Accueil Covid-19 Covid-19 et nicotine : le paradoxe de la cigarette ?
Covid-19 et nicotine : le paradoxe de la cigarette ?
Fumer tue, c’est marqué sur l’emballage. Néanmoins, de récentes compilations de données ‒ chinoises et américaines ‒ à propos du coronavirus et de la cigarette, surprennent : les fumeurs seraient-ils moins sensibles à la contagion à l’actuel coronavirus, mais plus vulnérables une fois infectés ?
Avec le recul se dessinent des facteurs aggravants à l’infection au coronavirus SRAS-CoV-2 ; le grand âge, l’obésité, le diabète, l’hypertension… Le tabagisme devrait en toute logique figurer au tableau également, puisque directement responsable d’un impact négatif sur l’arbre respiratoire comme sur le système immunitaire, et à l’origine de diverses maladies respiratoires chroniques.
D’autant que de précédentes études indiquent que les fumeurs courent deux fois plus de risques de contracter la grippe que les non-fumeurs, ou encore que lors de l’épidémie de MERS-CoV (coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient, détecté pour la première fois en 2012 en Arabie saoudite), les fumeurs subissaient une mortalité supérieure.
En Chine, la prévalence du tabagisme atteint 27,7 %, avec une répartition très inégale entre sexes (52,1 % chez les hommes contre seulement 2,7 % chez les femmes en 2015). Dans ce contexte, une compilation d’études intégrant le statut tabagique des malades (fumeur, ancien fumeur, non-fumeur) livre des résultats inattendus : près de 80 % des patients confirmés Covid-19 sont non-fumeurs.
D'autres chiffres, américains cette fois, montrent dans une série de 7262 patients hospitalisés, que seuls 1,3% étaient fumeurs, alors que ces derniers représentaient, en 2018, 13,4% des américains. Ils sont donc clairement sous-représentés dans les hospitalisations.
En revanche, la donne change quand on considère les formes sévères de l’infection. Dans les statistiques chinoises par exemple, les fumeurs hospitalisés sont en effet sur-représentés dans les « complications » et décès, et sous-représentés dans les « améliorations ».
Ces données préliminaires, qui pointaient à un possible rôle protecteur de la nicotine contre le Covid-19 (et à un rôle probablement aggravant du tabac une fois les infections déclarées) viennent d'être consolidées par une étude menée par l'hopital de la Pitié Salpêtrière sur 350 malades hospitalisés et 130 patients en ambulatoire, tous positifs au Covid-19. Celle-ci confirme qu'il y a beaucoup moins de fumeurs chez les patients qu'en population générale.
L'hypothèse que la nicotine joue un rôle protecteur est aujourd'hui tellement prise au sérieux, notamment par le neurobiologiste Jean-Pierre Changeux, qu'une étude clinique va prochainement être lancée pour tester l'efficacité des patchs nicotiniques auprès de patients et soignants.
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Sources :
« Covid-19 and smoking : a systematic review of the évidence », dans Tobacco Induced Diseases, Mars 2020.
« Sex difference and smoking predisposition in patients with Covid-19 », dans The Lancet, Mars 2020.
« Tobacco and the lung cancer epidemic in China », dans Translational Lung Cancer Research, Mai 2019
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