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COP21, miracle ou désastre ?
Certes, comparée à celle de Copenhague en 2009, la COP21 de Paris est une réussite, avec un traité réunissant la signature de 195 parties. Joli. Sauf qu’à y regarder de plus près, on reste dubitatif quant à la réussite du volet climatique.
Ça y est. On a démonté le site de la COP21 au Bourget. Un beau chantier pour accueillir 45 000 personnes, dont on vante l’usage de matériaux recyclés, de bois, de chaudières à gaz, de pass Navigo gratis, et qui devait être super écolo. Bon… À la lecture de l’enquête menée par Reporterre.net, le projet initial a été revu à la baisse et les solutions les plus respectueuses de l’environnement n’ont pas été retenues, coupe budgétaire oblige. Peu importe, la priorité a été donnée, comme l’oblige l’ONU, au zéro émission de CO2, et la France semble avoir respecté ses engagements.
Diplomatie qui sourit…
Idem sur le plan diplomatique. La France a réussi à trouver un accord réunissant la signature de 195 parties. Et tous les acteurs présents y sont allés de leurs petites phrases : Barack Obama et son « C’est énorme, la quasi-totalité des pays du monde a signé l’accord de Paris sur le changement climatique », l’écologiste Cécile Duflot, que l’on a connu bien plus revêche, et son « Formidable ! C’est maintenant que tout commence », ou Manuel Valls et sa « victoire pour la planète ». En parlant de valse, on aurait même vu Ségolène Royale danser avec Ban Ki-moon. À la décharge du pays hôte, trouver un arrangement qui satisfasse les intérêts des différentes nations présentes n’était pas une sinécure.
… climat qui tousse
Et c’est bien là que le bât blesse, car pour éviter des camouflets et maintenir à la table des négociations les excités du pétrole représentant l’Arabie Saoudite ou le Venezuela, par exemple, Laurent Fabius a dû multiplier les compromis, au point de vider d’une grande part de sa substance l’accord escompté initialement. Greenpeace n’hésite pas à reprendre à son compte le titre de The Guardian : « En comparaison de ce que cela aurait pu être, cet accord est un miracle. En comparaison de ce qu’il aurait dû être, c’est un désastre. »
Soyons clairs : l’accord ne comprend à peu près rien de contraignant. Et en termes de contraintes sur les nations, on peut dire que la main de fer est un peu molle. L’article 28 mentionne que tout pays pourra choisir de se retirer de l’accord à tout moment après un délai de trois ans à partir de son entrée en vigueur, soit à partir de 2023. Aucune sanction n’est prévue dans ce cas. Wouah, ça fait peur !
Et bien que le seuil mentionné de 1,5 °C constitue une bonne surprise, le traité n’est pas à la hauteur sur la question du réchauffement. Les engagements de réduction des gaz à effet de serre pris par 187 pays conduisent à un réchauffement climatique supérieur à… 3 °C d’ici à la fin du siècle, et l’accord mentionne : « Libre à chaque État de proposer ce qu’il veut et de le réaliser s’il le veut. » Fichtre, quelle poigne.
L’accord n’aborde pas de prix fixé au carbone, les droits humains et des peuples indigènes ne sont mentionnés qu’en préambule… Et que dire du fait que les secteurs de l’aviation civile et du transport maritime aient été totalement exemptés de tout engagement ?
Reste pour les 195 parties impliquées (194 nations plus l’Europe) à ratifier l’accord de Paris dans les mois à venir. Autant dire que de mauvaises surprises peuvent encore surgir…
Compromis, chose due
Pour illustrer un des nombreux compromis auquel ont dû se plier les rédacteurs de l’accord, le texte original comprenait cette phrase : « Les pays développés doivent continuer à être en première ligne pour mener à bien des plans nationaux de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. » En anglais, le terme pour « doivent » est « shall ». John Kerry a exigé que soit employé le terme « should » pour « devrait ». En termes juridiques, c’est beaucoup moins contraignant.
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