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Surdité : préférez-vous la prévention ou le sonotone ?

Article paru dans le journal nº 16

En vingt ans, la situation de la santé auditive dans les pays industrialisés est devenue critique. Les problèmes d’audition touchent des populations de plus en plus jeunes et si rien n’est fait pour enrayer la montée de ce phénomène, nous serons confrontés, dans vingt ans, à un problème de santé publique grave. Malheureusement, quand les premiers symptômes apparaissent, il est trop tard. Pour éviter le sonotone,il n’y a qu’une seule solution, la vigilance et la prévention.


«Notre société fabrique des sourds », l’avertissement de Martine Ohresser, spécialiste des traumatismes sonores et des acouphènes, est désormais validé par toutes les institutions (INVS, INPES, Ministère de la Santé…) et les médecins ORL. En vingt ans, la santé auditive des Français en aurait perdu trente. Comprenez que beaucoup de quadras présentent aujourd’hui des systèmes auditifs de septuagénaires, et la dégringolade ne fait que s’accentuer. De plus en plus de jeunes gens de 25 ou 30 ans sont victimes de surdité moyenne (-30 dB) accompagnée très fréquemment d’acouphènes et plus rarement d’hyperacousie, cette infernale hypersensibilité au bruit. Selon une étude menée par des ORL en Île-de-France, chaque année 350 nouveaux cas de traumatisés sonores sont recensés. Quelque 60 % d’entre eux concernent des jeunes âgés de 20 à 30 ans, et 70 % sont des hommes…

Le monde moderne nous rend sourd

Trois facteurs expliquent principalement cette détérioration de la santé auditive.

  • Première cause de cette envolée des surdités précoces accompagnées ou non d’acouphènes : la stimulation auditive à outrance via l’écoute au casque et les baladeurs numériques.

Comme pour le soleil, le son peut devenir dangereux en fonction de l’intensité sonore (exprimée en décibel, dB) et du temps d’exposition à cette intensité (cf. tableau). Lorsque l’on sait que l’intensité moyenne d’un baladeur numérique est de 95 dB et que les férus de ces appareils passent plusieurs heures le casque rivé sur les oreilles, on imagine le désastre dans le système auditif.

Comme si cela ne suffisait pas, un grand nombre multiplie écoute au casque, concerts de musiques amplifiées, free party, boîte de nuit… En une semaine, certains explosent tous les quotas d’exposition au bruit sans prêter attention aux signes d’agonie de leur système auditif (acouphènes, sensation d’oreilles bouchées). Ils sont convaincus que ces signes passagers sont normaux et passeront toujours. Ce qui est une hérésie. Certains vont même jusqu’à croire que l’oreille serait comme un muscle dont on développerait l’endurance en l’exposant au son. C’est de la folie pure !

  • La deuxième cause complète la première : le son n’est pas le bruit. Comprenez que pour la même intensité sonore, on fuira le bruit d’un marteau-piqueur alors que l’on pourra s’exposer des heures au son d’une musique que l’on aime. On le fera d’autant plus que l’oreille est un sens qui subit en silence. Le seuil de douleur est atteint à 120 dB, mais le son peut créer des lésions à partir de 85 dB.
  • Enfin la dernière cause réside dans notre mode de vie moderne : notre société, a fortiori dans les tissus urbains, est beaucoup plus bruyante. Et ce bruit est quasiment impossible à résorber. Même si, en vingt ans, les voitures sont devenues six fois moins bruyantes, le bruit généré par le trafic routier a doublé en deux décennies. Pire, on constate la multiplication des Points Noirs Bruit (PNB), qui sont des zones d’habitation où le bruit ambiant est supérieur à 70 dB (l’équivalent du bruit dans un train corail). Ce qui représente sept millions de personnes vivant dans un brouhaha éprouvant.

Quinze mille cellules ciliées
en voie de disparition

Nous bénéficions tous d’un capital de cellules ciliées : environ 15 000 cellules par oreille (contre des millions de cellules rétiniennes pour l’œil). Ces cellules sont des neurotransmetteurs essentiels à l’audition. Ce sont elles qui transforment la vibration acoustique en pulsions électriques que le cerveau analysera via le cortex. Situées dans la cochlée, au niveau de l’oreille interne, elles transmettent le son en fonction de sa fréquence (aiguë, médium, basse). Sans elles, plus de fréquence, donc plus de son.

Plus nous exposons nos oreilles à des intensités sonores élevées, plus les cellules ciliées se fatiguent. Si les plus jeunes bénéficient d’une capacité unique de récupération, il ne faut pas attendre plus de 25 ans pour que l’oreille éprouve de plus en plus de mal à se remettre d’une exposition sonore excessive. Les cellules ciliées se désagrègent ou cassent. C’est à ce moment que la surdité survient. Accompagnée ou non d’acouphènes ou d’hyperacousie. Et il n’existe aucun traitement pour régénérer ces cellules.

La répétition sur plusieurs années de ce genre de traitement est meurtrière pour les oreilles. Si elles sont d’une tolérance inouïe, supportant en silence des intensités qu’aucun autre sens ne saurait subir, il n’en reste pas moins qu’elles ont une mémoire. Chaque agression sonore marque l’oreille. Conséquence : soit l’audition craque subitement, soit elle s’érode progressivement et, comme une falaise, c’est un jour tout un pan de l’audition qui s’écroule, laissant la victime aussi dubitative que désemparée. Il n’est pas rare que des personnes d’une quarantaine d’années, se réveillent un beau matin avec des acouphènes et une surdité moyenne alors qu’elles ne s’exposent plus aux bruits intenses depuis plusieurs années.

Le seul vrai remède : la prévention

  • Comme on le fait avec le soleil en portant des protections solaires, il faut avoir le réflexe de toujours porter sur soi des protections auditives qui se déclinent en plusieurs modèles, des plus simples comme les mousses ou les cires jusqu’aux protections moulées à la forme de l’oreille pour des protections linéaires (qui n’altèrent pas la qualité des fréquences, idéales pour les musiciens).
  • Respectez les temps d’expositions sonores en fonction de leur intensité (voir tableau ci-dessus). Faire des pauses est essentiel pour le système auditif. Dans le cas d’un concert de musique amplifiée, comptez un quart d’heure de pause toutes les quarante-cinq minutes.
  • Dans le cas de traumatisme sonore, il faut réagir au plus vite pour espérer récupérer une audition blessée. L’idéal est dans les six heures, maximum douze. Si vous consultez un allopathe ou les urgences hospitalières, on vous administrera des corticoïdes et des vasodilatateurs par perfusion à haute dose. Seul problème : de l’aveu même des ORL, aucune étude n’a prouvé l’efficacité de ces médicaments sur les traumatismes sonores.

Des traitements naturels
pour colmater les brèches

La médecine naturelle ne propose malheureusement pas de traitement capable de rendre l’ouïe aux personnes atteintes de surdité. Mais les remèdes ci-dessus doivent être signalés pour atténuer les effets d’une exposition prolongée aux décibels.

  • Le Ginkgo biloba. On le prendra à des doses deux fois supérieures à celles habituellement conseillées sur les boîtes, et cela pendant 48 heures (cela joue sur la régulation de la microcirculation mise à mal par le son).
  • Le Coenzyme Q10 en tant qu’antioxydant majeur, est capable de remettre en marche des fonctions des différents organites cellulaires. Là aussi, la posologie dépasse les doses habituelles, voisines des 100 mg par jour. Dans ce cas, on doit atteindre 200 mg par jour, voire 300 mg pendant deux à trois jours.
  • Un remède floral du Dr Bach, Star of Bethlehem, peut-être employé. On prendra deux gouttes toutes les trente minutes le premier jour, et toutes les heures le deuxième jour. Ce remède peut également être utilisé en cas de traumatisme sonore ancien, vieux de quelques années. La réussite n’est pas certaine, mais de nombreuses observations ont été faites, témoignant d’amélioration d’acouphènes ou/et de l’acuité auditive après quelques mois de prise à raison de quatre prises par jour. De toute façon, il faut ne pas dépasser le cycle de neuf mois, qui semble être la limite d’efficacité.

Le téléphone mobile :
fossoyeur de l’ouïe ?

Aucune étude n’a été réalisée à ce jour sur l’impact du téléphone mobile sur le système auditif. Certains ORL vont jusqu’à affirmer que le téléphone mobile ne présente aucun danger sur l’audition. Pourtant une étude menée sur les employés de call center devrait leur mettre la puce à l’oreille.

Les call centers sont des plateformes de réception ou d’émission d’appel. Les plus grosses d’entre elles comptent 100 employés, qui passent huit heures par jour, le casque sur les oreilles, avec des temps de pause très courts. Les rares employés accumulant dix ans d’expérience dans ce genre de profession présentent un système auditif équivalent à celui d’un ouvrier totalisant trente ans d’exposition au bruit.

Avec le téléphone mobile, nous recevons ou émettons des appels dans des lieux parfaitement inappropriés (boulevards bruyants, chantiers, bars, etc.) qui nous poussent à monter le son de l’appareil au maximum. De plus, le temps passé pourdes appels professionnels et privés est en très forte augmentation. Dans ces conditions, pour quelles raisons les téléacteurs des call centers auraient une audition déplorable due à l’usage intensif du téléphone et pas nous ? Avec un taux de pénétration de 81,9 %, c’est 51 millions d’abonnés à la téléphonie mobile qui s’exposent sans le savoir, à des risques auditifs qu’aucune étude n’a encore évaluée, mais dont on peut supposer logiquement l’existence.

Un seul bruit peut faire des ravages

Les bruits impulsionnels (larsens dans le téléphone mobile, pétards, coups de feu, etc.) font également des ravages.

Le muscle stapédien (ou muscle de l’étrier) situé dans l’oreille moyenne n’a pas le temps de pallier les vibrations trop importantes cognant sur le tympan. En effet, l’oreille possède un mécanisme de protection avec un système de muscle tenseur dont fait partie le muscle stapédien. L’inconvénient c’est qu’il est très lent, bien plus lent que la pupille. C’est ainsi une intensité sonore brute qui pénètre dans la cochlée touchant de plein fouet les cellules ciliées.






 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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