et l’état de cadavre. L’enjeu est-il si important ?

La marchandisation du corps n’est pas quelque chose d’anecdotique. Les biobanques, ces institutions qui collectent, stockent et vendent des échantillons biologiques à des industries pharmaceutiques ou à des laboratoires de recherche, en sont un bon exemple. Le chiffre d’affaires mondial des biobanques avoisine les 50 milliards de dollars, soit près de la moitié du marché du yaourt et le double du marché du ketchup. Cet énorme marché suscite beaucoup de convoitises. La vente de sang de cordon ombilical en est un parfait exemple. Ce sang est récolté pour y ...

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