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Vaccin anti-hépatite B et sclérose en plaques : les certitudes de « la science » contre le pragmatisme de la justice

  • Vaccin anti-hépatite B et sclérose en plaquesVaccin anti-hépatite B et sclérose en plaques
Article paru dans le journal nº 49

"L’explication la plus plausible est qu’il s’agit d’une coïncidence", expliquent de concert l'OMS et les autorités de santé, concernant le lien entre l'extension massive des vaccinations contre l'hépatite B et la flambée du nombre de scléroses en plaques. Comme vous le verrez, cette "coincidence" est troublante. En l'absence de consensus scientifique sur cette causalité, la justice a elle choisi récemment une voie plus pragmatique pour la reconnaissance des victimes.

La vaccination est au cœur de l’actualité depuis que la nouvelle équipe gouvernementale a décrété que l’obligation vaccinale engloberait à partir du 1er janvier 2018 non plus 3, mais 11 vaccins. Les « anti » sont vent debout, mais ils ne sont plus isolés ; la défiance des Français à l’égard de cette pratique semble en progression constante, en particulier depuis la débandade de la fameuse grippe A (H1N1) en 2009-2010. Les plus avertis, aux premierx rangs desquels la revue Alternative Santé, avaient déjà des soupçons à la suite de la campagne de vaccination contre l’hépatite B dans les années 1990, marquée par une brusque augmentation de l’incidence annuelle des scléroses en plaques recensées par l’Assurance maladie.

Un véritable sprint vaccinal


Dès 1992, l’Organisation mondiale de la santé recommandait d’entreprendre une vaccination universelle de tous les jeunes enfants dans le but d’éradiquer l’hépatite B. Sous la férule du ministre Douste-Blazy, les autorités de santé françaises donnent suite à cette injonction à partir de 1994 par une campagne de vaccination de tous les élèves de classe de 6e. L’année suivante, le vaccin contre l’hépatite B était ajouté au programme national à destination de tous les nourrissons et adolescents, tandis que la population adulte était largement encouragée à se faire vacciner elle aussi.

Cette « flambée » vaccinale dépassera les objectifs escomptés et touchera près de 20 millions d’adultes et plusieurs millions d’enfants en un temps record de seulement 4 années, entre 1994 et 1997. Rapidement, un nombre inhabituellement élevé de cas de sclérose en plaques (SEP) est notifié au système national de pharmacovigilance, qui diligente une enquête dès la première année de la campagne, en 1994.

Naissance d'une prise de conscience

Dés les débuts de la campagne de vaccination, très largement médiatisée à partir de l'automne 1994, Alternative Santé mettait en garde contre les conséquences d'une vaccination qui s'annonçait massiveA partir de la fin de l'année 1995, les témoignages de victimes affluent, principalement de professionnels de santé, mais aussi de toutes catégories professionnelles ainsi que des adolescents et des enfants.

Le journaliste Régis Pluchet insiste sur ces signaux d'alerte inquiétants dans le Guide des vaccinations, un hors-série qu'Alternative Santé publie en juin 1996. Les témoignages augmentant, à partir d'octobre 1996, la revue décide de publier chaque mois des témoignages, et de lancer simultanément une pétition réclamant un moratoire de la vaccination des jeunes collégiens et des nourrissons.

Simultanément, deux réunions de victimes du vaccin sont organisées fin 1996 dans les locaux d'Alternative Santé, ce qui donnera naissance à l'association REVAHB (réseau des victimes du vaccin anti-hépatite B réunissant ensemble les victimes, leurs familles, les chercheurs et professionnels de santé), créée au début de l'année 1997. En mars 1997, Alternative Santé publie les lettres des médecins scolaires de l'Académie de Grenoble, où il apparait clairement qu'une telle campagne de vaccination de masse en milieu scolaire ne permet pas de vérifier qu'il y a des contre-indications et met potentiellement en danger les enfants.

En avril 1997, une victime obtient une première victoire contre le laboratoire Pasteur Vaccins. Des études sont alors entreprises par l'AFSSAPS (agence du médicament), dont les résultats ne permettent pas d'exclure un risque de sclérose en plaques après vaccination. A la suite de ces études et de notre campagne pour un moratoire, Bernard Kouchner, alors ministre de la Santé, annonce la supension des vaccinations dans les collèges au nom du principe de précaution, reconnaissant que les médecins scolaires ne pouvant pas interroger chaque collégien pour savoir s'il a des antcédents qui contre-indiquent la vaccination. Dès lors, la vaccination contre l’hépatite B reculera également dans la population générale.

« Il s’agit d’une des plus grandes séries d’effets indésirables recueillis par la pharmacovigilance depuis sa naissance en 1974 [...] nombre d’autant plus élevé qu’il existe une certitude de sous-notification » reconnaitra plus tard, le 15 février 2002, le Pr Bernard BEGAUD, alors vice- président de la Commission nationale de pharmacovigilance.

Le vaccin ne convainc plus


Plusieurs études ont évalué sur une dizaine d’années la corrélation entre la vaccination anti-hépatite B et la SEP chez l’adulte. La plupart avanceront une absence de lien ou un risque légèrement augmenté, mais pas suffisamment significatif sur le plan statistique. Évidemment… Il y a bien quelques avis dissonants, aussi bien en France qu’aux États-Unis et en Grande-Bretagne, qui semblent vouloir dire que les chiffres officiels étaient sous-évalués par rapport à la réalité, mais il n’y aura aucune publication à la clé dans l’Hexagone.

Entre 1999 et 2007, la controverse quitte le devant de la scène médiatique, malgré de nouveaux soubresauts comme le rapport du Dr Marc Girard, qui accable les pouvoirs publics et les laboratoires, ou encore la publication de l’étude menée par le Dr Hernan : celle-ci révèle une élévation significative du risque de voir apparaitre une SEP dans les 3 années qui suivent une vaccination (par rapport à une population de témoins non vaccinés) (1). Le discours officiel en fait fi et ne vise qu’une chose : rassurer. La vaccination anti-hépatite B ne s’en remettra pourtant pas, et même une partie des personnels soumis à obligation (tous les professionnels de santé, depuis la sage-femme jusqu’aux opérateurs d’électroradiologie en passant par les techniciens en analyses biomédicales et les auxiliaires de puériculture) reste méfiante et ne l’accepte que parce que leur emploi est dans la balance en cas de refus.

Une corrélation troublante

Le Dr Dominique Le Houézec, conseiller médical du réseau REVAHB, a passé au crible (2) les données issues de l’Assurance maladie (CNAM) d’un côté, et de l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) de l’autre, pour vérifier s’il était possible de dégager un lien de causalité entre la campagne de vaccination contre l’hépatite B et l’augmentation des cas de SEP.

Selon les données de la CNAM, le nombre de scléroses en plaques était stable jusqu’en 1993, avec près de 2 500 nouveaux cas déclarés annuellement. À compter de 1996 se manifeste une augmentation progressive qui culmine à 4 500 nouveaux cas en 2003, chiffre resté stable depuis. L’incidence annuelle qui était de 5,3 nouveaux cas pour 100 000 assurés sociaux en 1993 grimpe à 8,7 pour 100 000 dix ans plus tard.

Le plus troublant est sans doute la superposition quasi exacte des courbes représentant le nombre annuel de doses de vaccins HB vendues et celle du nombre de SEP post-vaccinales signalées à l’agence de pharmacovigilance dans l’année qui suit. Pour le Dr Le Houézec, cette corrélation est élevée et maximale, tandis qu’elle l’est un peu moins pour les SEP déclarées dans la deuxième année suivant une vaccination anti-HB.

Ces résultats recoupent l’étude du Dr Hernan en Grande-Bretagne, qui retrouve lui aussi un risque accru de SEP dans les deuxième et troisième années suivant une vaccination anti HB. Aux États-Unis, c’est l’étude du Dr Geier (3) qui rejoint les données françaises à partir de la base de données du VAERS américain (Vaccine Adverse Events Reporting System), même si le volet le plus important de ce travail a été retiré dans l’exploitation officielle, car considéré comme une « source d’hétérogénéité » ‒ faut-il comprendre par « hétérogénéité » que ça n’allait pas dans le sens voulu ?

À la recherche d'une causalité

Pour le Dr Le Houézec, « à partir des modèles mathématiques, on peut dire que les vaccins vendus à une certaine date ont eu un impact sur la survenue des affections démyélinisantes, ce qui est un signal statistique fort ». Mais le lien causal restera officiellement renié, les autorités arguant qu’il n’est pas apparu clairement dans les études épidémiologiques diligentées en ce sens. Malgré les « biais » (terme poli pour dire quelque chose comme… manquement ?) que celles-ci comportaient…

L’explication officielle pour l’augmentation des cas de SEP se fonde sur un meilleur dépistage grâce à la technologie toute fraîche de l’IRM. Sauf que cette technologie s’est déployée sur le territoire français depuis 1990 déjà… L’autre explication prétexte l’introduction des traitements par l’interféron bêta à partir de 1995, qui aurait incité davantage de patients à se déclarer pour en bénéficier. Mais en 2004, l’apparition d’un autre nouveau traitement (Glatiramer) pour les formes communes de SEP n’a pas entraîné d’augmentation des cas enregistrés par la CNAM, ni cette année-là, ni la suivante.

La responsabilité à des mécanismes biologiques liés aux vaccins ?

Un certain nombre d’hypothèses sont avancées depuis plusieurs années pour tenter d’expliquer les interactions entre les vaccins et les phénomènes dits auto-immuns. Dans le cas de l’hépatite B, on peut soupçonner la similitude entre la protéine S (un composant de la membrane du virus de l’hépatite utilisé dans le vaccin anti HB) et certaines protéines de la myéline. De même que la contamination du vaccin par des fragments de polymérase du virus de l’HB, qui présente quant à elle des similitudes avec une protéine de base de la myéline, la MBP. Ces phénomènes de mimétisme moléculaire, où un antigène étranger partage des séquences avec un antigène du corps, peuvent entraîner des phénomènes d’auto-immunité (maladies auto-immunes).

Le métabolisme des adjuvants vaccinaux dans le corps humain, en particulier sur le long terme, pose également problème à cause de leur persistance. Les particules d’aluminium, par exemple, peuvent migrer du site d’injection, vers d’autres parties du corps, dont le cerveau. Un nouveau syndrome (4) dénommé ASIA (Autoimmune Syndrome Induced by Adjuvants) a été récemment décrit, qui regroupe quatre maladies similaires : siliconose, syndrome de la guerre du Golfe, myofasciite à macrophages et syndromes post-vaccinaux, en lien avec une exposition antérieure à un adjuvant immunitaire : respectivement le silicone (prothèses mammaires), le squalène (utiisé comme adjuvant dans les vaccins anti charbon par les soldats durant la guerre du Golfe) ou l’aluminium (adjuvant courant dans les vaccins en cause dans la myofasciite ou des syndromes post-vaccinaux).

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La justice à rebrousse-poil des études épidémiologiques

Si les scientifiques n’ont pas établi de lien entre le vaccin contre l’hépatite B et la survenue d’une SEP, la Cour de justice de l’Union européenne a elle refusé, le 21 juin de cette année, de l'ignorer. C’est la famille d’un homme diagnostiqué pour une SEP à la suite d’une vaccination anti hépatite B en 1998 et 1999, aujourd’hui décédé, qui avait saisi la Cour d’appel de Paris en 2006. Celle-ci avait rejeté le recours, jugeant qu’un tel lien de causalité n’avait pas été démontré. La famille a saisi la Cour de cassation, qui s’est tournée pour avis la Cour européenne.

Dans le cadre de la loi sur les produits défectueux, le juge a estimé qu’il était raisonnable de s’appuyer « sur des indices graves, précis et concordants pour établir le défaut d’un vaccin et le lien de causalité entre le vaccin et la maladie », considérant que le malade était en parfaite santé avant l’administration du vaccin, qu’il ne présentait pas d’antécédents médicaux ni familiaux, et que l’immunisation et la déclaration de la maladie étaient rapprochées dans le temps. Cette décision entérine que l’absence de « consensus scientifique » sur l’effet délétère de tel ou tel vaccin ne signifie pas, pour autant, qu’il n’est pas dangereux.

Ce n’était d’ailleurs pas une première, puisqu’en 2014, l’État français avait été condamné à verser 2,4 millions d’euros à une ancienne infirmière ayant déclaré une SEP après des immunisations contre l’hépatite B reçues depuis 1991. Et en 2016, la Cour administrative d’appel de Lyon avait elle aussi reconnu le lien entre la vaccination contre l’hépatite B reçue 23 ans auparavant par une auxiliaire de puériculture de l’Isère et la maladie musculaire qui lui a valu un arrêt de travail sans indemnités.

Il est notoire que, depuis cette vague de vaccination contre l’hépatite B, les professionnels de santé comptent parmi leurs rangs de nombreux malades de la SEP. Aujourd’hui encore, obligation leur est faite de se tenir à jour de la vaccination contre l’hépatite B. Mais puisque « la science » dit qu’il n’y a pas de lien…

 

 

Références :


1. Hernan MA, Jick SS, Olek MJ, Jick H, « Recombinant hepatitis B vaccine and the risk of multiple sclerosis : A prospective study », Neurology, septembre 2004, Vol. 63, No 5, 838-42.

L’auteur de l’étude chiffre précisément le surrisque de survenue d’une SEP chez les adultes vaccinés dans les 3 ans suivant la vaccination : un « risque relatif rapproché » de 3,1 (dans le cas d’une absence de corrélation, la valeur serait proche de 1) avec un intervalle de confiance assez large (IC95% 1,5-6,3).

2.Dominique Le Houézec, Evolution de la sclérose en plaques en France depuis le début de la vaccination contre l’hépatite B, Frontiers in autoimmunity, 2014.

3. A case-control study of serious autoimmune adverse events following hepatitis B immunization, Autoimmunity. 2005 Jun;38(4):295-301

4.‘ASIA’ – Autoimmune/inflammatory syndrome induced by adjuvants, Journal of Autoimmunity,

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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