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Covid-19 : les cas de réinfections augmentent

Nihel Amarni

Après le premier cas de réinfection confirmé à Hong Kong fin août, le nombre aurait atteint les 5 cas avérés dans le monde (Équateur, Belgique, Pays-Bas et USA). Une étude américaine vient d’être publiée, après la découverte du premier cas de réinfection confirmé sur leur territoire. La personne, après avoir été testée positive en avril dernier, l’a été à nouveau près de 48 jours plus tard, en juin 2020. Entre ces deux dates, le patient âgé de 25 ans avait procédé à deux tests dont les résultats s’étaient révélés négatifs. La deuxième infection, plus grave, à conduit à une hospitalisation. Cette augmentation de la gravité des symptômes concerne 3 cas sur les 5 réinfections confirmées.

Ce signal, s’il est inquiétant, ne permet pas à ce stade de comprendre avec précision la dynamique de réinfection ni son ampleur, ni d’ailleurs d’affirmer une propension à l’aggravation des symptômes en cas de seconde infection. En cause : un manque de fiabilité dans les données disponibles (tests faux négatifs et faux positifs, temps de latence, faible visibilité statistique des asymptomatiques, etc.).

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Réinfection : une confirmation complexe

L’étude du Lancet Infectious Diseases nous apprend, également, que ce patient a été contaminé par deux souches différentes du Sras-CoV-2. La confirmation de cas de réinfection suit un protocole très strict visant à écarter la possibilité d’une infection longue. Le virus de la première infection et celui de la deuxième infection doivent avoir, selon cette logique, des signatures génétiques différentes (preuves de mutations ou variants) pour être comptabilisés comme des réinfections. Cette démarche scientifique exigeante est rarement suivie par les différentes équipes soignantes aujourd’hui dans le monde, faute de temps, de compétences techniques de séquençage génétique ou de moyens.

Ainsi certains cas suspectés, comme encore deux récemment au Brésil, ne peuvent être pris en compte du fait de l’absence d’échantillon conservé lors de la première infection, interdisant toute comparaison du matériel génétique. Malgré des chiffres de réinfections a priori minimes à l’échelle mondiale, le docteur Mark Pandori, auteur principal de l'étude, conseille aux “personnes qui ont été testées positives pour le Sras-CoV-2 de continuer à prendre de sérieuses précautions en ce qui concerne le virus, y compris la distanciation sociale, le port d'un masque facial et le lavage des mains”.

La possibilité de réinfections (par des variants différents du virus, mais également potentiellement par un même variant) a également de vastes implications pour notre compréhension de l'immunité (individuelle et collective) au Covid-19 et en termes de santé publique. Ces récentes découvertes questionnent bien évidemment l’efficacité attendue des candidats-vaccins ainsi que la pertinence des stratégies préventives dans lesquelles nous semblons nous engager.

Sources

http://www.thelancet-press.com/embargo/reinfectionus.pdf

“Estudo descreve dois possíveis casos de reinfecção por coronavírus em Pernambuco”, Fohla de Pernambouco, 2 octobre.

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