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Gérard Dieuzaide : "De graves problèmes ont une origine bucco-dentaire"

Maux de tête, douleurs cervicales, fatigue chronique, palpitations, troubles du sommeil, fibromyalgie, électrosensibilité… Pour le Dr Dieuzaide, chirurgien dentiste, diplômé universitaire de posturologie, auteur de l'ouvrage "Et si ça venait des dents ?", beaucoup de maladies trouvent leur origine dans la bouche.

Isabelle Fontaine

Alternative Santé Vous expliquez qu’il existe un lien étroit entre les problèmes bucco-dentaires et de nombreux troubles de santé. Mais il reste totalement méconnu…

Dr Gérard Dieuzaide J’ai justement écrit ce livre pour sortir de l’omerta. L’impact du système stomatognathique [concernant la bouche et les dents, NDLR] sur la santé générale est ignoré du corps médical dans son immense majorité. D’un côté, il y a les médecins qui n’ont pas compris que beaucoup de problèmes de santé viennent de la bouche et des dents. Ils regardent tous les trous, mais n’examinent pas la bouche de leurs patients ! Il faut dire qu’ils ne reçoivent que quelques heures d’enseignement dentaire au cours de leurs longues études, preuve du désintérêt du monde médical sur ce sujet. D’un autre côté, les dentistes s’occupent des dents, mais n’identifient pas toujours leurs relations avec certains problèmes de santé. Ils sont trop souvent considérés comme de simples mécanos, dont la tâche consiste à boucher des trous, planter des clous ou poser des vis. Le seul lien reconnu par la médecine officielle entre la santé générale et les dents concerne les maladies infectieuses, les risques de dissémination de microbes provenant de la sphère oro-buccale et pouvant migrer, par exemple, vers les valvules mitrales du cœur, avec les conséquences que l’on sait. Il est moins connu que des troubles aussi répandus que le mal de dos, les problèmes de sommeil, la fatigue chronique, la fibromyalgie, l’hyper-électrosensibilité ou la chimio-sensibilité peuvent avoir une telle origine.

Quel rapport entre les dents et des affections si différentes ?

Depuis une dizaine d’années, je reçois des patients de toute l’Europe dont les troubles de santé sont mal étiquetés. Mon expérience porte aujourd’hui sur 8 à 10 000 d’entre eux. Beaucoup sont en errance médicale, avec une situation de santé catastrophique. Certains songent même au suicide… Pourtant, je peux affirmer que, dans de nombeux cas, les douleurs de dos et de cervicales, en dehors d’un traumatisme identifié, ont au moins un cofacteur d’origine dentaire. De même pour la fibromyalgie, qui concerne 2 millions à 3 millions de personnes en France, et pour laquelle on attribue à tort, trop souvent, une cause psychosomatique. Ces troubles ont en commun des tensions chroniques sur le système musculaire réflexe, ayant deux origines principales : la malocclusion dentaire, c’est-à-dire un mauvais contact entre les dents du haut et celles du bas, et une intolérance électromagnétique ou chimique à des matériaux en bouche, présents dans les amalgames (ou plombages), les couronnes, les bridges, les composites, la zircone, les implants, etc. Toutes ces tensions musculaires vont solliciter à l’extrême les muscles extenseurs, avec des conséquences sur les tendons, les ligaments et les articulations, entraînant la longue liste des symptômes précédemment décrits.

Les problèmes de dents sont-ils seuls responsables ?

Non, bien sûr. Chaque cas est particulier, tout dépend de la personne, de son terrain, de sa sensibilité et de sa susceptibilité. Les effets seront « un peu, beaucoup, passionnément, ou à la folie » selon les gens. Comme une allergie, qui peut aller d’un simple éternuement jusqu’à l’œdème de Quincke, potentiellement mortel. Ce qui est surtout préjudiciable, c’est l’accumulation, c’est-à-dire lorsqu’une malocclusion dentaire s’ajoute, par exemple, à l’effet électromagnétique de certains matériaux dentaires mal tolérés. Cela peut aussi se cumuler avec une hypersensibilité à l’utilisation de parfums, de teintures pour cheveux, de cosmétiques ou de vêtements synthétiques… Autant d’éléments inducteurs de tensions. Les ondes électromagnétiques, en progression exponentielle, sont aussi en cause. Pour autant, j’observe souvent des résultats spectaculaires en intervenant dans la bouche de mes patients : il suffit parfois de leur retirer un composite, une couronne, un amalgame ou de réajuster un contact inefficient entre deux dents pour leur état de santé s’améliore immédiatement. Pour détecter les problèmes d’intolérance, j’utilise, entre autres, les tests d’amplitude des mouvements articulaires. Savoir tester est absolument indispensable à tout thérapeute. Quand notre organisme est mis en présence d’un matériau qui ne lui convient pas, il nous le fait savoir par des réactions reproductibles. Un problème occlusal entraînera des tensions mises en évidence par ce type de tests. Le corps ne ment pas ! Il est regrettable que la médecine classique n’utilise pas plus ces tests, alors qu’ils sont issus d’une discipline tout à fait reconnue et enseignée par elle-même, appelée la « posturologie ».

Pouvez-vous nous préciser les conséquences de la malocclusion dentaire ?

L’occlusion dentaire désigne la façon dont nos maxillaires du haut et du bas entrent en contact quand on serre les dents, pendant la nuit et lors de la mastication et de la déglutition. Nous déglutissons 2 500 fois par jour. Si la rencontre entre les dents n’est pas harmonieuse, c’est un véritable mitraillage de tensions, notamment sur les masses musculaires paravertébrales, cervicales et lombaires. La nuit, nous avons tendance à hyperserrer les dents. Quand il y a problème occlusal, les tensions induites vont entraîner un sommeil peu récupérateur et un réveil difficile, plein de courbatures, jusqu’à la sensation, parfois, d’avoir été battu toute la nuit ! Le problème de la malocclusion est proprioceptif. À cause des dents, des informations erronées sont envoyées à nos muscles réflexes qui se contractent, ce qui impacte les articulations, les tendons et les ligaments. Le problème occlusal est un fléau touchant des millions de personnes en France. Dans les formations que j’organise auprès de médecins, dentistes, ostéopathes et autres thérapeutes, je constate que près de 60 % d’entre eux en souffrent ! Or on peut remédier à un trouble occlusal par des retouches très fines dans la bouche, et le port de gouttières dans certains cas. Il existe d’ailleurs une voie enseignée en dentisterie, nommée « occlusodontie », dont c’est la spécialité.

Que pensez-vous des plombages traditionnels ? Faut-il tous les retirer ?

Il faudrait déjà commencer par ne pas les poser ! Ce que l’on appelle « plombage » ou « amalgame » est en réalité un mélange de poudre d’argent et de mercure liquide (pour environ 50 %) auquel s’ajoute souvent un zeste de zinc et de cuivre. Certes, les amalgames sont très efficaces dans le traitement des caries, mais le mercure est un poison. Son intoxication entraîne de graves troubles neurologiques comme l’a montré le drame de la baie de Minamata, au Japon, dans les années 1950. Outre les plombages, nous sommes tous exposés de manière chronique au mercure à travers notre alimentation. Il se retrouve en particulier dans le poisson, l’air et l’eau, à des dosages infimes, certes, mais dont on ne connaît pas les effets potentiels sur le corps humain, sans compter l’effet cocktail induit avec d’autres polluants présents dans l’environnement. En juillet 2018, l’Europe va interdire leur utilisation sur les femmes enceintes et les enfants de moins de 15 ans. C’est bien, mais encore insuffisant. En effet, en plus du mercure qu’ils contiennent, ces plombages sont problématiques en raison du signal électromagnétique qu’ils émettent, toujours catastrophiques. Je préconise de les faire retirer par un dentiste en respectant un protocole précis, ne serait-ce que par principe de précaution, incluant, entre autres, un port de masque à charbon pour le patient et une diguette.

Les autres types de reconstitutions dentaires sont-ils aussi préjudiciables à la santé ?

La bouche de nos concitoyens est une véritable mosaïque de produits chimiques et métalliques, ce qui n’est pas sans conséquence électrochimique ou électromagnétique, surtout quand on sait qu’elle peut contenir jusqu’à 30 métaux différents ! Les matériaux contenant du métal sont susceptibles de créer des courants galvaniques à l’intérieur de la bouche, la salive servant d’électrolyte. Mais leur conséquence la plus délétère provient souvent de leur effet d’antenne et de leur écho électromagnétique. Et, quand ils ne sont pas métalliques, comme les composites ou résines, voire les céramiques, il peut y avoir des phénomènes d’intolérance. On parlera alors de chimio-sensibilité. Il peut aussi exister des phénomènes d’allergie, sachant que la plupart de temps ils n’entraînent pas de problèmes dans la cavité buccale elle-même mais à distance. Avec des résines ou des composites, il faut s’assurer qu’ils sont exempts de perturbateurs endocriniens tels les bisphénols aux conséquences désastreuses, en particulier chez les enfants. Les patients doivent se renseigner auprès de leur dentiste, qui lui-même doit contacter le fabricant. Sachez que tout ce qu’on met en bouche peut avoir un impact sur notre santé. Pour autant, il n’y a pas de fatalité. De nombreuses méthodes, instrumentalisées ou pas, permettent de tester la compatibilité d’un matériau avec son receveur. Il serait temps que l’on comprenne que les dents ne servent pas qu’à mâcher nos aliments ou à sourire, mais participent à notre équilibre postural et énergétique. Leur rôle dans un très grand nombre de troubles de santé mal étiquetés et mal compris par la médecine officielle doit être reconnu.

 

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