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La vraie vie des paysans

Article paru dans le journal nº 64 Acheter ce numéro

En réponse à la réponse à l'édito du numéro 61.

Je suis le rejeton d’une lignée de paysans savoyards. J’aime les froides statistiques des technocrates agricoles. M. Heller ne dit pas qu’actuellement, les cabines de tracteurs sont étanches, climatisées pour certaines ; de ce fait, la pénétration des traitements [phytosanitaires, NDLR] est limitée. La Mutuelle sociale agricole peut, à la rigueur, fournir de bons chiffres. Pour la misère des revenus agricoles, par prudence ou ignorance, personne ne remonte aux sources.

C’est dans trois bons livres que je me suis fait une opinion définitive. Dans Haut les fourches, de Henry Dorgères, il est déjà question du suicide des paysans dans l’entre-deux-guerres. À la suite des bonnes habitudes des politiques, qui détaxaient les céréales importées d’Amérique pour les besoins de l’effort de guerre, cette mesure n’avait pas été abrogée après 1918. Ce qui impliquait la mévente des produits français et la ruine des paysans… Quand les laboureurs courtisaient la terre, de Marguerite Lecat, est une mine de renseignements sur les structures agricoles du début du XXe siècle. À la fin de l’ouvrage, elle laisse parler la technicienne de terrain et écrit : « Le battage du blé sur le champ supprime le séchage naturel dans les hangars à l’issue de la récolte en gerbes entières. Le séchage artificiel ne fait pas disparaître certaines hormones préjudiciables à la santé humaine. » Ce livre est une petite merveille ; on découvre tout au long des pages la hiérarchie sociale et l’économie d’une ferme picarde de 200 hectares avant la Première Guerre. Enfin, L’agriculture assassinée, de Jean-Clair Davesnes, nous explique clairement les dérives actuelles. Les premières inondations de Morlaix sont dues, selon lui, à un remembrement anarchique incluant l’arrachage des haies. Il explique la régression des revenus des paysans par la suppression de l’indexation des prix agricoles en 1958 par de Gaulle, jamais remise en cause par qui que ce soit.

Le deuxième facteur est le rapport Rueff-Armand, devenu Plan Rueff-Armand pour l’agriculture. Page 69, nous trouvons les attendus idéologiques et cyniques de ce plan (dans le secteur agricole, le mécanisme des prix devra, presque en permanence, repousser vers les activités industrielles les éléments de la main-d’œuvre en excédent. Son action à sens unique tendra à définir les revenus agricoles pour les maintenir au-dessous des revenus industriels. Ainsi le mécanisme des prix ne remplira son office dans le secteur agricole qu’en infligeant aux agriculteurs, presque en permanence, un niveau de vie sensiblement inférieur à celui des autres catégories de travailleurs). M. Heller devrait demander au gouvernement s’il est d’accord de remettre en question cette doxa.

 

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